Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné ce mercredi 8 octobre six personnes pour un trafic de prégabaline entre la Grèce et la France. Les peines, toutes assorties de sursis, vont de 18 mois à trois ans de prison. Quatre prévenus étaient détenus provisoirement : trois sortiront immédiatement, leur détention couvrant la peine, tandis que deux des condamnés se voient interdire le territoire français pendant cinq ans.

Selon le dossier, ce « réseau international » a alimenté la métropole entre octobre 2022 et avril 2024 via des mules en avion et des colis postaux (dont DHL). Au total, plus de 300.000 gélules, valorisées à plus de 600.000 euros, auraient transité entre la Grèce et Marseille.

La « drogue du pauvre »

L’affaire a pris corps à l’automne 2023 lorsqu’un contrôle douanier à l’aéroport de Marignane (Marseille) avait permis de découvrir plus de 10.000 gélules dans les bagages d’une assistante radiologue arrivée d’Athènes. L’enquête a établi qu’elle avait effectué près d’une vingtaine d’allers-retours tandis que d’autres lots partaient par la poste ou DHL.

La prégabaline, un antiépileptique également prescrit contre l’anxiété, est de plus en plus détournée pour ses effets psychoactifs, au point d’être surnommée la « drogue du pauvre ». Face à la hausse des addictions et du mésusage, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a durci en 2021 les règles de prescription. Les autorités de santé alertent sur un public majoritairement masculin, jeune et précaire, parfois en détention ou en centre de rétention.

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À l’audience, les avocats ont décrit des trajectoires de survie : petits boulots, loyers impayés, consommation devenue dépendance, puis revente sur marchés ou cafés. « Ce sont des gens qui sont dans la précarité », a plaidé Me Bruce Blanc, « des petites mains » prises dans « quelque chose de beaucoup plus important et de beaucoup plus international ». Après le délibéré, Me Maximilien Neymon a salué une « justice humaine » ayant « pris le temps d’écouter les défenses ».

Sur les six prévenus, l’un a été jugé en son absence (en fuite) et la passeuse grecque demeure sous contrôle judiciaire en Grèce. Si le volet marseillais se referme, l’affaire illustre la montée des trafics de médicaments détournés… et les fragilités sociales sur lesquelles ils prospèrent.