Par
Dorine Goth
Publié le
8 oct. 2025 à 7h14
Son évacuation express par mesure de sécurité a laissé un souvenir traumatique. Près de quatre ans après l’abandon de la tour Obélisque à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le gratte-ciel 32 étages est en passe de s’offrir une nouvelle vie. Alors que son avenir restait incertain, avec par-ci par-là l’évocation de sa destruction ou encore son rabotage, la tour devrait rester plantée dans le paysage spinassien. « Ce serait un non-sens de le détruire. Ce bâtiment est un signal que l’on aperçoit depuis le Val-d’Oise », commente Hervé Chevreau, maire DVD de la commune à actu Paris. Cette année, un protocole d’accord a été signé entre CDC Habitat et le géant de la construction Eiffage et le cabinet d’architecte Vincent Lavergne après un appel à manifestation d’intérêt. Il prévoit notamment d’installer sur ses derniers étages une ferme photovoltaïque verticale. « C’est novateur ! Ce serait une première en France », se réjouit l’édile.
Ferme solaire et résidence intergénérationnelle
Traditionnellement, ces dispositifs sont plutôt installés sur des grandes étendues ou sur les toits des habitations. Cette fois-ci, ce sont les façades -est, ouest et sud- de l’immeuble qui seront entièrement recouvertes entre les 20e et 32e étages avec des panneaux solaires à la place des fenêtres. À l’intérieur, la tour sera entièrement nue. L’électricité produite pourra être utilisée pour l’alimenter et être revendue. « Ce qui est sûr, c’est que ce sera trop pour un seul immeuble », projette l’édile.
Quant aux étages inférieurs, ils retrouveront vie. Deux propriétaires ouvriront une résidence intergénérationnelle. Entre le 1er et le 11e étage, une résidence pour séniors puis une résidence étudiante entre le 12e et le 17e étage. Au rez-de-chaussée, des équipements d’activités ou municipaux pourraient être installés. Le projet en est encore à la phase d’étude.
Demande de sortie de l’IGH
Ce montage habile permettrait à l’immeuble de se libérer de son fardeau : sa classification en immeuble de grande hauteur (IGH), qui impose la présence d’un pompier 24h/24. C’est cette classification et la mise aux normes de l’immeuble dans les années 2000 qui avaient mis exsangues les copropriétaires précédents. Avant son évacuation sur ordre préfectoral pour « risque de chute des balcons », les impayés de charges s’élevaient à 1,4 million d’euros. Depuis, une ordonnance de carence a été prononcée par le tribunal de Bobigny.
« Aujourd’hui, il est impératif de sortir de la classification IGH pour que le projet soit viable », plaide Hervé Chevreau. Une demande a été déposée à la préfecture en ce sens. L’élu espère une réponse « d’ici la fin de l’année ». Si l’accord de la préfecture est donné, les travaux devraient commencer en 2026 pour une livraison en 2028. Une revanche pour le maire, qui s’était battu pour que la tour ne soit pas évacuée. « On voit aujourd’hui qu’elle est toujours debout et qu’aucun bloc de béton n’est tombé en quatre ans. Aujourd’hui, on va pouvoir refaire de l’habitation et ce sont des équipements dont on a besoin », se réjouit Hervé Chevreau.
La réhabilitation de la tour Obélisque s’inscrit dans le projet plus large du chantier ANRU du quartier d’Orgemont. Tout autour, 1 100 logements des années 50 vont prochainement être détruits pour reconstruire, à l’horizon 2040, 1 300 autres habitations.
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