Donald Trump a ordonné le déploiement de 300 membres de la Garde nationale à Chicago pour « protéger les agents et biens fédéraux ». Une mesure exceptionnelle qui enflamme les tensions entre la Maison-Blanche et les autorités locales démocrates, accusant le président de dérive autoritaire.
La ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a défendu dimanche cette décision sur Fox News. « C’est une zone de guerre. Sa ville est une zone de guerre et il ment pour que les criminels puissent y entrer et détruire la vie des gens », a-t-elle affirmé, visant le maire de Chicago, Brandon Johnson. Celui-ci dénonce des « mesures anticonstitutionnelles » et accuse l’administration Trump d’attiser la peur à des fins politiques. Selon Kristi Noem, des gangs et « organisations terroristes connues » offriraient même des primes aux manifestants contre les agents de l’immigration (ICE).
Vague d’indignation politique
Le décret présidentiel, signé samedi, a suscité de vives critiques. Le sénateur de l’Illinois, Dick Durbin, estime que « le président ne cherche pas à combattre la criminalité, mais à répandre la peur ». Le gouverneur démocrate J.B. Pritzker, lui, dénonce une « invasion de Trump » : « Ce sont eux qui transforment cette ville en zone de guerre », a-t-il déclaré sur CNN. Il affirme qu’aucune troupe ne peut être déployée sans « la connaissance, le consentement ou la coopération » des autorités locales.
Portland, la mégapole de l’Oregon, est également au centre des tensions. Une juge fédérale, Karin J. Immergut, a suspendu à deux reprises le déploiement de la Garde nationale, rappelant qu’il n’existait « ni insurrection ni menace pour la sécurité nationale ». Malgré cette décision, la gouverneure Tina Kotek a confirmé l’arrivée de 101 gardes venus de Californie, provoquant un nouvel arrêt judiciaire. « Le président ne peut pas continuer à jouer au chat et à la souris avec la justice », a dénoncé le procureur général de l’Etat, Dan Rayfield.
Une stratégie d’escalade
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale le pilier de son second mandat. Plusieurs manifestations ont éclaté dans les « villes sanctuaires » comme Chicago ou Portland, qui protègent les migrants menacés d’expulsion.
Notre dossier sur les Etats-Unis
Dimanche, le président a réaffirmé vouloir mobiliser l’armée contre « l’ennemi intérieur », affirmant, sans preuve, que « Portland est en train de brûler ». Il menace désormais d’envoyer des troupes à New York ou Baltimore. Mais selon un sondage CBS, 58 % des Américains s’opposent à ces déploiements militaires dans les grandes villes.