Officiellement investi par Horizons et Renaissance, Pierre Jakubowicz compte bien s’imposer dans sa campagne en tant que candidat du « bloc central ». Pour lancer une dynamique, il a dévoilé quelques propositions afin de « penser la ville à 30 mètres » : des futur(e)s maires de quartier et le référendum local d’initiative partagée. Des idées plus développées, mais semblables à celles prônées par son rival de la droite, Jean-Philippe Vetter.

« C’est un moment important pour nous. » Officiellement candidat de l’alliance du « bloc central » après la décision de Renaissance de se ranger derrière lui, Pierre Jakubowicz veut désormais passer la vitesse supérieure. Pour cela, il veut enclencher une dynamique de campagne, surtout après le sondage commandé par son désormais rival de la droite Jean-Philippe Vetter, l’ayant placé à 6%.


Dans le froid du 3 octobre dernier, le candidat Jakubowicz était entouré de son état-major, avec Rebecca Breitman et Étienne Loos, afin de présenter ses premières mesures pour « refonder l’action municipale en proximité pour penser la ville à 30 mètres ». Accompagné de supports visuels, comme des cartons et un entonnoir, il a un objectif en ligne de mire : le centre administratif, situé à quelques encablures du lieu de la conférence de presse.

campagne pierre jakubowicz Cartons, entonnoir, centre administratif et Pierre Jakubowicz. © Nicolas Kaspar / Pokaa

10 nouvelles mairies de quartier

Car pour Pierre Jakubowicz, le centre administratif est aujourd’hui devenu un « entonnoir », où « les problèmes de 300 000 habitants convergent presque tous vers un seul et même lieu d’hyperconcentration des décisions et des pouvoirs ». Le candidat propose alors sa vision d’une décentralisation de l’action municipale, en annonçant la future création de 10 nouvelles mairies de quartier (contre 8 auparavant). Dans le détail :

  • Robertsau-Wacken-Cité de l’Ill
  • Montagne Verte-Elsau
  • Neudorf-Malraux-Port du Rhin
  • Hautepierre-Poteries
  • Neuhof-Meinau
  • Centre-Neustadt
  • Cronenbourg
  • Orangerie-Conseil des XV-Bourse-Esplanade-Krutenau
  • Halles-Gare-Tribunal
  • Koenigshoffen

Une multitude de sujets simples du quotidien pourraient être réglés en mairie de quartier plutôt qu’au centre administratif.

Pierre Jakubowicz, candidat Renaissance-Horizons-Modem aux municipales

Petite nouveauté : ces mairies de quartier auront leur propre « maire », sur le modèle de ce qui se fait à Toulouse [une ville gérée par un maire LR, régulièrement prise en exemple par Pierre Jakubowicz, ndlr], mais également un budget, des services dédiés et une fois par semaine des horaires décalés.

Elles fonctionneront en collaboration avec les « Koeurs de quartier », autre proposition de Pierre Jakubowicz. Interrogé plus en détail sur la logique du découpage des mairies de quartier, le candidat explique : « La logique était de ne pas tout bouleverser par rapport à ce qui a pu exister ou existe, de maintenir une cohérence géographique et d’avoir un périmètre plus restreint pour les quartiers les plus fragiles et quartiers prioritaires de la ville. »


Une façon d’opérer un « choc de décentralisation des moyens de décision de la Ville de Strasbourg », dans une rhétorique classique des candidat(e)s de droite souhaitant une simplification des décisions administratives qui tendraient vers l’efficacité du service public.

Centre administratif © David Levêque / Pokaa

Recréer une relation directe entre élu(e)s et Strasbourgeois(es)

Ces nouvelles mairies de quartier comptent bien remettre du lien entre la ville et ses habitant(e)s, véritable axe de programme du candidat du « bloc central ». Ce « manque de proximité » de la mandature écologiste a été, selon Pierre Jakubowicz, le « fil rouge des demandes et revendications » qui lui ont été rapportées lors de sa grande concertation. Comme le résume Rebecca Breitman, aujourd’hui « on n’a plus ces élus qui nous répondent ».

C’est devenu impossible d’avoir les élus, aucun contact, aucun dialogue pour nous expliquer le suivi ou la logistique des travaux.

Déléguée du quartier Halles de Pierre Jakubowicz

Cette volonté de remettre du lien explique également deux autres propositions dévoilées par Pierre Jakubowicz. D’abord le référendum local d’initiative partagée, injecté dans son programme par le ralliement d’Étienne Loos. Concrètement, chaque année un grand référendum aura lieu sur une question majeure qui concerne les Strasbourgeois(es). Selon Pierre Jakubowicz, il faut que ce soit un « outil pour permettre aux citoyens et collectifs de porter des initiatives positives sur de grands enjeux, et non pas un moyen de régler des comptes ».

Ensuite, sa proposition de mettre en place un(e) médiateur/rice de la Ville de Strasbourg. Une proposition qui date de décembre 2022, qu’il avait fait adopter en conseil municipal sous la forme de résolution. Depuis, rien n’a été fait pour mettre en place cette idée, qui permettrait « de dénouer les situations conflictuelles et de construire des solutions adaptées sans passer par un recours interne ou juridictionnel » sur certains sujets, comme le stationnement, l’urbanisme, la démocratie locale ou le logement.

Pierre Jakubowicz © Nicolas Kaspar / Pokaa

Des propositions suffisantes pour enclencher une dynamique favorable ?

Ces propositions de « penser la ville à 30 mètres » sont les premières de Pierre Jakubowicz depuis sa déclaration de candidature, et le ralliement de Renaissance. C’est donc par cette voie que le candidat compte enclencher sa dynamique de campagne, qui a pu souffrir du rangement de Nicolas Matt derrière Jean-Philippe Vetter et du sondage commandé par le candidat LR, le plaçant à 6%.

Une ombre tenace, alors que ses propositions, bien que plus explicitées et détaillées, se retrouvent également dans les idées du candidat LR. Difficile alors de se démarquer dans la tête des Strasbourgeois(es). Interrogé là-dessus, il répond que si ces propositions « n’ont été à ma connaissance formulées par aucun autre candidat […], l’enjeu de la proximité est présent dans le discours de plusieurs offres politiques ».

Ce sont des propositions que nous faisons, non pas pour nous démarquer, mais au contraire pour fédérer les habitants, les quartiers et leurs représentants.

Pierre Jakubowicz, candidat Renaissance-Horizons-Modem aux municipales

Des sujets de démocratie participative et des adjoint(e)s de quartier qui passionnent les politiques, mais peuvent sembler loin d’autres préoccupations, comme la précarité, le pouvoir d’achat ou même les projets pour développer la ville. Difficile donc d’imaginer, à première vue, le fait de lancer une dynamique de campagne sur ces sujets-là.

Néanmoins, Pierre Jakubowicz ne l’entend pas de cette oreille : « Les sujets de la démocratie participative et de la proximité ont été au coeur du mandat de manière négative dans l’ensemble des quartiers. Nous souhaitons leur redonner une tonalité positive. C’est pourquoi nous pensons qu’ils constituent une base à toute action municipale efficace et à la reconstruction d’un vrai partenariat entre citoyens et acteurs publics. Il était donc naturel pour nous d’en faire l’un des premiers sujets de proposition. » Il n’empêche qu’un chemin de crête se présente devant Pierre Jakubowicz ; à lui de bien manœuvrer.