Publié le

5 octobre 2025

Les grandes maisons japonaises ont encore marqué un grand coup, samedi, lors de la Semaine de la mode parisienne. Comme l’ont prouvé, au sixième jour des défilés de prêt-à-porter féminin dédié au printemps-été 2026, trois des plus emblématiques griffes nippones. A savoir Junya Watanabe, Noir du styliste Kei Ninomiya et Comme des Garçons. Le même jour, Elie Saab faisait déferler sur le podium son armée de power women.

Voir le défiléComme Des Garcons, printemps-été 2026Comme Des Garcons, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

Comme souvent, c’est le défilé de Rei Kawakubo pour Comme des Garçons, qui nous touche et marque le plus. Dans le monde chaotique actuel, où catastrophes et drames humains s’enchaînent, la créatrice semble vouloir revenir aux origines, se reconnecter avec les valeurs de la Terre. Ce sont des chants populaires et des airs traditionnels qui accompagnent le défilé.

Un cortège de silhouettes informes et boursouflées s’avancent, drapées dans des grands pans de toile de jute, chanvre ou lin noués à la va vite, ou dans d’anciens draps en dentelle, rideaux et autres dessus de lit. Certaines vestes semblent directement coupées dans ces grands sacs en toile beige, qui servent à entreposer pommes de terre et autres produits de la terre. Un gilet et des manteaux lainés en poils de chèvre achèvent de peaufiner ce look rural.

Ces habits sculpturaux générés par des jeux de superpositions, de volumes et des techniques de rembourrage donnent une solennité à l’ensemble. Coiffées de chapeaux haut de forme cabossés, les cheveux cotonneux aux tons pastel, les mannequins font penser à ces marionnettes ou poupées en chiffon à l’apparence de vieilles femmes ou de sorcières, que l’on brûlait en janvier dans les campagnes, du temps de l’Antiquité, pour enterrer l’année passée et célébrer une nouvelle saison plus riche et propice.

Voir le défiléJunya Watanabe, printemps-été 2026Junya Watanabe, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

Cette saison, Junya Watanabe pousse un peu plus les limites dans sa recherche expérimentale autour du vêtement livrant une collection époustouflante, où les constructions se réinventent sans cesse, y compris avec l’introduction d’intrus. Le designer japonais intègre à ses créations, avec le plus grand naturel, ces éléments anodins de l’univers textile ou du quotidien, objets et accessoires, qui passent le plus souvent inaperçus.

Le résultat a quelque chose de surréaliste et ludique. Ainsi de vieilles ombrelles en dentelle blanche se déploient en corolle dans le bas d’une robe d’été, une ribambelle de chapeaux de paille créent un volume volanté dans le col et les épaules d’une longue robe du soir en guipure couleur chair.

Des escarpins d’un rouge vif ornent les épaules d’un fourreau noir. Une cascade de couverts métalliques forment les manches d’un t-shirt en nylon froissé argenté. Déclinés en or, couteaux et fourchettes composent des sculptures intrigantes sur une épaule ou un flanc. L’emblématique cintre complète cette sorte « d’inventaire à la Prévert », sur lequel s’enfilent trench, robes chemises et robes à pois en deux trois exemplaires, fixés ensuite de chaque côté du corps.

Voir le défiléNoir Kei Ninomiya, printemps-été 2026Noir Kei Ninomiya, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

Chez Noir, Kei Ninomiya continue d’explorer les structures tridimensionnelles en s’appuyant sur une approche mathématique. En multipliant à l’infini des éléments comme des modules, par exemple des fleurs, étoiles ou cônes métalliques, il crée des tenues sculpturales féeriques. Le défilé débute avec une série de jupons en tulle blanc associés à des tuniques-carapaces argentées étincelantes. 

Le visage des mannequins est masqué ou caché par des coiffes encombrantes, qui font penser à des agrégats de cristaux de quartz ou autres formes organiques. Noires, blanches, elles se déclinent aussi dans d’inattendues teintes fluo (rose, orange, jaune). Paradoxalement, derrière cette apparence fantasque se cache un vestiaire plutôt classique, voire rétro, composé de sages corsages blancs, jupes noires ballon ou plissées, des tailleurs à volants froncés. Sans oublier les mocassins montés sur plateforme et dotés d’un petit talon aiguille.

Ces tenues sont rehaussées par des harnais ou tuniques cages s’enfilant sur les vêtements, sur lesquels viennent s’arrimer toutes sortes de structures spectaculaires: étoile géante couverte de pierres précieuses, grille en forme de robe panier formée par une chaîne façon mécano, nuages de tulle, guirlandes scintillantes et autres pétales en tissu. 

Voir le défiléElie Saab, printemps-été 2026Elie Saab, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

Changement de registre chez Elie Saab. L’ambiance est celle électrique que l’on respire dans les grandes métropoles. Dans l’obscurité résonnent le bruit des talons sur le bitume. Des silhouettes s’esquissent soudain dans un brouillard baigné de lueurs rougeoyantes. Le premier mannequin s’élance en fendant le podium. Le ton est donné un peu à la « Bright light, big city ».

L’allure est celle de la working girl, en tailleur chic ajusté, jupe crayon fendue derrière, corsage en soie à décolleté plongeant ou petits tops à pois. Elle est aussi à l’aise en pantalon à pinces qu’en robe bustier en peau de python et n’a jamais été aussi élégante que simplement vêtue d’un trench fluide camel qui glisse sur sa peau, ou en veste et t-shirt avec ces sensuels pantalons de soie flottant effet denim.

Son jeu préféré? Le mix & match. Elle mélange allégrement le Princes de Galles avec les pois, la jupe en cuir avec le débardeur à franges métalliques, la veste en cuir usé et la jupe ajourée à sequins. Pour le soir, la femme Elie Saab sort le grand jeu avec de maxi robes drapées scintillantes ou des mises plus courtes à longue traîne.

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