Les actes antisémites se multiplient dans les Alpes-Maritimes. Deux exemples récents et frappants, avec l’arrachage de l’olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi à Menton et un courrier menaçant envoyé à Christian Estrosi.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre janvier et juin de cette année, le nombre d’actes antisémites relevés en France s’établissait à 646. C’est certes moins que sur la même période l’an passé – 891 – mais largement plus qu’avant les attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023 (304 cas).
Très fortes, ces statistiques du ministère de l’Intérieur dressent le tableau d’un printemps sombre pour la communauté juive, avec 265 actes recensés en mai et juin, pour 381 sur les quatre premiers mois de 2025. Et la Côte d’Azur n’est pas épargnée par ce phénomène, ainsi que le démontrent des exemples très récents.
Courrier injurieux et menaces de mort à la mairie
Du côté de la capitale maralpine, Christian Estrosi a été ciblé par deux actions ces dernières semaines. Entre le lundi 22 et le mardi 23 septembre, un courrier a été déposé à la mairie annexe Pasteur-Bon Voyage. Un texte injurieux, raciste et antisémite dans lequel l’élu maralpin est nommément évoqué. Il n’est pas le seul, car la Ville et d’autres hommes et femmes politiques de divers partis, sans être cités, sont attaqués.
La municipalité a déposé plainte. Des menaces de mort qui visent à la fois le maire, mais aussi les Palestiniens et des Juifs, et qui s’accompagnaient d’une étoile de David. L’enquête est en cours pour découvrir l’auteur de ces propos.
Ce n’est pas la première fois que Christian Estrosi (qui est catholique) et sa famille sont ainsi pris à partie, que ce soit par les réseaux sociaux ou des courriers. Deux individus avaient notamment été condamnés à de la prison ferme en 2023 pour des menaces à l’encontre du président de la Métropole.
Des tracts reprenant les avis de recherche pour Nétanyahou
Mais ce n’est pas tout. Lundi 6 octobre, les Niçois ont peut-être aperçu des affiches particulières sur la place du palais de Justice ou sous les arcades de Masséna. Il ne s’agit pas de tracts pour la future campagne électorale, mais de portraits de Christian Estrosi placardés comme des avis de recherche, pour « complicité de crimes de guerre et génocide ».
Une référence à Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, bien que ces qualifications ne fassent pas consensus. Il est également qualifié de « maire sioniste de Nice », ce que la préfecture des Alpes-Maritimes désigne comme des « propos antisémites et diffamatoires ». Affirmant que « l’État ne cèdera jamais face aux intimidations et aux actes violents », elle précise que « les services de police sont très mobilisés pour identifier et retrouver » les responsables.
L’olivier en l’honneur d’Ilan Halimi arraché
Une plainte a pareillement été déposée, tout comme à Menton. Dans la commune voisine de l’Italie, c’est l’arbre planté en l’honneur d’Ilan Halimi qui a été arraché. Un olivier-symbole, pour saluer la mémoire de ce jeune homme juif de 23 ans enlevé puis torturé par « le gang des barbares » en 2006, non loin de Paris.
Installé dans le jardin Simone-Veil depuis août 2025, l’arbuste méditerranéen a été volé mercredi 2 octobre. Un autre jeune olivier a été replanté très rapidement par la commune.
Le maire Yves Juhel a dénoncé auprès de France 3 Côte d’Azur « un acte de vandalisme et, n’ayons pas peur de le dire, antisémite ». Un geste similaire à celui observé à Aubagne le lundi 6 octobre, avec la dégradation d’une plaque en hommage à Ilan Halimi à la veille des commémorations du 7 octobre.