POLITIQUE – Un maire d’arrondissement doit-il se faire rembourser des costumes de luxe, des bouteilles de vin, des boîtes de chocolats et des menus enfant au restaurant ? La polémique a enflé ces derniers jours, avec la révélation par Anne Hidalgo des notes de frais des dix-sept maires de la capitale. En ressort une impression largement répandue que les élus parisiens ont pour habitude de passer en notes de frais des dépenses à caractère personnel. Et ce, qu’ils soient LR ou PS.

À six mois des élections municipales, la question est devenue inflammable politiquement. À tel point que le candidat communiste à la mairie de Paris Ian Brossat s’est fendu d’un communiqué de presse incisif ce début octobre, dans lequel il affirme que « face à l’émoi » suscité par ces révélations, il propose la suppression totale des frais de mandat. L’ancien adjoint au Logement d’Anne Hidalgo estime toutefois, non sans ironie : « On espère que les maires d’arrondissement de droite qui ont attaqué frénétiquement la maire de Paris sur ses frais de mandat se satisferont que l’exercice de transparence se soit désormais étendu à eux ».

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La maire du VIIIe arrondissement de Paris Jeanne d’Hauteserre partage cet avis. Si elle a utilisé l’argent public pour s’acheter pour près de 36 000 euros de vêtements en quatre ans et demi, l’édile explique dans Libération « qu’il faut désormais supprimer les notes de frais ». « On demande à nos concitoyens de se serrer la ceinture et de faire attention, on a eu un privilège qu’il faut désormais abandonner. Dans le privé, on s’habille avec son propre argent », relève-t-elle le 2 octobre. Jeanne d’Hauteserre a pourtant largement profité de ce système : en vacances à Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes) en juillet 2024, elle en a profité pour s’acheter une blouse de marques pour un montant de 350 euros, selon Libé.

Les appels à supprimer purement et simplement ces notes de frais se multiplient essentiellement au nom de l’exemplarité et de la crainte d’un deux poids, deux mesures, à l’heure où les gouvernements successifs demandent aux Français des efforts parfois importants. « Je comprends que quand on voit cette crise de surendettement à Paris, les Parisiens puissent être extrêmement choqués. Il y a une demande d’exemplarité des élus. Le mieux est de supprimer les notes de frais », a plaidé la sénatrice Agnès Evren, présidente de la fédération LR à Paris sur franceinfo, craignant que cela fasse sinon « monter le populisme ».

Vers un meilleur encadrement ?

D’autres élus, sans aller jusqu’à appeler à leur suppression, reconnaissent qu’un meilleur encadrement des notes de frais est sans doute souhaitable. La maire LR du Ve arrondissement Florence Berthout demande ainsi que soit « fixé un cadre financier ». De fait, il existe aujourd’hui un certain flou autour de ce qui rentre dans le cadre des frais de représentation, qui méritent remboursement, et ce qui relève du perso. Depuis l’élection de Bertrand Delanoë en 2001, les frais de représentation sont plafonnés à 19 720 euros par an pour la maire de Paris et à 11 092 euros pour les maires d’arrondissement.

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