Ces dernières années, plusieurs bâtiments ou ensembles de friches sans vie ont progressivement repris vie. Restaurants, magasins ou lieux alternatifs, ils donnent un nouveau souffle à Strasbourg. Petit récapitulatif de certains d’entre eux.

Pour une ville, parvenir à transformer ses friches industrielles est une manière de prouver son dynamisme économique et politique. Sur ce point-là, Strasbourg s’est activée ces dernières années, en redonnant vie à plusieurs espaces qui étaient tombés en désuétude.

Au sein de cet article, on se concentre davantage sur la renaissance de lieux de consommation ou alternatifs, plutôt que sur des projets immobiliers. Sinon, on aurait évidemment pu mentionner l’éco-quartier Danube, les projets urbains Archipel 2 et les Deux-Rives dans leur ensemble. Par ailleurs, on évoque ici des lieux qui ont déjà repris une activité, pas ceux qui sont en attente : on aurait pu parler de la friche Schutzenberger à Schiltigheim, ou encore de l’ancien hôpital militaire Lyautey.

archipel 2

deux rives vue

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brasserie schutzenberger schiltigheim

© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les friches réhabilitées
La Coop

C’est sans aucun doute l’une des friches réhabilitées les plus emblématiques de ces dernières années. Née en 1902 de la volonté de 125 ouvriers/ères d’acheter et de redistribuer des produits alimentaires de façon plus juste, la Coop Alsace s’est installée au Port du Rhin en 1911, avec finalement plus de 100 000 sociétaires et plus de 500 supermarchés coopératifs dans le Bas-Rhin. Mais en 2015, ses activités prennent fin et le site tombe en friche.


Coop + ateliers ouverts + cric + garage coop © Fanny Soriano / Pokaa

Sous l’impulsion de la mandature de Roland Ries (2008-2020), le projet Deux-Rives prend forme et intègre au sein du Port du Rhin plusieurs nouveaux quartiers, dont celui de la Coop. Contrairement aux autres qui sont davantage à vocation résidentielle, la Coop est un lieu d’accueil pour la culture avec le bâtiment La Virgule : on y retrouve le Garage Coop, le CRIC et les Ateliers Éclairés, soit autant d’acteurs/rices créatifs/ves.

Le quartier intègre désormais également Kaleidoscoop, un tiers-lieu transfrontalier autour de l’emploi et de l’économie sociale et solidaire, la Cave à Vins, qui attend son food court, et l’Union Sociale, qui héberge le nouveau Pôle d’étude et de conservation des Musées de la Ville de Strasbourg. Enfin, en plus de logements, le quartier accueillera bientôt la toute nouvelle Maison des Syndicats et son café, un des (trop) rares du secteur.

kaleidoscoop

cave à vins coop

1. © Christophe Urbain – Kaleidoscoop / Document remis ; 2. © Nicolas Kaspar / Pokaa

La Manufacture des tabacs

Inoccupée depuis 2010 après une histoire remplie de destruction et de reconstruction entre la France et l’Allemagne, la Manufacture des tabacs a officiellement repris vie à la fin de l’année dernière, mettant un point final à une longue période de travaux. Car s’il avait notamment pu permettre aux Strasbourgeois(es) de profiter d’un été assez incroyable en pleine Coupe du Monde 2018, le lieu a connu son lot de chantiers depuis 6 ans.

manufacture tabac krutenau

The-people

1. © Nicolas Kaspar / Pokaa ; 2. © Document remis

Ce bijou architectural niché au coeur de la Krutenau veut désormais être un lieu à la fois créatif et innovant. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ses occupants. Côté consommation, on y retrouve The People Hostel, un bar et auberge de jeunesse nouvelle génération, Kooma, une épicerie et magasin de producteurs/rices bio et durables, et le Karmen Camina, un café-bar qui fait aussi club.

Côté écoles et innovation, le lieu héberge également l’ENGEES, l’EOST, le laboratoire de recherche ICube, la HEAR, le pôle entrepreneurial et d’innovation Semia, Digital Village et le Studio Lab’ut dans la création audiovisuelle. De nombreux/ses acteurs/rices dans un espace de 22 000 m2 qui a en plus récemment bénéficié de travaux sur ses abords, désormais bien plus accueillants pour les vélos et les piéton(ne)s.


Karmen Camina

Karmen Camina

1. © Simon Fath / Document remis ; 2. © Maison Monnot / Document remis

10 ans Pokaa événement anniversaire Doufteu © David Levêque / Pokaa

La Grenze

Situé rue Georges-Wodli, dans une friche ferroviaire résultant d’une partie des anciens entrepôts techniques de la SNCF, le projet a été imaginé par le collectif « La Grenze », issu de l’économie sociale et solidaire. L’objectif ? Expérimenter un nouveau lieu et de nouvelles façons de vivre ensemble.

Bien implantée depuis 6 ans maintenant, les Strasbourgeois(es) peuvent aller à la Grenze pour des concerts, des conférences, du théâtre, mais aussi pour aller boire un coup ou manger un bout. Il est même possible d’y faire du sport une fois par semaine à prix libre et conscient, et des dimanches dédiés au bien-être avec cours de yoga et massages à prix libre sont proposés. Bref, un îlot de calme loin de l’agitation de la ville.

Strasbourg été la grenze restauration © Adrien Labit / Pokaa

La Grenze

La Grenze

© François Freundlich / Documents remis

Le Phare Citadelle

Dans un projet Deux-Rives qui ne manquait pas de friches, le Phare Citadelle s’est élevé pour illuminer le quartier. D’abord à l’été 2021, avec un projet éphémère de restauration au bord de l’eau, puis depuis 2022, où le lieu occupe désormais, en format tiers-lieu, les Halles Citadelle (les anciennes halles portuaires et leurs abords).

On y retrouve toujours de la bonne bouffe et de quoi bien boire, et la programmation s’est depuis bien étoffée, avec des concerts, soirées dansantes, conférences, expositions, brocantes, initiations et ateliers pédagogiques. Un lieu de vie animé quasiment toute l’année, et qui permet d’avoir un écrin de vert les pieds (presque) dans l’eau.

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© Coraline Lafon / Pokaa

phare citadelle © Coraline Lafon / Pokaa

Les anciens bâtiments emblématiques
L’ancienne brasserie Schützenberger de la place Kléber

À l’abandon pendant 17 ans, l’immense brasserie Schützenberger imaginée par Jean Nouvel a longtemps été la carie que la place Kléber ne réussissait pas à boucher. Rachetée par le groupe immobilier Oussadon et Benarroch en 2019, la géante endormie a patiemment entamé des travaux, avant de trouver chaussure à son pied. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit d’une sneaker.

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© Documents remis

En octobre 2023, c’est en effet l’enseigne Foot Locker qui a débarqué sur la place Kléber. Avec un marché de la basket et des sneakers en plein essor, la marque devait se sentir à l’étroit dans son local de la rue du Vieux-Marché-aux-Vins et a décidé de sauter le pas pour remplir les 700 m2 de l’ancienne brasserie. Cela ne redonnera pas de la singularité à la place Kléber, mais ça redonne de la vie à la place, bien plus dynamique depuis quelques mois.


footlocker place kléber

Le Stork, faisant renaître la Strassburger Bank

Le Stork représente sans doute, plus qu’aucun autre, le fait de créer des projets en plein Covid-19 : prêt à ouvrir dès janvier 2021, il a dû patienter six mois supplémentaires, avant de permettre aux Strasbourgeois(es) de découvrir son joli comptoir central, sa verrière perchée à 8 mètres de haut et son design léché.

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The Stork-Strasbourg

© Vivien Latuner / Pokaa

Surtout, ce lieu a permis de redonner vie à un bâtiment sérieusement délabré après 30 ans d’inactivité : la Strassburger Bank, édifice datant de 1897. Occupé ensuite par la BNP, puis par un particulier voulant en faire une salle de ventes aux enchères, l’édifice prenait depuis la poussière. Avant le pub anglais, c’est Big Mamma qui devait y installer ses pizzas, mais une mésentente entre le groupe et le propriétaire avait mis fin au projet.

Depuis, c’est donc le Stork qui met Strasbourg, et l’immense bâtiment du 24 rue du Vieux-Marché-aux-Vins, à l’heure anglaise !

bar-soupe-salade-strasbourg-drunky-stork-social-club4 © Vivien Latuner / Pokaa

Chère Amie, la deuxième vie de l’Hôtel des Postes

L’ancien centre de tri, construit entre 1896 et 1899, était à l’abandon depuis un bon bout de temps, pas grand monde ne souhaitant reprendre un lieu avec un des prix au m2 les plus élevés de la région.

Ayant connu des démolitions lors de la Seconde Guerre mondiale, une reconstruction de son entrée principale ou encore le « casse du siècle » en 1971, l’ensemble historique avait été retapé entre 2019 et 2021 pour accueillir un nouveau programme immobilier.

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hôtel des postes

© Anthony Jilli / Pokaa

Depuis 2023, on y trouve une résidence séniors, des appartements et des bureaux, mais surtout une nouvelle brasserie : Chère Amie. Sortie de l’imagination du groupe Diabolo Poivre, qui a aussi investi l’ancienne Strassburger Bank, elle est ouverte en continu dans son espace de 500 m2 avec ses plats emblématiques de la culture des brasseries et des bouillons français, ses pâtisseries, ses cocktails et ses fruits de mer. Le tout, dans un lieu pensé comme une halle gourmande s’inspirant du passé de l’Hôtel des Postes.

Brasserie Chère Amie brasserie française diabolo Poivre © Bastien Pietronave / Pokaa

Madame C, la discrète adresse dans le coeur du centre-ville

Pour terminer, la petite nouvelle de la bande : Madame C. Adresse qui s’est discrètement installée à quelques mètres de la place du Marché-Gayot en juillet dernier, elle redonne vie à un lieu qui existe depuis au moins le 17e siècle, mais quelque peu oublié par la vie de la cité depuis des années.


Désormais, ce bar à cocktails, restaurant et hôtel particulier unique en son genre accueille des Strasbourgeois(es) en toute discrétion, à la recherche de plaisirs à boire et à manger, avec sa cuisine dite bourgeoise et ses cocktails, bien installé(e)s dans des fauteuils molletonnés.

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© Bastien Pietronave / Pokaa