C’est l’« unique grand évènement de course à pied 100 % gratuit en France ». Quand il a fallu s’acquitter de 150 € en moyenne pour obtenir un dossard pour le marathon de Paris, le 13 avril, et alors qu’il faudra débourser 75 € pour participer au Marathon Vert de Rennes le 26 octobre, la somme demandée pour s’inscrire à Tout Rennes Court, samedi 11 et dimanche 12 octobre, s’élève à… 0 € !
Pas vraiment une surprise, la gratuité est une tradition pour cet évènement depuis sa première édition, en 1982. « À l’origine, Tout Rennes Court était organisé par la ville de Rennes. Edmond Hervé (maire de 1977 à 2008) voulait promouvoir le tout nouveau centre piétonnier », rembobine Damien Lahaye, chargé de mission au sein de l’évènement. L’idée est donc de rendre cette course accessible à tous. Gratuite, donc. Depuis, 43 éditions plus tard, l’organisation a évolué. La Ville n’en est plus l’organisatrice officielle, elle a passé la main en 1995 à l’Association Tout Rennes Court, relayée depuis 2021 par l’asso COURSSS (Comité d’organisation d’union rennaise : sport, santé, solidarité), pilotée par le CPB Rennes et l’ASPTT Rennes. Le principe de base, lui, est resté : des courses 100 % gratuites.
30 000 coureurs, record battu
Un mantra qui en a fait un vrai succès populaire. Ce week-end, 30 000 coureurs battront le pavé et le bitume du centre-ville rennais. Un record. « Sur le dix kilomètres, on est passé de 7 000 à 9 000 places et sur le cinq kilomètres, on a augmenté la jauge de 3 000 à 5 000 ». Accueillir cette foule nécessite une organisation XXL. « On a un budget de 250 000 € cette année, et autant en apport de marchandises et apports humains, et 500 bénévoles ».
S’il peut présenter un budget « à l’équilibre », Damien Lahaye le doit « aux collectivités, Ville de Rennes et Région Bretagne. On est presque sur de la co-organisation avec la Ville de Rennes qui, en plus des subventions, nous fournit par exemple les barrières sur le parcours, les chapiteaux sur le village et s’occupe du repas de remerciement des bénévoles. Dans un autre territoire, je pense que ça ne pourrait pas tenir ».
Un financement partagé à 50 % entre fonds publics et privés
S’il y a quelques années, l’équilibre budgétaire était tenu grâce aux collectivités, « désormais, on est à 50-50 entre public et privé ». Avec le boom de la course à pied, les entreprises sont de plus en plus attirées par ce type d’évènement, comme les nouveaux venus Décathlon et Hellowork, qui ont rejoint les historiques Crédit Mutuel de Bretagne, Ouest France ou le Centre commercial Colombia. « La course à pied touche un public très large, toutes les tranches d’âges et le public féminin est de plus en plus important. Elles sont aussi sensibles à notre travail sur la santé, la solidarité et toute la partie éco responsable qu’on développe ».
Reste que la folie du running génère des coûts supplémentaires. « Qui dit plus d’inscrits, dit plus de dossards et ça nous coûte de l’argent car on offre les dossards qu’on paie au prestataire. Comme on augmente le ravitaillement et la sécurité supplémentaire. On a changé la zone de départ, on part du boulevard de la Liberté et la préfecture nous a demandé de ceinturer totalement le boulevard. Or, il y a beaucoup de rues perpendiculaires. » Là encore, Tout Rennes Court peut compter sur son partenariat avec la Ville de Rennes, « qui nous fournit des véhicules de son parc auto pour bloquer les rues ». Dans le même esprit, c’est Eau du bassin rennais qui met à disposition l’infrastructure pour se raccorder au réseau d’eau pour le ravitaillement en eau des participants.
Tee-shirts payants, don, restauration…
Pour faire rentrer de l’argent, l’organisation mise sur la restauration « qui marche bien auprès des coureurs et des accompagnateurs », mais aussi sur la vente de tee-shirts « finishers ». Ceux-là mêmes offert aux coureurs sur la majorité des courses payantes. « On ne peut pas se permettre d’offrir un tee-shirt, ça fait au contraire partie de nos rentrées d’argent ». Enfin, les coureurs sont invités, s’ils le souhaitent, à faire un don pour l’association organisatrice. Un premier pas vers la fin de la gratuité ? Absolument pas, à écouter l’organisation de Tout Rennes Court. « Ce n’est pas du tout prévu. Si la manifestation devait devenir payante, l’association organisatrice se poserait la question d’arrêter ou pas. La façon dont on voit les choses, c’est que le jour où il faudra payer Tout Rennes Court, Tout Rennes Court n’existera plus. »