Un récent baromètre de l’association Les petits frères des pauvres confirme l’isolement des personnes âgées. Pour tenter de le limiter, des bénévoles vont à leur rencontre pour les distraire. Rencontre avec un binôme, qui se tire vers le haut.
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La retraite est perçue comme une libération pour les personnes âgées, mais elle se transforme souvent en isolement. Selon le dernier baromètre de l’association les petits frères des pauvres, 750 000 personnes sont concernées en France, un chiffre en augmentation de 42% en quatre ans.
En Occitanie, 1 600 personnes sont accompagnées par l’association. Parmi elles, Élisabeth Gardelle, seule depuis près de 20 ans et touchée par la maladie. Cette ancienne comptable souffre et pose un constat lucide sur les conséquences de ce mal-être.
« On pense beaucoup, pas forcément à des bonnes choses. Hier par exemple, j’ai eu un moment noir, avec des difficultés, une solitude que j’ai ressentie », décrit-elle calmement. « Je ne sais pas comment l’exprimer. »
« C’est dur surtout quand on a eu l’habitude d’avoir du monde autour de soi, d’aider les gens, d’avoir un partage. Ce sont des choses que je ne peux plus faire. »
Elisabeth Gardelle
Personne isolée
Une souffrance quotidienne, temporairement comblée par la visite d’Emmanuel Edimo, son auxiliaire de vie et bénévole au sein de l’association depuis un an et demi. « J’apporte la joie, et je lui donne le sentiment qu’il y a toujours une famille présente autour d’elle », partage-t-il. « Je suis né et j’ai grandi avec ma grand-mère. Ça me touche. Cet amour-là compte pour moi. »
Grâce à ses visites, Elisabeth Gardelle peut désormais faire des rencontres, aller au restaurant, ou partir en vacances. Des sorties qu’elle ne pouvait plus faire seule. « Ça fait du bien de voir des nouvelles personnes. Ça m’apporte beaucoup », avoue-t-elle. « J’essaie de rire avec Emmanuel, pour lui alléger le boulot. Il me donne tellement, il rayonne, il rit tout le temps. On a une complicité. »
En plus de l’isolement, ces personnes tombent parfois dans une mort sociale. « Une personne se lève le matin et se couche le soir sans avoir vu ni parlé à quelqu’un. Elle n’a rien vécu », analyse Florence Fittère, coordinatrice Petits frères des pauvres à Toulouse, pointant au passage une société « de plus en plus individualiste » qui accentue le phénomène.
Ce nouveau baromètre confirme ce que l’association « remarque dans l’accompagnement depuis plusieurs années ». Selon elle, le profil est souvent celui d’une femme très âgée, avec une précarité grandissante, et un parcours de vie difficile comme un divorce ou des complications familiales.
Le déménagement de proches ou l’envie de profiter de sa retraite au soleil peuvent aussi provoquer l’isolement. « On perd ce tissu relationnel, il faut tout recréer. Ça peut prendre du temps, avec la maladie peut être là », complète Florence Fittère.
D’ici 2030, un million de personnes âgées pourraient se retrouver sans famille, sans amis, sans aucune relation sociale, selon l’association.