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Voilà un drôle de polar, que l’on aborde sans trop savoir où l’on va, portée par le personnage étrange de la jeune Adelaïs De Wolf, handicapée par une jambe un peu folle mais incroyablement maline et débrouillarde. C’est une adolescente quand débute ce roman, fille unique d’un couple de graveurs de Gand, en Belgique. Et nièce d’un inventeur fou qui lui offre un jour une drôle de machine roulant à la force des bras. Grisée par sa toute nouvelle capacité à foncer sur les routes malgré son handicap, Adelaïs va chuter au moment où un jeune garçon, éjecté lui aussi de son vélo, va s’échouer dans le fleuve. Elle a le réflexe de ramper jusqu’à lui pour le sauver et le tirer hors de l’eau. Sebastian et elles vont devenir inséparables.
Jusque-là, rien d’extraordinaire, on se croirait presque dans un livre de la Comtesse de Ségur, à ce moment où une petite fille modèle rencontre dans la forêt un garçon affamé qu’elle sauve en lui offrant le contenu de son panier, un morceau de pain bis et une poignée de mûres. Mais soudain la situation se tend. Après une incroyable scène de bal où les deux jeunes gens vont danser une valse qui scellera leur amour naissant avant qu’Adelaïs se couvre de ridicule, Sebastian se voit contraint de partir étudier ailleurs et la jeune fille se rapproche de son amie Saskia, dont l’énergie vitale est contagieuse. Heureusement car ses parents ont brusquement changé d’attitude, ils semblent plus distants l’un envers l’autre, sa mère se réfugie dans les bondieuseries et son père dans l’alcool. Que s’est-il bien passé, s’interroge inlassablement leur fille en puisant un peu d’amour auprès de son oncle adoré.
Mais un jour celui-ci meurt et un drôle de personnage aborde Adelaïs en pleine rue. Il se présente comme l’homme de confiance de son oncle et lui annonce qu’elle est sa seule héritière et que cela doit rester un secret. Son oncle lui a légué une maison en ruines dans un quartier mal famé de la ville. Le bâtiment est protégé par neuf serrures dont la jeune fille va découvrir l’utilité à l’intérieur, là où s’empilent des cartons remplis d’objets neufs pas même déballés et une machine infernale qui va bouleverser la vie d’Adelaïs. Et la placer dans la ligne de mire du commandant De Smet, un policier en fin de carrière déterminé à passer la main en beauté.
Notre précédente chronique
Nous ne vous en dirons pas davantage par crainte de tuer le suspens savamment créé par Philip Gray, dont le précédent roman, Comme si nous étions des fantômes (Sonatine) nous transportait dans les heures sombres de la Première Guerre mondiale. Sachez juste qu’une fois la première moitié de l’histoire passée, il nous a été impossible de lâcher ce roman tant l’histoire nous intriguait et nous tenait en haleine. Historien britannique devenu journaliste, Philip Gray est parvenu à nouer une intrigue parfois rocambolesque mais au final cohérente, et surtout à créer un formidable personnage de femme, intrépide, indépendant et libre.