Après de premières projections pour les scolaires, le Festival international du film documentaire Amazonie-Caraïbes ouvre ce mardi soir ses portes. En ouverture de ce Fifac 2025, au Camp de la Transportation à Saint-Laurent du Maroni, le public pourra apprécier deux films, dont Pensionnats catholiques, la blessure. Le documentaire sera également projeté, hors les murs, ce jeudi à 19 heures à la Maison des mémoires et des cultures, à Rémire-Montjoly.

C’est une parole qui a longtemps été tue. Celle de nombreux Guyanais, amérindiens pour la plupart, qui ont subi un déracinement à l’intérieur même de leur pays. Le film Pensionnats catholiques indiens, la blessure, met un coup de projecteur sur le drame vécu par de nombreuses familles.

De 1930 à 2012, ils sont plus de 2 000 enfants à avoir été éloignés de leur famille et coupés de leur culture, soumis à une évangélisation et une assimilation forcée dans ces lieux qu’on a appelés les « homes indiens ». Réalisé par François Reinhardt et écrit par Hélène Ferrarini, le documentaire a été produit par Véronique Chainon.

« Je suis Guyanaise, et je me suis vite rendue compte qu’il n’y avait pas une Guyane, mais des Guyanes, indique la réalisatrice. Jeune, avec mes amies amérindiennes, nous portions des colliers de perles. J’ai fait un stage de musique à Sainte-Rose-de-Lima, bu mon premier cachiri… Pourtant, malgré tout cela, je ne connaissais pas vraiment ma terre. »

Pensionnats catholiques indiens, la blessure

©Bérénice Médias Corp

Lors d’un reportage, elle rencontre Agnès, l’une des dernières pensionnaires du home de Mana. « En la regardant, j’ai compris qu’il y avait une histoire qui m’échappait, une histoire présente dans les silences, rarement dans les mots. C’est ce même sentiment que j’ai ressenti en produisant le film de Christophe Yanuwana Pierre, Untɨ, les origines. »

Le livre d’Hélène Ferrarini, Allons enfants de la Guyane, sur les homes indiens, est un point marquant pour Véronique Chainon. Deux ans plus tard, c’est justement au Fifac que les choses se jouent. « J’ai voulu rencontrer Hélène pour voir s’il était possible de travailler avec elle et avec François Reinhardt. Il ne connaissait pas les « homes », mais il a une sensibilité rare et l’habitude de filmer l’histoire. Alors, on a fait ce film-là. »

Pensionnats catholiques indiens, la blessure

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Une projection a lieu à Mana, le film sera également diffusé sur France 5 et lors du festival des Révoltés du monde, en juin 2025, à Cayenne. « Le film permet de délier les langues, de donner la parole. C’est un film sur la douleur et sur la résilience, sur un pan méconnu de l’histoire française. Il parle de nous, d’un peuple multiple qui cherche à comprendre, pour mieux s’accepter et mieux s’aimer. »

Pour Véronique Chainon, le choix du sous-titre, La blessure, est lourd de sens. « Ce qui reste de ces entretiens, c’est une blessure intergénérationnelle, une douleur qui se transmet, comme un héritage, comme une malédiction. C’est ce que j’ai ressenti lors de la projection au festival Les Révoltés, quand les petits-enfants d’Agnès m’ont parlé de l’impact que le film avait eu sur leur éducation. »

Pensionnats catholiques indiens, la blessure

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Le documentaire sera également projeté, dans le cadre du Fifac hors les murs, ce jeudi 9 octobre 2025 à 19 heures à la Maison des mémoires et des cultures, à Rémire-Montjoly.