À l’approche de ses 50 ans, Stéphanie Gautret vit depuis 2017 avec un cancer du sein, devenu métastatique trois ans plus tard. Malgré les épreuves, elle continue d’avancer aux côtés de ses proches. À l’occasion d’Octobre Rose, elle témoigne pour rappeler l’importance du dépistage et d’une prise en charge digne.
Lorsqu’on lui a annoncé son cancer du sein, en octobre 2017, Stéphanie n’a pas été surprise. La radiologue avait déjà laissé entendre que ce serait probablement cela, et le diagnostic n’a fait que confirmer ce qu’elle pressentait. Ce qui l’a frappée, en revanche, c’est ce qui a suivi. Elle croyait qu’après les traitements lourds — chirurgie, ablation totale du sein, chimiothérapie, radiothérapie et hormonothérapie — elle en sortirait. « Je pensais qu’on guérissait d’un cancer du sein », confie-t-elle.
Trois ans plus tard, alors qu’elle entamait une reconstruction mammaire, le verdict tombe : le cancer s’est propagé au niveau du bassin. « C’est arrivé très vite, en décembre 2020. On m’annonce un cancer dont on ne guérit pas. »
Depuis, les traitements se succèdent : chirurgies — dont une hanche artificielle —, radiothérapies à très haute dose, thérapies ciblées, hormonothérapies, puis retour aux chimiothérapies intraveineuses. « Ces traitements m’ont épuisée, j’étais sans cesse nauséeuse, sans goût de vivre », confie Stéphanie. Aujourd’hui, elle suit une chimiothérapie par comprimés, mieux tolérée, mais son quotidien reste rythmé par des scanners trimestriels, décisifs : « Tous les trois mois, il faut s’adapter : si le cancer progresse, je dois changer de traitement. »
Avant la maladie, Stéphanie était professeure des écoles. Elle n’a jamais repris son poste. « Je me consacre à ma santé, et surtout à mes deux filles. J’ai choisi d’être là pour elles, de m’impliquer dans leur école, leur collège, leurs activités… » Avec le temps, elle a appris à apprivoiser cette nouvelle vie et s’est rapprochée d’associations comme Odysséa, qui proposent ateliers et activités aux patientes : relaxation, cuisine adaptée, lectures… « Ça nous fait beaucoup de bien, ça nous aide dans le quotidien. »
Pourtant, Stéphanie déplore des conditions d’accueil indignes au CHU de Saint-Pierre : fauteuils trop serrés et positionnés face au mur, absence d’intimité, toilettes inaccessibles aux personnes en situation de handicap. « Ces conditions s’ajoutent à la difficulté de vivre les traitements lourds. »
Son message, en ce mois d’Octobre Rose, est clair : « Le dépistage précoce sauve des vies. Dans mon cas, c’était déjà trop tard. J’en veux au radiologue qui m’a suivie avant 2017 et qui est passé à côté. »
Huit ans après son diagnostic, Stéphanie refuse de se laisser enfermer dans la maladie : « On apprend à vivre autrement, peut-être plus profondément. »