Démontrer qu’un avenir urbain durable peut se construire à partir du bâti existant, sans effacer l’héritage architectural : c’est l’ambition du concours [Ré]inventer l’existant. À la suite de la remise de projet clôturée cet été, le jury a annoncé les projets lauréats de cette cinquième édition le 8 octobre dernier.

En invitant les étudiants à concevoir des projets ancrés dans la réalité écologique et sociale des territoires, il encourage une approche où la rénovation et la réhabilitation deviennent des leviers majeurs de la transition environnementale. Cette initiative contribue également à faire évoluer la culture du projet architectural, en renforçant la maîtrise des techniques de transformation du patrimoine, ancien ou contemporain.

Repenser l’avenir post-carbone

Porté conjointement par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) d’Île-de-France, sous l’égide du préfet de région, le concours s’inscrit dans une démarche ambitieuse: démontrer que l’avenir post-carbone des villes peut s’inventer à partir de l’existant.

Il prolonge le travail engagé lors d’un séminaire fondateur tenu en 2021 à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, consacré aux liens entre préservation patrimoniale et rénovation énergétique.

La rénovation du bâti constitue aujourd’hui un enjeu central pour l’Île-de-France :

· près de 70 % de la consommation d’énergie régionale provient du secteur résidentiel et tertiaire ;

· 55% des logements locatifs privés sont classés en E, F ou G ;

· 74 % du parc a été construit avant 1990.

La région compte par ailleurs plus de 700 millions de mètres carrés de bâtiments à usage d’habitation, de bureaux ou d’activités. Dans un territoire dense où les besoins immobiliers ne cessent de croître, réhabiliter plutôt que construire s’impose comme une évidence écologique, sociale et patrimoniale.

Le concours est né de cette urgence et d’une volonté partagée d’encourager la création de solutions architecturales capables de concilier adaptation climatique, qualité d’usage et valorisation du patrimoine.

Une dynamique collective pour transformer le cadre bâti

[Ré]inventer l’existant fédère un vaste réseau d’acteurs publics, académiques et professionnels engagés dans la transition écologique du bâti : 

Réseau d’acteurs publics, académiques et professionnels

Organisé en lien avec les Journées nationales de l’architecture, le concours offre aux étudiants une expérience concrète de conception, en lien direct avec les enjeux actuels de la ville durable.

Parmi les 27 projets présentés, dix ont été retenus par le jury pour leur qualité et la diversité des typologies étudiées : parkings, laiteries, complexes sportifs, centres commerciaux, immeubles des années 1980, anciens hôpitaux ou lycées professionnels.

Quatre critères d’évaluation pour un projet de transformation

Les projets ont été évalués selon quatre critères définis par un jury d’experts franciliens : 

État des lieux raisonné : diagnostic précis du bâtiment existant, de ses usages et de ses qualités architecturales et techniques.

Démarche de projet : cohérence entre l’analyse initiale et la stratégie de transformation proposée, au regard des enjeux climatiques.

Qualité architecturale : pertinence du parti pris, cohérence constructive et capacité à révéler les qualités du bâti tout en l’adaptant aux usages contemporains.

Confort et performance énergétique : intégration des principes bioclimatiques, réduction des consommations et recours éventuel aux énergies renouvelables.

Les lauréats 2025

Prix du jury – « Réanimation du DOC » : projet « Réanimation du DOC » 

Thomas Le Roux et Mathis Perreault (ENSA Versailles), sous la direction d’Antoine Maître et Mémia Belkaid 

Prix du jury « Réanimation du DOC » : projet « Réanimation du DOC », Thomas Le Roux et Mathis Perrault, en présence de leur professeur © DRAC île-de-France

Prix du jury, Thomas Le Roux et Mathis Perrault – ENSA Versailles pour le projet – Réanimation du DOC – sous la direction d’Antoine MAÎTRE et Mémia BALKAID © Thomas Le Roux et Mathis Perrault

Isolation renforcée, matériaux écologiques et cour végétalisée : un projet exemplaire qui conjugue préservation du patrimoine, écologie et nouveaux usages.

Mention spéciale « Architecte Médiateur » : projet  « Le Ventre de la Baleine »

Eve Bergeron, Emma Coppens et Lilia Hocine – ENSA Paris-La Villette, sous la direction de Guillaume Baron et Mesnil Sineus pour Le ventre de la baleine © Eve Bergeron, Emma Coppens et Lilia Hociner, dr

Mention spéciale -Architecte Médiateur, projet – Le Ventre de la Baleine © Eve Bergeron, Emma Coppens et Lilia Hocine, ENSA Paris-La Villette

À Pantin, la friche artistique du Ventre de la Baleine, abritant plus de 300 artistes depuis 1989, échappe à la démolition grâce à une démarche de co-construction menée avec les habitants.
Le projet réhabilite le bâtiment, améliore ses performances énergétiques et finance les travaux par la construction de logements neufs. Une proposition qui allie création, patrimoine industriel et logement social, démontrant qu’une alternative à la destruction est possible.

Mention spéciale « Vision 2025 » : projet « Oasis dans la fournaise »

Adrien Gaillard (ENSA Paris-Est), sous la direction de Laure Veyre de Soras, Léonard Lassagne et Vanessa Pointet.

Mention spéciale Vision 2025 – projet Oasis dans la fournaise, Adrien Gaillard – ENSA Paris-Est sous la direction de Laure Veyre de Soras, Léonard Lassagne et Vanessa Pointet © Adrien Gaillard, dr

Mention spéciale Vision 2025 – projet Oasis dans la fournaise, Adrien Gaillard – ENSA Paris-Est © Adrien Gaillard, dr

À la Porte de Clignancourt, trois sites oubliés du 18ᵉ arrondissement sont transformés pour anticiper le Paris de 2050 : une barre de logements adaptée au climat futur, un parking souterrain reconverti en refuge climatique et une friche requalifiée. Une réflexion prospective sur la résilience urbaine face au réchauffement climatique.

Mention spéciale « Tertiaire obsolète » – « Trames héritées, usages renouvelés »

Ornella Nedeljkovitch et Anaëlle Nicol (ENSA Versailles), pour le projet « Trames héritées, usages renouvelés : reconversion du site tertiaire d’actipole en logements », sous la direction de Stéphane Berthier.

Mention spéciale « Tertiaire obsolète » – « Trames héritées, usages renouvelés » Ornella Nedeljkovitch et Anaëlle Nicol (ENSA Versailles), Ornella Nedeljkovitch et Anaëlle Nicol ENSA Versailles © Ornella Nedeljkovitch et Anaëlle Nicol ENSA Versailles, dr

Mention spéciale Tertiaire obsolète – Trames héritées, usages renouvelés Ornella Nedeljkovitch et Anaëlle Nicol, ENSA Versailles © Ornella Nedeljkovitch, Anaëlle Nicol, ENSA, dr

À Montigny-le-Bretonneux, deux immeubles de bureaux vacants se métamorphosent en logements et espaces partagés. Le projet favorise les mobilités douces, transforme un parking en parc habité et redonne une nouvelle fonction au patrimoine tertiaire des années 1970, dans un esprit de sobriété constructive.

Une exposition ouverte à tous jusqu’au 7 novembre

L’exposition [Ré]inventer l’existant 2025, présentée aux Récollets (Paris 10ᵉ), est accessible librement jusqu’au 7 novembre. Elle met en valeur les dix projets remarquables distingués par le jury et offre au public une immersion dans les expérimentations architecturales et écologiques portées par les futurs architectes franciliens.

Ces propositions illustrent les grands défis du territoire : réemploi des matériaux, confort thermique, circularité, intégration paysagère et adaptation climatique.

Elles démontrent qu’il est possible de réinventer sans détruire, d’imaginer une ville plus sobre, plus résiliente et plus humaine.