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Rédaction Rennes

Publié le

5 oct. 2025 à 12h43

Les faits remontent à 2017, mais n’ont été révélés qu’en 2022. Jeudi 2 octobre, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné Steve, un membre des Témoins de Jéhovah, pour des relations sexuelles imposées à une fillette de 12 ans au sein de sa communauté.

« On a abusé de moi »

Steve, alors âgé de 24 ans, s’est installé à Rennes en 2017 et a rapidement noué des liens avec la famille de sa jeune victime.

Pendant un an et demi, tandis que le jeune homme s’apprête à épouser une femme de leur communauté, les séances de « porte-à-porte » rendent les deux « très proches ».

« Tout le monde » l’avait vu, mais personne n’a rien su des « fellations » qu’elle devait faire à son « confident »… À l’époque, cette jeune fille au « niveau d’intelligence supérieur à la moyenne » évolue dans un contexte familial compliqué : son père est « violent » et Steve est devenu « un grand frère » qui instaure « une relation de confiance ».

Les agressions, incluant des fellations, restent secrètes jusqu’à ce que la sœur aînée de la victime découvre une bouteille de bière vide sous son lit.

La petite va alors « très mal », dira-t-elle bien plus tard aux enquêteurs : incapable de verbaliser les faits, l’enfant a écrit « On a abusé de moi » sur son téléphone. « Qui ? », lui a donc demandé sa sœur. « Steve », répond la victime.

Un signalement est fait sur la plateforme nationale des signalements de violences sexuelles.

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Les « autorités religieuses » avisées

En parallèle du signalement, la mère de l’enfant « avise les autorités religieuses » des faits dont sa fille a été victime, même si celle-ci est encore « dans l’impossibilité de relater » ce qui lui est arrivé.

Il lui faut un an pour être entendue par la police. « Les ministres du culte disent qu’ils se sont assurés qu’ils avaient l’obligation de dénoncer les faits… Sous-entendu : sinon, ils ne l’auraient pas fait », grince d’ailleurs Me Pol Pitois, avocat de la partie civile.

Ces cadres des Témoins de Jéhovah décident d’entendre Steve, qui reconnaît les faits devant eux. Il est dans un premier temps « excommunié ». Cette communauté impose en effet « le vœu de chasteté » et proscrit « les rapports bucco-génitaux ». Il s’agissait d’ailleurs à ce sujet de la « première expérience » sexuelle du prévenu.

« Elle se souvient de votre sexe dans sa bouche »

À la barre, jeudi 2 octobre 2025, Steve est à peine audible et imprécis. « Elle se souvient de votre sexe dans sa bouche », lui rappelle pourtant le procureur de la République de Rennes, qui requiert quatre ans de prison ferme contre celui qui a « trompé tout le monde ».

« Ces faits ont été commis il y a huit ans et Steve a reconnu les faits et entamé un suivi psychologique dès 2022 », objecte son avocate, Me Sophie Laurent, qui plaide pour « un sursis probatoire intégral » : « aucun élément » ne laisse craindre un risque de réitération des faits, selon elle.

Son client a finalement écopé de deux ans de prison ferme et de trois avec sursis. Steve – qui a finalement été « réintégré » chez les Témoins de Jéhovah tandis que sa victime, elle, a quitté la communauté – sera prochainement convoqué devant un juge d’application des peines (JAP) pour envisager une éventuelle « alternative » à la prison.

À l’issue, il sera soumis à un suivi sociojudiciaire (SSJ) pendant trois ans, au cours desquels il devra suivre des soins. S’il ne s’y pliait pas, il risquerait de purger deux ans de prison supplémentaires. Aucun mandat de dépôt n’a toutefois été décerné. Steve a dix jours pour faire appel.

CB et GF (PressPepper)

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