La rentrée culturelle bordelaise est marquée par l’arrivée de trois figures du spectacle vivant. Alexis Michalik, Jérémy Ferrari et Kev Adams ne se contentent plus de venir jouer en tournée : ils s’installent sur le port de la Lune, parfois en reprenant des lieux emblématiques.

Bordeaux voit son paysage culturel redessiné par de nouveaux visages. En septembre, Alexis Michalik a pris les rênes du théâtre des Salinières, situé au cœur du centre historique de Bordeaux, avec plusieurs associés. Il en est désormais le directeur artistique. Sa programmation à la tête de la salle s’est ouverte avec Le Porteur d’histoire, sa propre pièce, joué depuis le 19 septembre jusqu’au 16 novembre 2025. Créée en 2011, l’œuvre mêlant aventure, récit historique et quête littéraire a rencontré un succès international.

À partir du 20 novembre, ce sera la pièce Silence, on tourne !, de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras, qui prendra place dans l’antre des Salinières, une petite salle intimiste d’environ 300 places. Alexis Michalik souhaite désormais faire du théâtre un lieu dédié aux auteurs actuels, tout en renforçant les liens avec la scène artistique bordelaise.


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Jérémy Ferrari a séduit la mairie

Le 23 septembre dernier, c’est Jérémy Ferrari, lors d’une conférence de presse, qui a dévoilé son visage au port de la Lune. Deux mois plus tôt, il avait annoncé la reprise du Théâtre Fémina par Dark Smile Productions, avec une gérance prévue pour neuf ans. «C’était le rêve de Jérémy d’avoir un théâtre de ce style. On ne pensait pas que notre offre allait aboutir, mais finalement, elle a séduit», explique son associé Mickaël Dion. Dès février 2025, l’humoriste avait rencontré le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, pour formaliser le projet.

Plusieurs transformations du théâtre sont prévues : la réduction du proscenium pour rapprocher la scène du public et atteindre une capacité totale de 1200 places, le déplacement de la régie pour améliorer la visibilité des artistes, mais aussi la modernisation des loges et la mise en conformité écologique de la salle à l’été 2026.

Jérémy Ferrari compte conserver une programmation éclectique : non seulement de l’humour, mais aussi du théâtre, de la musique, de la danse, et prendre «des risques» avec des artistes moins connus. «La programmation, on ne va pas la changer. C’est un théâtre emblématique, qui est ancré dans la ville. Ce qu’on veut, c’est élargir l’offre et accueillir davantage de compagnies et d’artistes qui, jusque-là, n’auraient jamais envisagé le Fémina», souligne Mickaël Dion.

L’essor des comedy clubs

En parallèle, Jérémy Ferrari projette l’ouverture d’un comedy club, rue des Piliers de Tutelles, à l’emplacement de l’ancien Mada. «Les discussions sont bien avancées, mais nous n’avons pas encore de date précise concernant une ouverture prochaine», précise Mickaël Dion.

Une adresse qui pourrait ouvrir en parallèle d’un projet quasi-identique. Le comédien et humoriste Kev Adams a annoncé, fin août, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, l’arrivée du Fridge Comedy Club à Bordeaux. Pour le moment, aucune date officielle n’a encore été annoncée pour l’ouverture. Le modèle, déjà présent à Paris, Bruxelles et Montpellier, repose sur un lieu hybride (bar, restauration et plateau d’humoristes), qui donne leur chance à la fois aux têtes d’affiche et aux jeunes talents.


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Pour Mickaël Dion, cette multiplication des initiatives va dans le bon sens : «Il n’y a pas de lieux spécialisés dans le comedy club à Bordeaux aujourd’hui. L’idée, ce n’est pas de se faire concurrence, mais plutôt de créer l’émulation. À Paris, un artiste peut jouer sur plusieurs plateaux la même soirée. Si l’on veut retenir les talents, il faut créer de l’offre ici, dans la région». Alexis Michalik semble être aussi de cet avis. Pas de compétition, mais un élan commun. «Je trouve ça très intéressant d’arriver sur ce terrain un peu neutre, sans la compétition qu’il y a à Paris. Ici c’est : le Fémina qui fait 1200 places, des humoristes ou de gros shows ; des cafés-théâtres qui ont une jauge moindre que les Salinières. Nous, on a des cases ouvertes pour accueillir des humoristes en tournée qui n’ont pas forcément de quoi remplir le Fémina. Mais tout ça va se faire de concert avec les autres salles que je viens de citer», confiait-il au journal Sud-Ouest, le 19 septembre dernier.