Il y a des scènes auxquelles on n’aurait jamais imaginé assister. Voir le surpuissant centre néo-zélandais Ma’a Nonu, 108 kg, 103 matches avec les Blacks, une centaine avec le RCT, vainqueur de deux coupes du monde de rugby, se faire rentrer dedans à toute berzingue par Shady, trois ans et demi, figure assurément en tête de liste.

Hier après-midi, la salle de détente du service pédiatrie de Sainte-Musse a donc été le théâtre de cet affrontement surréaliste, où les stars du Rugby club toulonnais ont parfaitement joué le jeu de la Semaine du sport à l’hôpital. Organisée depuis des années par l’association Premiers de cordée, elle propose pendant cinq jours aux enfants hospitalisés des animations autour de différentes activités physiques.
« L’idée, décrypte Julia Conti, chargée de mission pour l’association, c’est de s’adapter aux lieux et aux pathologies des jeunes, et de leur offrir un petit moment d’évasion. »

Porté par le massif David Ribbans, Esteban Abadie a inscrit son quatrième essai avec Toulon.

Serin : « Il y a des choses plus graves que le rugby »

Lyna, 13 ans, écoute attentivement les conseils du pilier rouge et noir Dany Priso.
« Fais tourner un peu plus ton ballon. Voilà, comme ça. Super. »

La jeune fille s’applique, tout sourire.

« C’est une super expérience, glisse-t-elle. C’est impressionnant de rencontrer ces joueurs. Et ça fait du bien ce genre d’activité, ça change les idées. »

À côté d’elle, Chris s’éclate avec le centre Antoine Frisch, tandis que l’Anglais Ben White donne la réplique au tout jeune David en multipliant les efforts pour parler en français. Hilare et super sympa, Nonu, à genou, est aussi de la partie.

Quant à Baptiste Serin, il subit à son tour les assauts de l’inépuisable Shady.
« Il va bien dormir ce soir ! » se marre le demi de mêlée du RCT, avant d’ajouter : « C’est chouette de leur apporter un peu de sourires dans des moments qui sont compliqués pour eux. Quant à nous, ça nous fait aussi sortir de notre quotidien. Il y a des choses beaucoup plus graves que le rugby.  »

Dany Priso opine du bonnet : « Nous, on joue juste au ballon. Partager un moment comme ça avec eux, ça nous remet un peu les pieds sur terre. »

Impliqué dans quatre des cinq essais toulonnais, David Ribbans a aussi hissé les barbelés en défense. Une bonne habitude. Photos Frank Muller

« On le signe, ton plâtre ? »

Lisandro débarque tout juste dans la salle de jeu, le bras gauche en écharpe, opéré le matin même. Tout intimidé, il reste en retrait. Antoine Frisch s’assoit à côté de lui, un gros feutre à la main.
« On le signe, ton plâtre ? »
Petit hochement de tête.
« Je fais un smiley, aussi ? »
Rebelote.
« Tu m’as toujours pas dit comment tu t’appelles, d’ailleurs ? » l’interpelle gentiment Priso.

Autour, les équipes médicales et les familles n’en ratent pas une miette.
« C’est long ici, pour eux, souffle la maman de Shady, qui a tout immortalisé. Là ils rient, ils jouent. Et les joueurs sont tellement gentils. C’est génial. »