Troisième journée de mobilisation depuis la rentrée, la deuxième à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), et un « ras-le-bol social » qui ne retombe pas. Dans la manifestation marseillaise qui s’élance depuis le Vieux-Port, ce jeudi 2 octobre, les syndicats disent vouloir « maintenir la pression sur Sébastien Lecornu« , avant le discours de politique générale du Premier ministre.
La foule qui s’étire sur le quai du Port avant de rejoindre la porte d’Aix continue à demander « un recul sur l’inadmissible réforme des retraites » et « des mesures fortes pour une plus grande justice sociale ».
« Les gens demandent de la justice »
« Sébastien Lecornu vit déjà sa troisième journée de mobilisation et doit entendre la colère sociale dans ce pays, dit Frédéric Michel, délégué syndical Sud rail. Il y a un besoin global de justice et d’une meilleure répartition des richesses produites. L’argent, il y en a mais il doit être orienté vers les salaires, les pensions et le service public. »
La fonction publique est d’ailleurs largement représentée dans le cortège, les agents refusant d’être « des variables d’ajustement » de la prochaine loi de finances. « Le budget Bayrou prévoyait 3 000 fonctionnaires en moins et le non-renouvellement d’un agent sur deux, rappelle Franck Balliot, cosecrétaire départemental de la FSU, première fédération de l’enseignement. Nous ne sommes pas face à une explosion des dépenses mais face à une crise des recettes… Et la première victoire culturelle de ce mouvement est d’avoir mis dans le débat public la nécessité d’une contribution plus importante des plus riches, via la taxe Zucman notamment.«
Car pour beaucoup de manifestants, « la justice sociale passe par la justice fiscale ». « Les questions fiscales sont désormais au cœur des revendications du jour, livre Alain Rei, secrétaire générale de la CFDT 13. Les plus modestes ne peuvent plus consentir à l’impôt si les plus riches ne sont pas davantage mis à contribution. C’est une demande forte et ce gouvernement ne peut plus continuer à ignorer le peuple. »
Dans les rangs, pas de lassitude. Pourtant, « on ne sait plus vraiment comment faire pour être entendu, déplore Louis, 25 ans, jeune professeur de maths à Marseille. Face aux classes qui grandissent, aux lits qui ferment dans les hôpitaux, notre seul moyen de nous battre est la manif. Cela doit devenir un cercle vertueux dans lequel chacun s’engage, essaye de fédérer sur son lieu de travail… On ne peut pas renoncer. »
« La grève reste l’arme majeure du rapport de force »
Le cortège semble cependant moins important que lors des précédents rendez-vous sociaux de septembre. La police a compté 4 000 manifestants (contre 8 000 le 18 septembre), alors que l’intersyndicale a dénombré 80 000 personnes mobilisées.
« Il peut y avoir une petite stagnation du mouvement, tempère Frédéric Michel. Pour beaucoup de salariés, la fin du mois débute le 10 et les retenues de salaire sont difficiles à supporter. La grève reste l’arme majeure du rapport de force mais nous, syndicats, devons imaginer une convergence avec les collectifs, les associations et les mouvements citoyens qui portent des revendications de justice sociale… Pour mobiliser ceux qui étaient dans la rue le 10 septembre et qui n’y sont peut-être pas aujourd’hui. »