La semaine a été politiquement chargée. La faute au conseil municipal (un peu) et à une affaire locale dont la “fachosphère” s’est emparée (beaucoup). La polémique prenant une vilaine tournure, elle a rebondi localement. Un classique certes. Mais un classique dont on se passerait.

Débriefons tout ça dans le peu de joie et de bonne humeur que ces sujets nous laissent.

L’histoire de la semaine

C’est donc cette campagne de la Ville, censée valoriser les aînés, qui est devenue un sujet inflammable le week-end dernier. En cause, une affiche montrant Nacera, 66 ans, souriante… et portant un hijab jaune. Si sept autres seniors figurent aussi dans la campagne “Strasbourg – La douceur de ville”, seule son image a déclenché une tempête. L’extrême droite, relayée par les médias du groupe Bolloré, a dénoncé une « propagande islamiste ». Des collectifs féministes universalistes ont suivi, fustigeant la « banalisation du voile ».

Le débat a vite gagné la scène locale. L’élue socialiste Pernelle Richardot a tancé le « prosélytisme » de la municipalité écologiste de Jeanne Barseghian, mettant en parallèle voile, croix ou kippa. La majorité municipale réplique : pas de choix politique dans la sélection, seulement des habitants investis dans la vie associative ou publique. « Faut-il qu’une Strasbourgeoise soit exclue de l’espace public parce qu’elle porte un voile ? », s’interroge le premier adjoint Syamak Agha Babaei. Pour Nadia Zourgui, adjointe à la tranquillité publique, l’indignation est hypocrite : « Ces femmes ont gardé nos enfants et soigné nos aînés sans que personne ne s’en offusque. »

À l’arrivée tout le monde a bien creusé les fossés qui nous séparent au nom de la République. Parfait.

La citation de la semaine

« On est un maillon essentiel de la souveraineté énergétique. »

Stéphane Simon, directeur du site Wagram Terminal à Reichstett, défend le projet de stockage de GNL , objet d’un recours de la commune. Classé Seveso, le site se présente comme « la station-service du Grand Est », garantissant la continuité des approvisionnements. « Avec le GNL, on accompagne la transition énergétique », insiste-t-il, promettant sécurité et stabilité, voire diminution du trafic poids lourds. À l’origine d’un deuxième recours, contentieux cette fois, le maire Georges Schuler et les assos locales n’ont pas l’air convaincues.

Le reste de l’actualité

À Strasbourg, quarante rues et espaces publics porteront désormais des noms féminins. Le conseil municipal a adopté ce lundi 29 septembre à l’unanimité les propositions de la commission dédiée, pilotée par Anne Mistler, adjointe à la Culture. De l’astronome américaine Henrietta Leavitt à la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, en passant par Rosa Luxemburg ou Toni Morrison, ce millésime 2025 ancre dans la ville des parcours de femmes longtemps oubliées.

Près de 200 lieux honorent désormais une personnalité féminine à Strasbourg, soit 20 % du total, contre 16 % en 2021. « Ces figures témoignent d’une même exigence : bâtir une société plus juste », souligne l’adjointe à l’éducation Hülliya Turan. L’épicière de la Coopé, Berthe Diebolt-Siffert, une des trois premières femmes à avoir siégé au conseil municipal de Strasbourg en 1945 ou encore la portraitiste de Marie-Antoinette, Élisabeth Vigée Le Brun, rejoignent notre toponymie urbaine, qui est à la fois une réalité concrète et un horizon des possibles. L’espace public se féminise, lentement mais sûrement.

Le chiffre de la semaine

1 634 signatures pour moins de viande, plus de végétal.

Un steak (de soja) dans l’arène politique. Portée par 1 634 signataires, la pétition de l’association Plant Based Treaty a atterri en séance plénière du conseil municipal. Objectif du texte présenté aux élus et défendu ce lundi par Lucie Dubois, universitaire et Gaspard Prévot, médecin : réduire la part carnée dans les cantines strasbourgeoises. Et inciter la Ville à signer un « traité végétalien » pour donner l’exemple au niveau national.

Les élus ont débattu : « Nous voulons moins de viande, mais de meilleure qualité. Pas d’élevage du tout nous paraît problématique, car il n’y a pas d’agriculture possible aujourd’hui sans lisier, sans fumier et sans pâturage », plaide Antoine Neumann, conseiller délégué à l’alimentation. La droite locale craint, elle, pour les bouchers et éleveurs. À l’arrivée on sent la majorité écologiste sensible aux arguments mais encore hésitante à s’engager concrètement. La maire annonce qu’une motion sera présentée au conseil en novembre. De quoi nourrir le débat… et les regrets des signataires ?

Le reportage de la semaine

Neuf mois après la mort de Rayane, un adolescent tué par un chauffard dans la nuit du Nouvel An 2025, Geneviève Lecointre est retournée voir les habitants de la rue de la Lauch, dans la Cité de l’Ill à Strasbourg. Ils déplorent toujours les mêmes rodéos urbains. Ils réclament encore des ralentisseurs. L’impuissance des pouvoirs publics et la persistance des nuisances ajoutant aux douleurs de la famille.