INFO LE FIGARO – Une automobiliste a découvert avec stupeur huit forfaits post-stationnement dans sa boîte à lettres. Une surprise de taille pour cette Parisienne qui utilise la célèbre application de paiement chaque semaine.

Neuf euros. C’est le prix du stationnement résident d’un «véhicule léger» pour une semaine à Paris. Six cents euros. C’est la somme que réclame la Ville de Paris à Anna pour ce fameux paiement qui, sans qu’elle ne le sache, n’a jamais été enregistré. Le jeudi 25 septembre au soir, elle et son mari Simon découvrent avec stupeur le contenu de leur boîte aux lettres : deux forfaits post-stationnement (FPS) – ces amendes qui ne disent pas leur nom – à 75 euros chacun.

Leur Daihatsu Sirion, une citadine d’un autre temps, garée rue Maillet dans le 7e arrondissement, n’aurait pas été en règle le lundi 15 septembre. « Nous étions extrêmement surpris, perdus et en colère », raconte Anna, qui dit avoir bel et bien payé le stationnement pour lequel elle est mise en cause. «Je suis résidente à Paris et, comme chaque dimanche, j’ai ouvert le 14 septembre l’application PayByPhone (une des solutions pour régler son stationnement à Paris) et effectué en quelques clics le paiement pour le stationnement de la semaine suivante », explique-t-elle. « J’ai un rappel configuré sur mon iPhone pour payer chaque semaine. Ça prend 30 secondes. Ma carte bancaire est préenregistrée, je n’ai qu’à valider. »


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Mais voilà : en vérifiant l’historique, Anna ne trouve aucune trace de cette transaction. « Sur l’application, rien. Sur mon compte bancaire, aucun débit correspondant». L’angoisse monte : les voitures, dites LAPI, qui contrôlent passent plusieurs fois par jour, confirme la gérante du pressing situé en bas de leur immeuble, et peuvent verbaliser une même voiture deux fois par jour. Au total, durant cette semaine du 15 septembre, Anna s’attend donc à recevoir 900 euros d’amende. Ce qui pour cette consultante en relations publiques représente presque la moitié de son salaire.

«Aucun discernement, aucune proportionnalité»

Anna dénonce le système mis en place depuis la privatisation du contrôle du stationnement. « Il faudrait vraiment sensibiliser sur cette question. Depuis que les mairies ont privatisé le contrôle du stationnement, la situation est devenue abusive : la société chargée du contrôle peut infliger autant de FPS que son véhicule en enregistre, c’est incroyable. »

Elle poursuit : « Lorsqu’il y a un humain derrière le contrôle, on comprendrait facilement — une voiture disposant d’une carte de résident qui n’a pas bougé pendant six jours ne devrait pas se voir infliger deux fois la même journée des contraventions menant à 900 euros d’amendes. Avec un contrôle automatisé, il n’y a aucun discernement, aucune proportionnalité. »

600 euros à payer

Comme pressenti, Anna reçoit six autres FPS, pour un total qui s’élève aujourd’hui à 600 euros. En parallèle, elle tente de contacter PayByPhone via les réseaux sociaux sur X ou encore par mail : pour comprendre ce qu’il s’est passé. Sans succès. Après enquête, Le Figaro parvient à le savoir. Dans les faits, le règlement prévu pour la semaine du 14 au 20 septembre 2025, a bien eu lieu, mais la transaction n’a pas abouti. En cause, la validation finale sur l’application bancaire n’a pas été acceptée par Anna. «Je ne comprends pas. J’ai fait exactement le même geste que chaque dimanche depuis des mois», plaide Anna.

Contacté par Le Figaro, PayByPhone défend son système. «Lorsqu’un paiement est validé, la confirmation de transaction et la session de stationnement s’affichent immédiatement dans l’application», explique l’opérateur. «Chaque transaction validée génère un identifiant unique, un horodatage serveur et une confirmation de paiement», précise PayByPhone. L’entreprise assure également que «les cas où un paiement correctement effectué n’apparaît pas dans la base de données sont exceptionnels». Dans le cas d’Anna, PayByPhone confirme bien que la transaction n’a jamais abouti.


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Un détail interpelle néanmoins Anna : «Le reçu arrive assez tardivement dans la semaine, le mercredi de la semaine suivante. C’est un peu piégeux : comme il n’y a pas de reçu tout de suite, on pense qu’il n’y a aucun problème…» PayByPhone explique, elle, ce décalage par les délais bancaires: «le reçu bancaire est généré une fois que la transaction a été entièrement confirmée et traitée par le prestataire de paiement et la banque de l’usager. Ce délai est purement administratif et ne reflète pas le moment effectif de validation du paiement.»

Les amendes d’Anna seront-elles annulées ?

Face à cet ultime constat, il ne reste qu’une solution pour Anna : engager une procédure de recours administratif préalable obligatoire (RAPO) contre ces fameux FPS de la Ville de Paris. PayByPhone s’engage alors à transmettre à la collectivité «les éléments de preuve disponibles». En cas de dysfonctionnement avéré, «les forfaits post-stationnement sont annulés après traitement du RAPO», assure la collectivité.

Interrogée par Le Figaro sur la possibilité d’offrir aux résidents un paiement par prélèvement automatique mensuel ou annuel – ce qui aurait évité cette situation – la Ville de Paris oppose une contrainte réglementaire : «Vendre un ticket pour une durée supérieure à 7 jours contreviendrait au Code de la route  (Article R417-12, NDLR). Celui-ci interdisant le stationnement plus de 7 jours consécutifs sur la même place ; le résident doit donc obligatoirement déplacer son véhicule et reprendre un ticket de stationnement.»

Cette obligation légale explique pourquoi Anna, comme des milliers de Parisiens, doit renouveler son paiement toutes les semaines. Neuf euros : c’est le tarif résident pour stationner un véhicule léger pendant sept jours à Paris, soit 1,50 euro par jour. Une somme modique qui contraste violemment avec les 600 euros d’amendes auxquels elle fait face.