Le ministère de la Culture a rendu public les noms des cinq équipes encore en lice pour ce concours. Le lauréat doit être désigné début 2026 pour une livraison en 2030.
Mené au pas de charge depuis qu’Emmanuel Macron en a annoncé les grandes lignes en janvier, le grand chantier du Louvre a passé une nouvelle étape vendredi avec la désignation des cinq équipes finalistes. À quelques heures d’un remaniement qui laisse planer le doute sur l’identité du prochain ministre de la Culture, Rachida Dati a pris les devants en s’en réservant l’annonce, par voie de communiqué. À l’issue de leur réunion du 7 octobre « les 21 membres du jury ont retenu cinq groupements à compétences architecturale, scénographique, urbanistique et paysagère », explique le ministère avant d’en dresser la liste par ordre alphabétique
Amanda Levete
On y trouve la Britannique Amanda Levete (agence AL_A), qui a principalement travaillé au Royaume-Uni. On lui doit notamment l’extension du Victoria & Albert Museum, à Londres, avec sa nouvelle entrée et ses galeries d’exposition temporaire réalisée en 2017. En France, elle a participé au concours lancé par la mairie de Paris pour réimaginer les abords de la tour Eiffel et du Trocadéro. Son projet pour le Louvre est présenté avec l’agence NC Nathalie Crinière pour la scénographie et Carole Benaiteau pour la muséographie. Le volet paysage est porté par VDLA et le volet urbanisme par Atelier SOIL.
La Sackler Courtyard, extension au Victoria and Albert Museum de Londres inaugurée en 2017.
JUSTIN TALLIS / AFP
Architecture Studio
Deuxième dossier retenu, celui d’Architecture Studio, que les Français connaissent mieux. Cette agence a notamment signé la reconstruction du grand auditorium de Radio France, le nouveau flagship de Sotheby’s à Paris, la Cité des arts à Montpellier. Ils travaillent également beaucoup en Chine et dans le Golfe, en multipliant les projets ou réalisations culturelles. Le dossier pour le Louvre est présenté avec l’agence Diller Scofidio + Renfro. La scénographie est portée par Diller Scofidio + Renfro et l’Atelier Brückner, la muséographie par LAMAYA, le volet paysage par Diller Scofidio + Renfro et l’agence TER et le volet urbanisme par Architecture Studio.
Au cœur des travaux engagés en 2003 par Radio France, confiés au cabinet Architecture-Studio, le nouvel auditorium.
LOIC VENANCE / AFP
Dubuisson Architecture et SANAA
Autre signature familière des Français : l’agence Dubuisson Architecture de Thomas et Catherine Dubuisson. Et point notable, l’agence a déjà travaillé pour le Louvre et dans le périmètre du musée. L’équipe a livré en 2016 une rénovation du foyer du Carrousel du Louvre, dans la galerie commerciale. Ils ont aussi rénové les 7 000 mètres carrés d’espaces d’accueil sous la pyramide (en 2018) ou repensé les boutiques de la RMN au sein du musée. Mais ces contrats sont sans commune mesure avec le cahier des charges du concours. Dubuisson se trouve associé avec un poids lourd du secteur : l’agence japonaise SANAA de Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, lauréate du prix Pritzker en 2010. Eux aussi connaissent le Louvre, tout du moins son antenne lensoise. En 2007, les Japonais avaient livré un autre projet muséal d’envergure : les nouveaux locaux du musée d’art contemporain de New York avec son empilement de blocs maillé d’aluminium. Les deux agences sont accompagnées par Dan Pearson Studio pour le volet paysage.
L’équipe de Dubuisson Architecture a livré en 2016 une rénovation du foyer du Carrousel du Louvre, dans la galerie commerciale.
Dubuisson Architecture
Sou Fujimoto
Autre Japonais retenu, Sou Fujimoto. Intitulé Mille arbres, son projet de ville arborée enjambant le périphérique porte Maillot avait impressionné. Il n’a malheureusement pas vu le jour. Dans le ciel de Montpellier se dresse, en revanche, L’Arbre blanc (réalisé avec Laisné-Roussel et OXO Architectes) : 17 étages de logements piqués de balcons et de pergolas qui semblent suspendus dans le vide. Pour le projet du Louvre, l’antenne parisienne de Sou Fujimoto architects est associée à Ducks Scéno (scénographie et muséographie) et Vogt paysage (paysage et urbanisme).
L’Arbre blanc à Montpellier, conçu par Sou Fujimoto, Nicolas Laisne et Manal Rachdi.
PASCAL GUYOT / AFP
STUDIOS
Enfin, le jury a également retenu le dossier de l’agence STUDIOS, agence internationale fondée à San Francisco il y a quarante ans. Parmi ses réalisations notables, le siège de Google à Mountain View (1994) ou celui de Microsoft France à Paris, exemples de ses collaborations avec les grandes entreprises du numérique, dont Studios s’est quasiment fait une spécialité. Pour le Louvre, Selldorf architects assure également la scénographie et la muséographie. Scénarchie porte également le volet scénographie. L’agence BASE est en charge du volet paysage et urbanisme.
Le siège de Microsoft à Paris, conçu par Studios.
BORIS HORVAT / AFP
Le projet et l’équipe retenus par le jury seront dévoilés au premier semestre 2026 pour une réalisation attendue d’ici 2030 selon un calendrier serré annoncé par le président de la République. Le coût total du projet, qui comprend également d’importantes restaurations sur l’ancien palais, a été évalué à environ 700 à 800 millions d’euros sur une dizaine d’années. L’Élysée comme le ministère de la Culture ont assuré que l’essentiel des investissements nécessaires serait porté par des recettes propres au musée (dont une augmentation du prix des billets pour les touristes étrangers), des opérations de mécénat ou la redevance payée par des partenaires étrangers en échange de prestations assurées par le Louvre. Seule une « part très minoritaire » sera financée par l’État, dont 10 millions budgétés pour les premières études en 2025.