Trump a décidé d’instaurer depuis le 1er octobre un droit de douane de 25 % sur les poids lourds importés. Selon les économistes, cette mesure risque de bouleverser profondément un secteur (l’industrie du camions) déjà fragilisé par une baisse de la demande et des coûts de production élevés.

Des chaînes de production fragilisées

Les poids lourds américains sont produits au sein d’un réseau très intégré entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. L’application de la taxe pourrait réduire à néant les bénéfices de l’accord de libre-échange USMCA, comme cela s’est déjà produit pour certains véhicules de tourisme.

Le Mexique occupe une place prépondérante, puisqu’il a représenté 78 % des exportations de camions vers les États-Unis en 2023. Les constructeurs qui y ont investi massivement, comme Volvo avec une nouvelle usine de 700 millions de dollars à Monterrey ou Stellantis avec ses sites de production de camions Ram et d’utilitaires, se trouvent aujourd’hui en position délicate face à des conditions de concurrence soudainement défavorables.

Un choc financier immédiat

L’impact de la mesure se traduit déjà sur les prix. Le coût moyen d’un camion de classe 8, supérieur à 170 000 dollars, atteindrait désormais plus de 212 000 dollars avec le tarif douanier, et grimperait à près de 238 000 dollars en ajoutant la taxe fédérale d’accise de 12 %. Dans un secteur où les marges sont faibles, cette augmentation représente une charge considérable.

Les constructeurs sont confrontés à un dilemme. Ils doivent soit accepter une forte réduction de leurs marges, soit envisager un transfert partiel ou total de leurs activités vers le nord de la frontière. Toutefois, une telle réorganisation supposerait des investissements colossaux, difficiles à réaliser dans un contexte de demande atone. Selon Jason Miller, spécialiste de la chaîne d’approvisionnement à l’Université d’État du Michigan, cette taxe risque de rendre rapidement inapplicables les dispositions de l’USMCA.

Des réactions prudentes

Tous les acteurs n’ont pas réagi de la même manière. PACCAR, qui produit déjà la quasi-totalité de ses camions Peterbilt et Kenworth aux États-Unis, a exprimé une attente mesurée en espérant obtenir davantage de précisions sur la mise en œuvre du tarif. En revanche, d’autres grands constructeurs comme Daimler Truck North America, International Motors ou encore Volvo préfèrent rester silencieux dans l’attente de clarifications officielles.

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