Le jeudi 9 octobre 2025, la France a rendu hommage à Robert Badinter, figure
majeure de la justice et artisan de l’abolition de la peine de
mort, à l’occasion de son entrée au Panthéon. Mais alors
que la cérémonie nationale se déroule sous le signe du souvenir et
du respect, une voix inattendue s’est élevée : celle d’Anne Vernon,
la première épouse de l’ancien garde des Sceaux.
À 101 ans, l’ancienne comédienne a accepté de revenir
sur leur histoire. Interrogée par Pure People,
elle décrit celui qu’elle a aimé comme un « preux chevalier
», nourri de littérature et de valeurs morales. Une confession
intime, à la croisée de l’hommage public et du souvenir
personnel.
L’hommage national à Robert Badinter
Ce jeudi, l’émotion était palpable au Panthéon. Robert Badinter, décédé en
février 2024, rejoint les grandes figures de la République lors
d’une cérémonie présidée par Emmanuel Macron. Et la date n’a rien
du hasard. En effet, elle coïncide avec l’anniversaire de
l’abolition de la peine de mort, votée en 1981, combat
dont il fut l’infatigable défenseur. Son cénotaphe, exposé la
veille au Conseil constitutionnel, a été transporté en cortège
jusqu’au Panthéon. Il était accompagné de lectures de ses
plaidoiries emblématiques et d’un texte de Victor Hugo, lu par
Guillaume Gallienne. Le chanteur Julien Clerc a également
interprété L’Assassin assassiné, symbole de ce combat
humaniste.
Mais dans l’ombre des hommages officiels, Anne Vernon, première
épouse de Robert Badinter, a choisi de sortir du silence. Actrice
populaire des années 1940, elle fut sa compagne pendant une dizaine
d’années. À 101 ans, elle se souvient d’un homme « courageux et
loyal », marqué par son parcours d’immigré venu de Moldavie et
devenu, dit-elle, « un vrai Français ».
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Robert
Badinter est décrit comme un « preux chevalier » par sa première
épouse.
Robert Badinter et Anne Vernon : une histoire d’amour marquée
par le drame
Avant de partager la vie d’Élisabeth Badinter, l’ancien ministre
de la Justice a connu une union aussi passionnée que
tragique. En février 2024, dans les colonnes de
Nice-Matin, Anne Vernon s’était déjà confiée sur cette période
douloureuse. « Nous avons eu deux enfants, morts quelques jours
après la naissance, au huitième mois. Contaminés, je pense par l’un
de mes reins malades », avait-elle révélé. Une perte
irréparable qui a profondément marqué leur couple. « Cela a
pesé sur notre mariage », explique-t-elle avec pudeur.
Elle se souvient aussi d’une phrase de son époux, restée gravée
: « On a tué tellement de juifs. Il faut que j’aie des enfants.
» Des mots lourds de sens pour Robert Badinter, issu d’une
famille juive de Bessarabie ayant fui les persécutions. Pour Anne
Vernon, il devenait impossible de revivre un tel drame.
Leur séparation fut inévitable. Malgré cette
épreuve, elle garde de lui l’image d’un homme animé par une foi
inébranlable dans la justice et la dignité humaine. « Il était
nourri de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas… C’était un preux
chevalier », a-t-elle déclaré sur TF1.
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La
première femme de Robert Badinter lui a rendu un hommage très
personnel.
Robert Badinter : entre hommage
solennel et héritage moral
Si Robert Badinter repose toujours au cimetière de Bagneux, son
cercueil arrivé au Panthéon n’est pas totalement vide. Cinq objets
y ont été déposés : sa robe d’avocat, une copie de son célèbre
discours sur la peine de mort, et trois livres, dont Idiss, œuvre
dédiée à sa grand-mère. Lors de la cérémonie, près de 1 000
personnes ont assisté à l’hommage : 500 invités officiels,
dont le dessinateur Plantu et le comédien Vincent Lindon. Mais
aussi, 500 collégiens et lycéens venus honorer sa mémoire.
Plusieurs anciens gardes des Sceaux, de Rachida Dati à Éric Dupond-Moretti, étaient
également présents. Élisabeth Badinter, son épouse depuis 1966 et
mère de leurs trois enfants a supervisé chaque détail de cette
panthéonisation.
Mais cette journée d’hommage a été ternie par une nouvelle
triste : la profanation de la tombe de Robert Badinter, découverte
la veille au cimetière de Bagneux. Une inscription haineuse
a été retrouvée sur sa sépulture, entraînant l’ouverture
d’une enquête pour profanation. De son vivant, Robert Badinter
refusait tout culte de la personnalité. Son combat, disait-il,
appartenait à tous ceux qui croient en la justice. Et si
aujourd’hui la France célèbre le symbole, Anne Vernon, elle, se
souvient simplement de l’homme. Celui qu’elle a aimé, perdu, et
qu’elle appelle encore « mon preux chevalier ».