C’est pour échanger avec des travailleurs sociaux de la Sauvegarde 42, ainsi que des jeunes que la structure prend en charge (des mineurs non accompagnés), que Dominique Sopo vient de passer deux jours à Saint-Etienne.

L’emblématique président de SOS Racisme a évoqué avec eux les agressions du quotidien. « La plupart de ceux que j’ai rencontrés m’ont dit s’être fait traiter de ’’sale noir’’, nous confie-t-il. Souvent, la sidération les paralyse. Quelques-uns réagissent, mais parfois dans l’excès. Le but de la rencontre est de leur dire : ne laissez rien passer, mais ne vous mettez pas hors-la-loi non plus. »

« Les sondages montrent que les préjugés racistes reculent »

La Loire n’est pas plus concernée qu’ailleurs, malgré des tags sur la cathédrale de Saint-Étienne ou un pied de sanglier devant la mosquée du Chambon-Feugerolles récemment. Mais le président de la section locale, Karim Ben Younes, explique que « le plus simple dossier dont nous sommes saisis prend beaucoup de temps. Et les victimes sont souvent découragées, se disant que ça ne sert à rien de déposer plainte ».

Dominique Sopo appelle justement à ne pas baisser les bras : « La parole des antiracistes ne trouve plus sa place dans l’espace public, il faut que ça change. » D’autant que « les sondages montrent que les préjugés racistes reculent, ce qui est plutôt positif ».

CNews, le RN et Zemmour dans le collimateur

Le problème, d’après lui, « ce n’est pas qu’il y a plus de racistes, mais ceux-ci se sentent autorisés à s’exprimer ». Et l’explication est simple : « Que ce soit dans les médias, comme CNews, ou dans certains partis comme RN ou Reconquête, la parole est décomplexée. Les gens ont des propos racistes parce que les politiques les y encouragent. »

Et ce n’est pas le contexte actuel qui va arranger les choses : « Avec l’instabilité institutionnelle, il y a une perte de crédibilité de la parole politique. »

À noter que SOS Racisme Loire organise un ciné-débat le 14 octobre autour de Mascus, un documentaire sur les masculinistes, alors qu’un projet d’attentat masculiniste a été déjoué à Saint-Étienne cet été. À voir au Méliès Saint-François à 18 h 30.