Après sa sortie de route sur BFMTV le week-end dernier où elle remerciait « les concitoyens qui travaillent » de lui payer sa garde-robe avec 36 000 euros de frais de représentation, Jeanne d’Hauteserre a de nouveau fait parler d’elle. Cette fois, la maire LR du VIIIe arrondissement s’est illustrée par un violent coup de gueule contre son propre camp politique lors du Conseil de Paris de jeudi 9 octobre.

L’objet du courroux de l’élue chiraquienne ? L’hypocrisie de certains conseillers de droite qui s’opposent publiquement aux logements sociaux dans le Triangle d’or tout en lui en réclamant discrètement pour leur famille. « Y en a marre d’avoir toujours des gens derrière qui nous disent qu’ils n’en veulent pas (ndlr : de logements sociaux) », a lâché Jeanne d’Hauteserre, exaspérée.

Cette sortie intervient dans le débat sur la création de 23 logements sociaux et 7 privés dans un immeuble haussmannien du 37, avenue George-V (VIIIe arrondissement), acquis par la Ville en 2008. Une opération de 48 millions d’euros qui divise et fait polémique depuis des mois.

Face aux critiques de Jean-Baptiste Olivier (Changer Paris) qui dénonce « la gestion communiste du logement » et qualifie le projet d’« idéologique », la maire du VIIIe a sorti l’artillerie lourde. « Je voudrais rappeler à certains conseillers qui n’étaient peut-être pas nés à l’époque qu’à Paris, il y a eu beaucoup d’élus de droite à l’époque de Chirac qui étaient logés dans les logements sociaux », a-t-elle martelé.

Mais c’est surtout la révélation suivante qui a fait mouche : « J’ai des amis et notamment des maires de mon bord qui me demandent un logement social pour leur famille ». De quoi provoquer l’hilarité d’une grande partie de l’hémicycle, notamment du côté de la majorité.

Le candidat communiste Ian Brossat y est même allé de sa publication X. « Quand la Maire du 8ème (pourtant de droite) répond aux proches de Mme Dati qui s’opposent au logement social, ça envoie du bois », s’est amusé l’élu.

Objectif : « beaucoup plus que 3,9 % de logements sociaux »

Car les besoins sont bien réels dans ce quartier en mutation profonde. « L’immobilier de luxe et les résidences secondaires durablement inoccupées ont conduit à la raréfaction du commerce de proximité et à la fermeture des classes d’école », explique Jeanne d’Hauteserre pour justifier l’opération.

La maire reçoit régulièrement des demandes des directeurs d’hôtels et restaurants du quartier pour loger leurs employés. « Ils peinent à fidéliser leurs salariés contraints le plus souvent à se loger à l’extérieur de Paris », précise-t-elle. Dans le VIIIe, 2 000 habitants remplissent les conditions d’attribution d’un logement social.

Pour Jacques Baudrier, adjoint PCF au logement, cette opération est un symbole fort : « Nous allons créer 23 logements sociaux au cœur du Triangle d’or avenue George V. Nous allons continuer et il y aura beaucoup plus que 3,9 % de logements sociaux. »

Jeanne d’Hauteserre, fragilisée par la polémique de ses notes de frais qu’elle veut désormais rembourser, assume une position courageuse mais risquée face à son propre camp. Un coup d’éclat survient alors que les travaux de l’immeuble George-V, vacant depuis vingt ans, doivent enfin commencer après le dépôt imminent du permis de construire qui était prévu courant septembre.