Par

Thomas Bernard

Publié le

7 oct. 2025 à 18h02

Le dimanche 13 juillet 2025, l’agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire a pérennisé le dispositif d’accès régulé aux urgences de Loire-Atlantique la nuit (20 h – 6 h du matin) pendant trois ans. Un dispositif afin de « mieux orienter les patients en fonction de leur besoin de santé et de préserver les conditions de travail des professionnels de nuit dans les services des urgences », indique l’ARS. Cette régulation impacte le quotidien des assistants de régulation médicale (ARM) du Samu du CHU de Nantes dont l’activité augmente. En grève depuis le 30 septembre 2025, les assistants revendiquent « des effectifs à la hauteur des besoins de jour comme de nuit pour pouvoir répondre aux besoins des usagers dans des délais raisonnables et ainsi assurer leur propre sécurité et celles des patients ». Les grévistes ont fait part de leur situation lors d’une conférence de presse, organisée ce lundi 6 octobre 2025.

« Un délai d’attente ultra-anxiogène »

Les ARM décrochent le téléphone lorsque les usagers appellent le 15. Après une évaluation « du degré d’urgence » via un protocole, les agents dirigent la personne vers la médecine libérale ou les urgences. « Nous sommes le premier maillon de la chaîne des secours », rappelle Carole Vince, ARM depuis 42 ans.

Depuis un an, les assistants ont constaté une hausse de l’activité de « plus de 15 % » alors que les effectifs n’ont pas progressé. Les professionnels sont épuisés et l’absentéisme augmente. « On n’a pas les moyens de faire notre travail correctement », déplore Lou Jolivet, ARM depuis trois ans.

50 personnes composent l’équipe ARM du CHU de Nantes, dont une vingtaine de grévistes. Assignés, ils continuent d’exercer leur profession. La régulation médicale aux urgences a densifié l’activité des ARM, allongeant le délai d’attente au téléphone. Selon le personnel gréviste, les usagers peuvent « attendre jusqu’à 4 heures pour avoir un médecin au téléphone ».

Une situation stressante pour les ARM, en première ligne en cas de complication médicale comme après le décès de Naomi Musenga à Strasbourg en 2017 après un appel au Samu.

« Ce délai d’attente est ultra-anxiogène. Sur des douleurs abdominales ou sur des malaises, c’est tellement compliqué à avoir toutes les infos. On peut rentrer chez nous et savoir que les gens sont encore en attente de ces 4 heures et qu’ils n’ont toujours pas été régulés. À tout moment, il peut se passer des choses horribles. Des douleurs abdominales peuvent se terminer en arrêt cardiaque, si ce n’est pas pris en charge et qu’un médecin n’a pas lui-même évalué », expose Séverine Guinée, ARM depuis 9 ans.

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« On arrive au bout du bout »

En semaine, les ARM du Samu peuvent recevoir entre 1 600 à 2000 appels par jour, et entre 2000 à 2 500 appels par jour le week-end. « Les gens nous sollicitent plus car ils n’ont parfois plus de médecin traitant », indique Carole Vince, ARM depuis 42 ans.

« On donne une surcharge de travail supplémentaire à ce service. Et pour autant, on ne lui donne pas les moyens », déplore Olivier Terrien, secrétaire général CGT CHU de Nantes.

On arrive au bout du bout, on n’en peut plus. On a beaucoup, malheureusement, d’arrêt de travail chez nous.

Carole Vince
ARM du Samu du CHU de Nantes

Les grévistes ont participé à deux réunions avec la direction du CHU de Nantes.

« L’augmentation de l’activité observée depuis plusieurs mois au Samu a conduit la direction du CHU de Nantes à mettre en place des actions adaptées aux besoins des professionnels », indique le CHU dans un communiqué. L’établissement de santé cite notamment « la mise en place de renfort nocturne suite à la mise en place de l’accès régulé aux urgences pour les 6 premiers mois de l’année ».

En amont de la conférence de presse, le CHU de Nantes a transmis un communiqué de presse. Dans ce document, l’hôpital public annonce la mise en place « d’actions à court terme » : le recrutement de deux ARM supplémentaires la nuit, le recrutement de cinq ETP (équivalents temps plein) d’opérateurs de soins non programmés (OSNP) – en appui des médecins pour les prises de rendez-vous par exemple – mais aussi « la création d’un poste de superviseur en janvier 2026 pour améliorer la fluidité des différents circuits ».

« C’est une annonce pour l’instant. Après le début de la grève, on a su qu’il y avait cette création de deux postes sous couvert de financement, ce qui est la réponse à tout le reste », note Lou Jolivet. Selon les assistants, le CHU serait dans l’attente de fonds de l’ARS des Pays de la Loire.

Les assistants de régulation du Samu ont rendez-vous avec l’ARS, mardi 14 octobre.

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