À Pied-de-Borne, une agente communale a mis en scène un faux braquage pour dissimuler le détournement de 3 500 € dans le guichet de la Banque postale installé à la mairie. Déjà condamnée par le passé, elle écope de 15 mois de prison, dont 9 avec sursis.
Le 24 septembre dernier, la secrétaire de mairie de Pied-de-Borne, 59 ans, affirmait avoir été victime d’un braquage à main armée. Elle expliquait s’être évanouie sous la menace d’un homme et avoir remis l’argent du coffre de la Banque postale, installée au sein même de la mairie. Ce jour-là, cette secrétaire de mairie, qui s’occupe également du guichet de la Poste, était seule dans les locaux. Rapidement, les enquêteurs ont relevé des incohérences : aucune image, aucun témoignage ne venait confirmer ses dires. Les auditions et les investigations ont mis au jour une version qui ne tenait pas. Très dépensière malgré un salaire de 1 430 euros, la fonctionnaire semblait surtout redouter un contrôle.
C’est en effet après une vérification prévue du coffre-fort, le 2 septembre, qu’elle commence à paniquer. Ce jour-là, elle prétend ne pas retrouver la clé du coffre pour éviter le contrôle. L’étau se resserre. Entre décembre 2024 et août 2025, elle avait volé près de 3 500 euros dans les caisses du guichet postal. Originaire de Villefort, cette femme travaille depuis onze ans dans la fonction publique. Elle avait déjà été condamnée en 2021 pour abus de confiance au préjudice de la mairie de Villefort, où elle exerçait auparavant.
Poursuivie pour vols par une personne chargée d’une mission de service public et dénonciation mensongère, elle a comparu en audience de comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Mende, ce vendredi 10 octobre.
À la barre, elle reconnaît tout : « j’ai eu l’idée de simuler un braquage en lisant des romans policiers. Je me suis enfermée dans une spirale du mensonge. J’étais ric-rac à la fin de chaque mois, avec beaucoup de dettes et des crédits à la consommation ».
Face au président du tribunal, elle décrit la montée de la peur : « je me suis décidée le matin même. La pression montait de jour en jour. J’avais l’impression que j’allais être découverte« . Puis elle conclut, honteuse : « j’ai vraiment honte. J’ai fait du tort à tout le monde. Oui, j’ai pris dans la caisse ».
Le procureur de la République de Mende, Valéry Morron, a dénoncé « le mensonge comme fil conducteur de cette affaire », rappelant que les fausses déclarations avaient mobilisé des centaines d’heures de travail pour les enquêteurs. La prévenue n’a reconnu les faits qu’à la cinquième audition.
Le tribunal l’a condamnée à 15 mois de prison, dont 9 avec sursis, soit 6 mois ferme à exécuter sous bracelet électronique. Fonctionnaire territoriale, elle écope également d’une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant trois ans et devra rembourser les sommes détournées à la Banque postale.
Dans cette affaire, la Banque postale s’est constituée partie civile, précisant que l’agente n’était pas son employée mais celle de la mairie. Une convention liait en effet la commune et la Banque postale pour l’installation d’un guichet dans la mairie.