Événement de cette semaine, Nouvelle Vague, du cinéaste américain Richard Linklater, est une relecture joyeuse et tonique d’À bout de souffle, avec de jeunes acteurs français qui font revivre avec brio Jean-Luc Godard, Jean-Paul Belmondo ou Jean Seberg. Pour les amateurs d’anticipation, voici Tron : Ares, le troisième volet de la saga, réalisé par Joachim Ronning, avec Jared Leto en tête d’affiche.

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Côté politique, Andrea Segre propose dans Berlinguer, la grande ambition, le portrait du secrétaire du Parti communiste italien dans les années 1970. Huit ans après Petit Paysan, Hubert Charuel et sa complice Claude Le Pape reviennent en Haute-Marne avec Météors, chronique d’une jeunesse qui survit dans les territoires, avec Paul Kircher, Idir Azougli et Salif Cissé. Enfin, le mélodrame japonais Egoist nous plonge dans le milieu lustré et un peu superficiel de la mode avec, en son centre, un personnage toujours impeccablement vêtu et coiffé.

« Nouvelle Vague » ✭✭✭✭En roue libre

Dans cette comédie en noir et blanc, débridée et joyeuse, l’Américain Richard Linklater nous plonge à Paris à la fin des années 1950, sur le tournage d’À bout de souffle, de Jean-Luc Godard qui signait ainsi le manifeste de la Nouvelle Vague. Après avoir trituré le scénario offert par son copain des Cahiers du cinéma François Truffaut, le cinéaste mal rasé, grosses Boyards aux lèvres et éternelles lunettes noires, se lance dans cette histoire de petit voyou qui tourne mal sans trop savoir où il va. Avec lui, les idées fusent, l’improvisation règne, une douce folie aussi.

Richard Linklater a le truc pour nous embarquer aussitôt dans l’aventure en compagnie de jeunes acteurs formidables, Guillaume Marbeck (Jean-Luc Godard), Aubry Dullin (Jean-Paul Belmondo) Zoey Deutch (Jean Seberg), Adrien Rouyard (François Truffaut), qui ont le chic pour adopter les mimiques de leurs modèles. L’effet est bluffant. C’est à la fois le reflet en noir et blanc d’une époque effervescente où tout semble possible et le portrait alerte d’un cinéaste anticonformiste, radical, illuminé. Son idée fixe : « faire souffrir la pellicule », oublier les codes techniques, ne jamais faire répéter les acteurs, pour mieux restituer la spontanéité et la surprise. Richard Linklater s’en est souvenu et signe cette ode à la jeunesse et à un cinéma en roue libre. En un seul clap, À bout de souffle revit sous nos yeux.

« Tron : Ares »✭✭✭Spectaculaire

Dans ce troisième volet d’une franchise devenue culte depuis la sortie du premier film en 1982, une redoutable intelligence artificielle baptisée Arès (Jared Leto) est recréée sous une forme humanoïde dans notre monde par son concepteur, le malfaisant businessman de la tech Julian Dillinger (Evan Peters), à des fins militaires. Mais au contact de la visionnaire Eve Kim (Greta Lee), rivale de Dillinger et présidente de la société Encom, Arès casse le programme de son créateur et poursuit une autre quête cruciale pour l’avenir de l’humanité.

Scandée par la puissante partition techno de Nine Inch Nails, véritable rouleau compresseur sonore, cette suite se révèle extrêmement spectaculaire et bien plus mouvementée que les deux premiers opus. Le scénario, assez confus à mi-parcours, frôle souvent le court-circuit mais Tron : Arès déploie ses trouvailles visuelles somptueuses en assez grand nombre pour nous happer. Qualité rare, Jared Lero reste étonnamment sobre !

« Berlinguer, la grande ambition » ✭✭✭✭Utopie politique

Qui en France se souvient aujourd’hui d’Enrico Berlinguer, le secrétaire du Parti communiste italien dans les années 1970 ? Ce formidable film d’Andrea Segre vient rappeler l’importance d’un homme politique qui a en Italie le prestige d’un Pierre Mendès France de ce côté des Alpes. L’enjeu de son parcours est la quête d’un socialisme affranchi de l’URSS et qui préserve la démocratie… alors même que les Brigades rouges font régner une terreur croissante. Cette grande ambition ne plaît pas à tout le monde : en octobre 1973, Enrico Berlinguer est victime d’un accident de voiture plus que suspect alors qu’il se trouve en Bulgarie…

Andrea Segre s’est donné pour objectif de raconter la politique non en déployant des slogans (dont Berlinguer se méfiait, lui qui préférait l’écoute aux discours) mais en s’attachant au parcours d’un homme et à ses dilemmes. Il tresse images d’archives et scènes fictionnelles avec une grande intelligence, parvenant à ne jamais faire la leçon mais à suggérer par la tension qu’il met en scène entre son personnage principal et ceux qui l’entourent l’impossibilité de l’utopie qui anime Berlinguer. Ce dernier est joué par le formidable Elio Germano, qui a remporté pour son interprétation subtile le David di Donatello (équivalent italien du césar) du meilleur acteur. Un film politique passionnant.

« Météors » ✭✭✭Portrait d’un territoire

Huit ans après Petit Paysan, Hubert Charuel et sa complice Claude Le Pape reviennent en Haute-Marne avec Météors, chronique d’une jeunesse qui survit dans la diagonale du vide. Mika (Paul Kircher) jongle entre piges locales et Burger King, Daniel (Idir Azougli) bricole et boit trop, Tony (Salif Cissé) s’en est sorti avec son entreprise de BTP. Les trois amis déconnent, sortent, boivent, fument… Jusqu’à la nuit de trop pour Mika et Daniel : une soirée d’ivresse et le vol absurde d’un chat de concours les envoient devant la justice. Les voilà sommés de se racheter – sobrement, six mois durant – et de travailler pour leur ami Tony sur un chantier de déchets nucléaires, à gérer les restes du monde. Ce qui ne sera pas une mince affaire.

Et Météors, sous ses airs de chronique sociale, glisse peu à peu vers le drame. On rit, puis on ne rit plus, parce que Daniel a une cirrhose, parce que Mika cherche un sens au travail effectué dans ces « poubelles nucléaires », parce qu’il faut trouver une solution face à un accident de travail. Et au milieu de ce rien qui les pousse à s’intoxiquer, les jeunes se débattent pour survivre : Mika peut-il sauver son ami ? Faut-il qu’il tranche les liens, même si ce sont les seuls qui le rattachent au monde ? Le film, présenté cette année à la sélection « Un certain regard » au Festival de Cannes, traduit avec sensibilité les réalités de ces territoires et des jeunes qui les peuplent, sans tomber dans le misérabilisme ni dans les clichés du film social.

« Egoist » ✭✭Mélo japonais

Situé dans le milieu de la mode avec en son centre un personnage toujours impeccablement vêtu et coiffé, Egoist nous plonge d’abord dans un monde lustré, séduisant, un peu superficiel. Puis prend un virage inattendu qui emporte l’histoire du côté du mélodrame. Saitô Kôsuke (Ryohei Suzuki) travaille pour un magazine de mode mais souffre du manque d’amour dans sa vie. Il engage un prof de gym qui l’attire, Nakamura Ryûta (Hio Miyazawa). L’intimité entre eux croît rapidement, au point que le jeune homme lui confie bientôt un secret surprenant…

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Mieux vaut ne pas savoir dans quelle direction le réalisateur Daishi Matsunaga nous entraîne. Son scénario plein de chausse-trapes et d’émotion est le principal atout de ce film emphatique mais un peu trop long et jamais tout à fait à la hauteur de ses ambitions.

Les étoiles du Point :
✩✩✩✩✩ : nul ;
✭ : mauvais ;
✭✭ : moyen ;
✭✭✭ : bien ;
✭✭✭✭ : excellent ;
✭✭✭✭✭ : exceptionnel.

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