A la cour d’appel de Nîmes,
L’un comme l’autre ont accueilli le verdict sans manifester la moindre émotion. Elle, assise derrière ses avocats, au côté de son fils cadet, Florian. Lui, debout dans le box de la cour d’appel de Nîmes, les yeux dans le vague. Husamettin D. a été condamné ce jeudi à dix ans de réclusion criminelle pour avoir violé Gisèle Pelicot à Mazan, dans la nuit du 28 au 29 juin 2019. Une peine légèrement inférieure aux réquisitions – douze ans avaient été demandés –, mais d’un an de plus que sa peine en première instance.
Surtout, cette fois, la cour n’a pas demandé de mandat de dépôt différé en raison de son état de santé : l’homme de 44 ans, atteint d’une forme lourde de polyarthrite, est donc parti en détention à l’issue du verdict. Une peine assortie d’un suivi sociojudiciaire avec « injonction de soins pendant cinq ans », a précisé le président, Christian Pasta. Gisèle Pelicot et ses avocats ont quitté la salle sous des applaudissements nourris du public – des femmes essentiellement, mais sans faire de déclaration.
2h30 de délibération
Il n’aura fallu que 2h30 aux magistrats et aux neuf jurés pour déclarer Husamettin D. « à la majorité absolue » coupable de « viols aggravés ». S’il n’a eu de cesse de répéter être tombé dans un « piège » tendu par Dominique Pelicot pour lui faire croire à un « plan libertin », assurant qu’il ignorait que la victime était droguée, ses dénégations frisant parfois l’absurde n’ont pas résisté au visionnage des vidéos enregistrées ce soir-là.
Quatorze au total. Accablantes, terrifiantes, glaçantes. On y voit Gisèle Pelicot, totalement inerte, ronflant par moments, être violée à de multiples reprises par l’accusé. Et ce qui saute aux yeux, au-delà de l’aspect léthargique de la victime, c’est le soin que met Husamettin D. à se faire le plus discret possible. On l’entend chuchoter, on le voit s’abstenir de tout geste brusque. Il s’arrête même net lorsque, dans un réflexe probablement lié à la douleur, Gisèle Pelicot trésaille. « Vous n’êtes pas le seul responsable de l’œuvre de destruction massive d’une femme mais vous y avez contribué en connaissance de cause », avait asséné ce jeudi matin l’avocat général, Dominique Sié. Déplorant son « absence de prise de conscience », il avait requis douze ans de réclusion.
Pas de paratonnerre « Pelicot »
L’entreprise dans laquelle s’était lancé Husamettin D. en étant le seul à maintenir son appel était particulièrement périlleuse. Car cette fois, pas de co-accusés. Et surtout pas de Dominique Pelicot pour jouer les paratonnerres dans le box. L’« ogre de Mazan » a été entendu, au deuxième jour du procès, comme simple témoin, car il n’a pas fait appel de sa condamnation à vingt ans de réclusion criminelle.
En première instance, la cour avait fait une distinction franche entre « le chef d’orchestre » de ces crimes insensés et ses « invités de nuits », en échelonnant les peines de manière très nette. Désormais, Husamettin D. a dix jours pour se pourvoir en cassation.