À 21 ans, Pierre Damond a déjà tout d’un grand. À commencer par ses bras. Né le 27 novembre 2003 à Saint-Tropez, le massif talonneur (1,81 m pour 111 kg) fait partie des derniers « vrais » tropéziens. « C’est une petite fierté, sourit-il. La clinique a fermé quelques mois après ma naissance. Ici, ça me vaut un beau petit surnom. David Ribbans m’appelle “Saint-Tropez”. Tout simplement. »
S’il est né dans la cité du Bailli, Pierre Damond a grandi du côté de Cogolin avec son frère Baptiste, de deux ans son aîné, et ses parents, Yves et Maria-Pia. Née à Buenos Aires, sa maman lui a transmis son amour pour l’Argentine. « J’ai plus de famille là-bas qu’en France, confie-t-il. J’y suis allé quelques fois. Avec mon frère, on est très fiers de nos origines et de tout l’héritage qui va avec. On peut dire que ça occupe une belle et grande place dans notre famille. »
« Je voulais juste être avec mes potes »
S’il se met au rugby à l’âge de neuf ans, Pierre Damond s’était essayé, plus tôt, au tennis. « Mon frère en faisait, alors j’ai suivi. Même si au fond, ce que j’aimais, c’était l’escrime, se marre le jeune talonneur. Je ne sais pas pourquoi, ça m’a toujours plu. J’aurais voulu en faire ! Mais je n’ai jamais essayé. » Et finalement, c’est l’amitié qui le mènera vers le ballon ovale. « Je voulais juste être avec mes potes. Ils jouaient tous au rugby, alors j’ai voulu essayer aussi. Je me suis régalé… et je n’ai plus jamais lâché. »
Ses premiers souvenirs ? « Partir tous les week-ends, lâche-t-il avec des étoiles plein les yeux. On avait l’impression d’aller à l’autre bout de la France, alors qu’on partait juste à Hyères ou Toulon. On se croyait dans un road trip. On mangeait des chips et des vieux sandwiches, c’était génial. Et surtout, c’est un peu le début de tout pour moi. Alors oui, j’en garde de très bons souvenirs. »
Sous le maillot du Rugby club du Golfe, Pierre Damond s’éclate. Et performe. Jusqu’à finalement tenter une détection à Toulon. « À Grimaud, avec nos éducateurs, on avait monté un petit groupe pour tenter notre chance, raconte-t-il. On a fait un minibus pour descendre et ça s’est plutôt bien passé pour moi. C’est comme ça qu’à 12 ans, j’ai pris ma première double licence. Je pouvais m’entraîner et jouer avec les deux clubs. C’était top. »
Et s’il appréciait Roger Federer, Jonny Wilkinson, Matt Giteau ou Guilhem Guirado, gamin, Pierre Damond n’avait pas de posters dans sa chambre… et qu’un seul modèle : son père. « Je l’idolâtre encore d’ailleurs. Mais c’est vrai que quand j’étais petit, je ne voyais que par mon père. C’était le king pour moi. »
« J’aimais mener le groupe »
Minot, la « Dam’s » de son autre surnom, n’était pas « un grand fan de l’école ». Il poursuit, tout sourire : « Mes profs disaient que j’étais un élément perturbateur. Il fallait que je me canalise. Avec mes copains, j’étais toujours le premier à faire l’idiot ou une connerie. J’étais déjà un peu le premier partout. Pas en termes de performance, mais plutôt dans le sens où j’aimais bien mener le groupe et faire les choses. »
Aujourd’hui, Pierre Damond a bien grandi. Bien évolué. Que ce soit dans la vie, ou dans le rugby. Tellement qu’en mai dernier, il a prolongé son aventure dans son club de cœur (lire ci-contre) jusqu’à juin 2027. Et que ce soit à Mayol ou aux quatre coins du pays, le talonneur représente fièrement son petit village de Saint-Tropez, son club de Grimaud et même son Argentine maternelle. La tête haute, comme toujours avec lui.
« Mon club de cœur, d’enfance… de vie »
Une carte à jouer. Pierre Damond le sait, en ce début de saison, il a l’occasion de marquer de gros points. Gianmarco Lucchesi toujours convalescent et absent encore au moins un mois et demi, Mickaël Ivaldi, joker médical tourné vers la transmission, le minot enchaîne. La preuve ? Il a disputé les quatre premiers matches, dont deux en qualité de titulaire. « Je dois réussir à gratter un peu plus de place, raconte-t-il. C’est le but de ce début de saison. J’ai une bonne opportunité pour montrer aux coaches et aux mecs, surtout, que je suis capable. La validation du groupe compte beaucoup pour moi. Si les gars n’ont pas envie de jouer avec toi, ça ne sert à rien. »
« Je sens qu’il veut que je réussisse »
S’il a participé à toutes les rencontres, Pierre Damond va s’avérer encore plus indispensable pour Pierre Mignoni ces prochaines semaines. Avec Mickaël Ivaldi touché aux cervicales et indisponible, il est, avec Teddy Baubigny, le seul talonneur prêt à jouer. « ç a fait chier pour Micka, poursuit-il. Il est super important pour le groupe. Avec moi, il a vraiment le rôle de l’ancien. Il m’accompagne beaucoup. Il me conseille. Il a énormément d’expérience et me donne plein de tips auxquels je n’aurais pas forcément pensé. Il est très blagueur, on s’entend vraiment bien. Je sens qu’il veut que je réussisse. Il a envie que j’y arrive, c’est comme ça que je le ressens. »
De plus en plus intégré au groupe, Pierre Damond a prolongé, en mai dernier, et est désormais lié jusqu’en juin 2027 avec le RCT. Une fierté pour le Tropézien de naissance : « Toulon, c’est mon club de cœur, d’enfance… de vie. Cela fait plus de 10 ans que je joue ici. »
Quel projet Pierre Mignoni lui a-t-il présenté pour resigner ? Quel discours lui a-t-il tenu ? Il raconte : « Il m’a dit qu’il comptait sur moi, et qu’il voulait que je me montre plus, que je me donne plus. Le Top 14, ce n’est pas le niveau Espoirs. C’est le meilleur championnat du monde et si tu veux jouer, il faut toujours plus. »
Désormais pleinement lancé chez les grands, Pierre Damond, qui devrait démarrer sur le banc ce samedi soir à Clermont, n’a maintenant plus qu’à « s’envoyer à 2 000 % », pour le paraphraser.