« Ça fait deux ans qu’on se bat, qu’on organise des marches, des manifestations pacifiques. On est seuls contre tous », clame Angelo Weiss, l’oncle de la victime et porte-parole de la famille.
Son neveu avait sauté dans la rivière, à proximité du stade de la Thur, pour échapper à un contrôle des policiers de la BAC après avoir été identifié à bord d’une voiture déclarée volée. Le jeune homme n’était jamais remonté à la surface. Son corps avait ensuite été retrouvé par les plongeurs de la gendarmerie à quelques centaines de mètres des lieux du drame, le 18 avril 2023.
Une rencontre avec la maire de Strasbourg qui leur redonne de l’espoir
La famille d’Enzo Weiss a déposé plainte pour omission de porter secours. En janvier 2024, la procédure a été classée sans suite. « Depuis, on est toujours en quête de réponses, notamment sur la présence de caméras aux alentours du lieu des faits. On nous a toujours dit qu’elles étaient en maintenance », assure l’oncle. Ce dernier a donc interpellé la maire de Strasbourg, croisée à la fête de la musique. « Je lui ai dit ce qu’on traversait. »
Le 26 août, Jeanne Barseghian leur adressait un courrier qui stipulait : « Concernant votre demande relative aux caméras de vidéoprotection, je vous confirme qu’elles fonctionnaient normalement et que les images des trois caméras situées dans le quartier, dont une à proximité du stade de la Thur, ont bien été archivées et transmises aux services de police, seuls habilités sur réquisition judiciaire, à obtenir ces images. »
Pour les avocats de la famille, Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth, cette correspondance permet de savoir que les vidéos ont été remises aux enquêteurs. « Ni la réquisition, ni le procès-verbal d’exploitation de ces images ne figurent dans le dossier pénal. Il n’est pas plus fait état de leur communication. Le contenu de ces vidéos est pourtant de nature à jouer un rôle essentiel dans la manifestation de la vérité et leur exploitation est nécessaire pour la famille », ont-ils expliqué dans un courrier adressé à la procureure de la République de Strasbourg, Clarisse Taron, à la rentrée.
« Une décision très satisfaisante »
Selon eux, l’absence de mention de l’exploitation de ces images dans la procédure « jette une zone d’ombre sur les circonstances du décès du jeune homme » et fait subsister un doute insupportable pour la famille. « On peut penser n’importe quoi, on se pose mille questions. Que s’est-il passé ce soir-là ? Y a-t-il eu une altercation avec un des membres des forces de l’ordre ? On veut des réponses, mais surtout la vérité », reprend Angelo Weiss.
Les deux avocats parisiens ont également demandé que la réquisition et les procès-verbaux d’exploitation de ces images soient communiqués à leurs clients.
Suite à ces nouveaux éléments, la procureure a récemment ordonné l’ouverture d’un complément d’enquête. « C’est une décision très satisfaisante. Nous espérons qu’elle permettra rapidement en savoir plus sur le contenu de ces vidéos », ont conclu les avocats.