À l’inverse de ce qu’ont été Émilien Gailleton, Théo Attissogbe et Hugo Auradou, ou de ce que sont Fabien Brau-Boirie et même Grégoire Arfeuil, Thomas Souverbie n’est pas le genre de comète à crever l’écran avant même de s’installer. Si le joueur de 21 ans formé à Bizanos a longtemps rongé son frein, il a fini « par récolter les fruits de son travail et de sa patience » à Toulon, de l’aveu de Sébastien Piqueronies.
Son potentiel le prédisposait peut-être à connaître sa première titularisation en Top 14 un peu plus tôt, mais l’international U20 (6 sélections) a longtemps fait les frais d’une concurrence (Thibault Daubagna et Dan Robson) souvent performante et rarement blessée. Ce samedi, malgré la défaite dans le Var (33-17), le Palois (11 matchs de Top 14) a rattrapé un peu de ce temps perdu par rapport à Axel Desperes (49 apparitions en championnat), avec qui il composait une charnière issue de la génération sectionniste de 2004. « On se connaît depuis très longtemps, et il y a évidemment des automatismes », relevait le demi de mêlée à la maturité en décalage avec son jeune âge. Malgré un enthousiasme de jeune premier, face à un ogre comme Toulon, dans le cadre de Mayol.
De quoi atténuer la déconvenue collective sans la dissiper totalement. « Cet environnement, cette pression, c’est quelque chose qui me plaît. C’était hyper challengeant, avec en plus Baptiste Serin en face. Même s’il y a de la déception, c’est un match dont je me souviendrais. »
Sobre et fiable
Pas tant pour sa propre performance individuelle. À l’image d’une équipe remaniée à qui il n’a manqué que l’efficacité offensive pour rivaliser, la copie de Thomas Souverbie s’est inscrite dans un registre sobre et rassurant. Huit coups de pied dans le jeu pour 191 m gagnés, 20 mètres parcourus sur ses quatre courses, une activité prometteuse au bord de rucks, deux défenseurs battus, et ni pénalité, ni ballon perdu. Défensivement, le n°9 est à créditer de six plaquages réussis sur sept de tentés.
« J’ai trouvé sa prestation sérieuse, appliquée, juge son manager. Thomas est un demi de mêlée capable de tenir un plan d’une équipe de Top 14. C’est très positif. Il a une capacité à être très dangereux à condition d’être décomplexé. »
Une copie sans fard, mais sans erreur : en un mot relativement fiable pour le n°3 dans la hiérarchie des 9. « Collectivement, on a du faire le dos rond, décrypte Thomas Souverbie. J’ai dû m’adapter à ça, notamment pendant 20 minutes (d’infériorité numérique, suite à deux cartons jaunes, NDLR). Certains rucks étaient compliqués, c’était dur d’avancer derrière. J’ai essayé de jouer les petits espaces, notamment en zone de marque proche des rucks. Quand on avait un peu de momentums, des bons rucks, on trouvait de l’avancée. De ce point de vue, j’ai essayé d’être le plus propre possible. »
En profondeur
Le pur produit de la formation sectionniste incarne un collectif, qui même remanié (trois titulaires seulement par rapport au match face à Lyon lors de la précédente journée), a légitimé la nouvelle profondeur de banc béarnaise revendiquée par Piqueronies. « J’ai un groupe très homogène, à l’état d’esprit remarquable, qui travaille bien. Je ne l’ai pas appris, mais vous l’apprenez peut-être. Cela confirme que la Section a un gros effectif, qu’elle a des hommes qui veulent combattre, mais que pour atteindre ses ambitions, il faudra qu’elle soit plus précise. C’est clair et évident. »
Un déficit de réalisme qui résulte aussi d’un manque d’automatismes. « Cela a peut-être joué mais il ne faut pas se cacher derrière ça, estime le demi de mêlée palois. On s’entraîne tous les jours ensemble, et puis malgré les rotations, on a fait preuve du même manque d’efficacité qu’à Clermont. Cela ne date pas d’aujourd’hui, on ne rentabilise pas nos occasions. »
L’infirmerie
Tuipulotu et Klemenczak sortis sur blessure Ce samedi à Mayol, la Section Paloise a perdu Carwyn Tuipulotu suite à une blessure à l’épaule. Quant à Olivier Klemenczak, il a été touché au dos. Le troisième ligne centre n’est jamais revenu de sa sortie après avoir écopé d’un jaune (3e) pour un coude un peu trop haut sur une charge. Quant au centre, il a aussi cédé sa place avant l’heure à Clément Mondinat (35e).
(Dis) Section
La Section tourne bien La Section Paloise a « fait tourner » à Toulon samedi. Sur le terrain, 8 des 15 titulaires du succès face à Lyon n’étaient pas dans le groupe, aucun des « premiums » à la sauce Piqueronies n’a pris part à la bataille de Mayol. Mais pour autant, Tokolahi, Picquette, Zegueur, Decron ou encore Luc n’ont rien de perdreaux de l’année. La quinzaine d’incursions en zone de marque adverse montrent la continuité qu’est capable de proposer la Section, au sens large.
Reste que cette équipe a clairement manqué de vécu collectif pour mieux se défendre à Toulon. L’écart final, de 16 points, est inférieur à la moyenne des neuf défaites paloises dans le Var depuis 2015 (-20), idem concernant le nombre de points encaissés sous l’ère Piqueronies à Mayol (39). Une maigre consolation, mais des signes tangibles d’un début de progression, et d’un groupe élargi plus fort à la Section.
Damien Gozioso