Posted On 6 octobre 2025
Après les résultats du 1er tour qui ouvrent la voie à une victoire de l’opposition et l’affaire du test de second tour défavorable à Ruffin (donc favorable à Carignon) non publié, ce sont les errements de l’institut Cluster17 et la manière dont la réalité électorale a été travestie par le commanditaire du sondage (l’ADES, groupuscule Rouge/Vert local) que nous examinons aujourd’hui.
« CLUSTER17 », SONDEUR FAVORABLE À UN CAMP ?
Cluster17 se présente ainsi comme « un laboratoire d’étude de l’opinion » et « un média d’analyse en ligne ». Problème, qui expliquerait pourquoi l’ADES a eu recours au service de cet institut plutôt qu’à un autre : ses prises de position sont régulièrement encensées par la France Insoumise, bien plus qu’elles ne sont reprises par n’importe quel autre parti. Rien de très étonnant à ce que le sondage apparaisse donc, au 1er coup d’oeil, comme favorable au camp Piolle.
505 PERSONNES INTERROGÉES POUR UNE VILLE DE 156 000 HABITANTS
Pour Grenoble, la méthode du sondeur a consisté à sélectionner un échantillon de seulement 505 personnes. Pour une commune de 156 000 habitants, on peut légitimement penser que c’est un peu court (cela créé une marge d’erreur de + de 3 points pour Laurence Ruffin, testée à 30%). Tout comme le délai l’était aussi : les interviews par questionnaire en ligne auraient été réalisés entre le 3 et le 9 septembre derniers, puis collectés, analysés et synthétisés en deux semaines. Très rapide pour un exercice du genre.
UN QUESTIONNAIRE TRÈS ORIENTÉ, DÉCOURAGEANT POUR
Puisque c’est l’ADES qui a commandé le sondage, le questionnaire est entièrement centré sur des questions politiquement très marquées (végétarisme, vote des migrants aux municipales, etc) et des « propositions d’avenir » qui ne sont qu’une resucée des projets que poussent les Verts/LFI, évidemment présentés sous un jour très favorable. L’ensemble est tellement orienté que l’électeur sondé qui ne se reconnait pas dans ce verbiage et ces thèmes a tôt fait de ne pas aller au bout du questionnaire et de jeter l’éponge !
Une courte majorité de grenoblois souhaite atteindre « 30% de logements sociaux » : la question est ainsi présentée pour qu’on y soit favorable puisqu’on explique pas les conséquences (5000 HLM supplémentaires, paupérisation de la ville, bétonisation qui aggravera les ilots de chaleur..)
UN SCÉNARIO ORIENTÉ POUR ÊTRE FAVORABLE À LAURENCE RUFFIN…
Dans la même veine, l’ADES a orienté Cluster17 vers des configurations de candidats farfelues pour travestir la réalité du terrain électoral grenoblois. Ainsi l’hypothèse 1 vendue au DL est celui d’une liste Ruffin bien en tête… car alliée à LFI, ce qui n’est pas le cas puisqu’Allan Brunon présente une liste autonome. Et en omettant d’intégrer les candidatures de Romain Gentil (gauche sociale démocrate) et du Grenoble Alpes Collectif (extrême-gauche), pourtant déclarés, pour gonfler encore Ruffin.
… EN USANT DE TOUTES LES APPROXIMATIONS ET INVENTIONS POSSIBLES
En outre, le sondage attribue 11% à une candidature d’Émilie Chalas (Renaissance), que rien ne confirme à ce jour. L’existence d’une candidature RN-UDR de Valentin Gabriac est présentée comme l’évidence, alors qu’il n’est pas du tout acquis à ce jour qu’il parvienne à déposer une liste. Enfin, la candidature de Romain Gentil (dans l’hypothèse 2) est présentée comme une liste uniquement liste Place Publique, alors qu’il se présente avec une coalition qui compte aussi Equinoxe et le Parti Radical de Gauche.
LE SONDAGE RÉALISÉ AVANT LE DÉBUT DE CAMPAGNE
Pour finir, réalisé tout début septembre, avant le début de cette année électorale, le sondage ne pouvait pas tenir compte des dynamiques enclenchées depuis. Notamment celle autour d’Alain Carignon avec l’élargissement de son cercle de soutiens et l’affluence massive des Grenoblois pour le « coup d’envoi du changement », son lancement de campagne, le 19 septembre dernier avec de nombreuses personnalités grenobloises.
La foule pour le coup d’envoi du changement autour d’Alain Carignon
DES « ÉCHECS SONDAGIERS RETENTISSANTS »…
Si Ève Moulinier rappelle prudemment dans le Dauphiné libéré « qu’un sondage reste un sondage, que ce n’est pas une prédiction », elle rappelle aussi que Grenoble a connu des « échecs sondagiers retentissants… ». Et on ira plus loin en rappelant que Cluster17 aussi : depuis 2021, année de naissance de « Cluster17 », sur les trois élections qui ont rythmé la vie politique des Français (présidentielles de 2022, législatives de 2022, législatives de 2024), les chiffres présentés ont divergé radicalement des résultats réels… à au moins 17 reprises.
… AVEC DES ÉCARTS SIGNIFICATIFS PAR LE PASSÉ
Si l’on peut dire que le sondeur mériterait le bonnet d’âne de la profession pour ces erreurs, elles présentent parfois un écart tel qu’elles laissent sans voix. Le cas le plus significatif est sans doute celui de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles de 2022, présenté avec jusqu’à 9 points d’écart par rapport au résultat final. Jean-Yves Dormagen, entendu en commission parlementaire à l’Assemblée en mai dernier, reconnaissait qu’« on surestime parfois le caractère innovant de [son] approche »…
En 2022, rappelons que la commission des sondages avait estimé que « les méthodes de travail de Cluster 17 et la faiblesse des moyens mis en œuvre font douter de la qualité des sondages produits »…
LES VERTS/ADES TORDENT LA RÉALITÉ…
Avec une telle distance entre projection et réalité, et une réalité électorale tellement tordue par l’ADES, on peut légitimement douter de la pertinence du sondage. Pour l’officine du clan Avrillier/Comparat, faire appel à cet institut contesté et qui lui semble très favorable était sans doute la meilleure stratégie. Mais même ainsi, les hypothèses de 1er tour laissent entrevoir une belle possibilité de victoire pour l’opposition emmenée par Alain Carignon… et l’ADES a été contraint de cacher les résultats du sondage de second tour, car visiblement trop favorables à Carignon !
Malgré tous ses stratagèmes, l’ADES ne parvient pas à occulter les faits : une victoire d’Alain Carignon est ouverte pour le second tour grâce aux reports de voix
… MAIS FINISSENT MALGRÉ TOUT EN ARROSEURS ARROSÉS
« Réconcilier Grenoble » en a réclamé la publication, obligation légale, à la commission des sondages. Leur révélation devrait faire l’effet d’une bombe. C’est l’arroseur arrosé : en cherchant avec cette étude à se rassurer plutôt qu’à assumer, à se complaire plutôt qu’à comprendre, les Verts/ADES risquent bien d’accélérer leur chute. Malgré Cluster17 comme chef d’aiguillage pour les municipales, le train de Laurence Ruffin a bien peu de chance d’arriver à l’heure en gare de Grenoble.