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Entre champs, pavillons et projets d’immeubles, le nord-est de Toulouse s’apprête à vivre une métamorphose majeure. À Paléficat, le futur écoquartier de 9 000 habitants incarne le dilemme d’une métropole qui doit construire sans bétonner.

Sur le chemin de Virebent, la route serpente entre champs et haies bocagères. Quelques pavillons s’accrochent au bord des talus. À 300 m à vol d’oiseau, de l’autre côté du périphérique, on devine les immeubles de Borderouge. Paléficat, c’est, entre Launaguet et L’Union, le dernier quartier « vert » de Toulouse. Ici, on est encore à la campagne.

Le quartier Paléficat est déjà habité, mais il va se densifier dans les 20 années à venir.

Le quartier Paléficat est déjà habité, mais il va se densifier dans les 20 années à venir.
Oppidea – Mairie de Toulouse

Depuis plus de vingt ans, l’ancien quartier maraîcher peuplé de 3 000 habitants et quelques entreprises, vit dans l’attente du grand projet urbain. La ZAC Paléficat – Rives de l’Hers, initiée dans les années 2000, a longtemps prévu 7 000 logements et 3 000 emplois sur 120 hectares. Mais la loi Climat et résilience a rebattu les cartes.

Par rapport au projet initial, la consommation foncière passera « de 60 à environ 35 hectares »

« Paléficat sera le premier projet toulousain réévalué à l’aune du ZAN, le « Zéro Artificialisation Nette », confiait le maire Jean-Luc Moudenc il y a quelques mois. « La consommation foncière passera de 60 à environ 35 hectares, et le nombre de logements de 7 000 à 4 000. »

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Annette Laigneau, présidente d’Oppidea, l’aménageur public, confirme : « Nous avons limité au maximum la consommation d’espaces naturels et agricoles. Vingt-cinq hectares initialement destinés à l’urbanisation resteront vierges. »

Le quartier Paleficat, au nord de Toulouse, est encore très boisé.

Le quartier Paleficat, au nord de Toulouse, est encore très boisé.
DDM – C. Dm.

Selon le dossier de création, actuellement en concertation publique, le projet doit « préserver et amplifier le patrimoine végétal, agricole et naturel du site ». Autour du château de Paléficat, un parc de 18 hectares reliera les berges de l’Hers. Trois hectares seront dédiés à l’agriculture urbaine.

« On nous parle d’immeubles de 12 étages »

Mais dans les rues Tocqueville, Chopin ou Edmond Rostand, la méfiance domine. « Certains ont été expropriés il y a quinze ans à 25 € le mètre carré, lors du début du projet », rappelle Pascale Noirot, présidente de l’association Vivre à Paléficat. « Aujourd’hui, on nous parle d’immeubles de douze étages, quarante mètres de haut… Ce n’est pas acceptable. »

Le château de Paleficat appartient à la mairie de Toulouse.

Le château de Paleficat appartient à la mairie de Toulouse.
DDM – C. Dm.

L’association revendique un quartier « viable, agréable, à taille humaine ». « On ne refuse pas d’accueillir de nouveaux habitants, mais on veut garder l’âme maraîchère du lieu. Pourquoi ne pas créer un grand parc urbain plutôt que de bétonner ? »

Oppidea tempère : « Quarante mètres, c’est une hauteur maximale. Le travail des urbanistes sera de placer les immeubles les plus hauts à distance des maisons, avec des dégradés de hauteur. »

Les travaux pourraient commencer en 2027, et les premières livraisons seraient effectuées en 2029

Le projet, dont la concession court jusqu’en 2045, symbolise les contradictions d’une métropole en tension. Toulouse doit produire 75 000 logements d’ici 2035, tout en divisant par deux sa consommation d’espaces naturels.

Le périmètre de la future ZAC de Paleficat

Le périmètre de la future ZAC de Paleficat
Oppidea – Mairie de Toulouse

Sur place, la ville avance lentement : procédure de participation du public jusqu’au 10 octobre, dossier de création fin 2025, études en 2026, travaux en 2027, et premières livraisons en 2029. En attendant, Paléficat reste ce dernier coin de campagne à Toulouse. Où l’on croise encore des chevreuils, avant que la ville dense n’y pose ses fondations.