Un accord avait été scellé entre les deux partis en janvier. Les discussions ont bien avancé malgré des rebondissements. Le contexte national peut toutefois encore faire bouger les lignes.
Pendant que la France traverse une crise politique nationale, des tractations d’un autre ordre se poursuivent au niveau local. À quelques mois des élections municipales, les négociations vont bon train à Nantes entre la droite et le centre. En janvier 2025, les deux formations ont annoncé s’allier pour récupérer la ville dirigée par la gauche depuis 1989. Mais, fin août, la victoire de Foulques Chombart de Lauwe à la primaire LR est venue chambouler le scénario. Le candidat de «la droite qui casse les codes» n’était pas celui attendu par les centristes. De quoi faire échouer l’union ?
Il semblerait que non. Dans un «confidentiel» publié le 5 octobre, La Tribune Dimanche écrivait que la haute-commissaire à l’enfance Sarah El Haïry renonçait à se présenter à Nantes. Le nom de l’ex-ministre, également conseillère municipale nantaise, a longtemps circulé pour incarner l’alliance. L’hebdomadaire ajoute que la centriste (Modem) vient même apporter son soutien à Foulques Chombart de Lauwe. Une information que des sources bien informées sont en mesure de confirmer au Figaro. «Ce n’est pas mon expression. Je vais m’exprimer dans les prochains jours. Pour le moment, on bosse», nuance Sarah El Haïry, contactée par nos soins.
«Les planètes sont en train de s’aligner»
Désignée pilote des municipales pour Renaissance, Valérie Oppelt, qui siège dans le même groupe municipal que Sarah El Haïry, tempère aussi les ardeurs. «J’ai rencontré Foulques, pas pour une négociation mais pour mieux comprendre le personnage et là où il veut aller. L’image que certains veulent lui donner n’est pas celle que j’ai vue». En d’autres termes, «les uns les autres le présentent comme un personnage sulfureux, trop tranché, trop à droite. Finalement, j’ai plutôt vu quelqu’un qui souhaite essayer de construire une coalition avec le centre». Et l’ancienne députée LREM de préciser : «Il y a une volonté de plus en plus forte d’additionner ce que l’on représente les uns les autres. C’est une addition et non une fusion».
«L’intérêt des Nantais, c’est d’avoir une coalition large qui batte une gauche qui s’unit malgré des divergences profondes», abonde de son côté Foulques Chombart de Lauwe. «Nous avons moins de divergences qu’eux (les gauches unies, NDLR). 80% des choses nous unissent. Dans les 20% restants, il n’y a rien de rédhibitoire», assure le vainqueur de la consultation LR nantaise. «Les planètes sont en train de s’aligner», ajoute-t-il à propos de l’union. «Les discussions entre nous sur les grands équilibres n’ont pas complètement abouti. Il y aura union quand il y aura un consensus sur ces équilibres, que chacun se sentira à l’aise», dit-il, tout en poursuivant ses appels de phare.
«Ma main est plus que tendue. Horizons l’a déjà saisie», rappelle-t-il. En effet, Guillaume Richard, chargé de représenter le parti d’Édouard Philippe aux municipales nantaises, l’a rejoint. «L’union est quasiment actée. Un accord se dessine», confie le délégué Horizons. Des annonces devraient arriver à partir du 15 octobre, à l’instar de la gauche qui pourrait aboutir à un accord dans le même temps.
Le contexte national pourrait changer la donne
Néanmoins, les instances parisiennes ont aussi leur mot à dire et rien n’est figé. Les dernières tractations en vue de la constitution d’un nouveau gouvernement pourraient rebattre les cartes. D’autant que Johanna Rolland, maire de Nantes et candidate à sa succession, est aussi déléguée nationale du Parti socialiste.
Autre point de crispation : le profil de Foulques Chombart de Lauwe, revendiquant «une droite assumée», ne fait pas l’unanimité localement chez les quatre conseillers municipaux centristes. «Le 6 septembre, nos militants ont dit d’accord à un rassemblement à condition que ça soit Sarah El Haïry en tête de liste», rappelle l’un d’entre eux, Mounir Belhamiti, également président de Renaissance dans le département de Loire-Atlantique. «Dans ce cas-là, il y a deux solutions : soit on n’y va pas, soit on y va tout seul», défend l’ancien député.
Lui qui fut un temps dans la majorité de Johanna Rolland, avant de la quitter, n’a pas digéré le fait que Foulques Chombart de Lauwe marie récemment un cadre du RN, y voyant là un acte politique. Tandis que l’intéressé revendique son devoir de marier tous les Nantais, peu importe leur couleur politique. Une alliance n’est en tout cas pas à l’ordre du jour avec le parti lepéniste, qui a parachuté le haut fonctionnaire Jean-Claude Hulot pour mener la bataille des municipales dans la cité des Ducs.