Le comité a tranché. María Corina Machado a été récompensée ce vendredi 10 octobre du prix Nobel de la paix pour ses efforts «en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie». Quelque 338 concurrents étaient en lice, dont 224 personnalités et 94 organisations. «Maria Corina Machado est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps», a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes, à Oslo.

Le 30 septembre 2024, cette femme politique vénézuélienne avait reçu le prix Vaclav-Havel du Conseil de l’Europe, récompensant des défenseurs des droits de l’homme. María Corina Machado, 58 ans, vit dans la clandestinité au Venezuela depuis la réélection contestée du président Nicolás Maduro en juillet.

L’année dernière, le Nobel de la paix avait été remis à l’organisation japonaise Nihon Hidankyo. Fondée en 1956, cette organisation milite pour les droits des victimes des bombes nucléaires. En 2023, c’est la militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi qui avait été récompensée.

Composé de cinq membres, le comité Nobel prend généralement sa décision plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant l’annonce officielle, et se réunit une dernière fois dans la dernière ligne droite avant ladite annonce pour peaufiner ses attendus. La dernière réunion du comité s’est tenue lundi 6 octobre. Ainsi, l’accord entre Israël et le Hamas trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi n’a eu «absolument aucune conséquence» sur le choix du lauréat 2025 car «le comité Nobel a déjà pris sa décision», a précisé jeudi 9 octobre l’historien Asle Sveen, spécialiste du Nobel.

Car depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump lorgnait sur le prix, revendiquant un rôle dans la résolution de multiples conflits dans le monde. Il avertissait qu’il prendrait comme «une insulte» le fait que la décoration lui échappe. «Tout le monde dit que je devrais l’avoir», avait-il même lancé fin-septembre depuis la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU. A près l’accord pour le cessez-le-feu à Gaza, le service de communication de la Maison Blanche s’est empressé de concocter un visuel partagé sur les réseaux sociaux, rebaptisant Donald Trump «The Peace President» (Le président de la Paix).

Son proche allié, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, a proposé son nom pour la distinction, tout comme les gouvernements du Pakistan et du Cambodge avant lui. Le président égyptien al-Sissi, a estimé jeudi que son homologue américain «méritait» le prix.

Mi-septembre, face aux pressions émises outre Atlantique, le comité du Nobel de la paix, basé en Norvège, s’était fendu d’une déclaration pour rejeter toute influence. «Nous voyons bien qu’il y a beaucoup d’attention médiatique autour de certains candidats. Mais cela n’influe en rien sur les discussions en cours au sein du comité qui examine chaque candidature en fonction de ses propres mérites», avait déclaré son porte-parole Kristian Berg Harpviken.

María Corina Machado remporte ainsi le précieux prix tant convoité, mais également un chèque non négligeable : la coquette somme de 11 millions de couronnes suédoises, soit près de 950 000 euros, en plus d’une médaille d’or de 18 carats.

Après un peu plus de 250 jours d’un second mandat marqué par son bellicisme face au monde entier, Donald Trump, lui, ne devient donc pas le cinquième président américain à recevoir le Nobel de la Paix, après Barack Obama (2009), Jimmy Carter (2002), Woodrow Wilson (1919) et Theodore Roosevelt (1906). A chaque fois, ses prédécesseurs avaient été décorés pour leurs efforts en faveur de la diplomatie et de la coopération internationale.