Les générations qui ont grandi avec DKR, Tombée pour elle et Boulbi seront sûrement aux concerts de Booba à Paris La Défense Arena. Élie Yaffa, alias Booba, le Duc de Boulogne soit l’homme qui a transformé le rap français en machine de guerre a rendez-vous avec ses fans trois soirées de suite. À 48 ans, avec 10 millions d’albums vendus et plus de 5 milliards de streams cumulés, il est une icône, un monument.

Mais en 2025, alors que la scène rap regorge de talents comme SDM, Tiakola ou Zola, qui cartonnent avec des mélodies addictives et des vues stratosphériques, reprises sur les réseaux sociaux comme TikTok, Booba peut-il encore trôner ? Entre clashs et sorties musicales, l’ancien du rap français doit tout faire pour garder sa couronne au chaud.

Le pionnier toujours à la page

Booba, c’est d’abord une révolution. En 2002, Temps mort pose les bases d’un rap français brut, inspiré des génies américains. De Lunatic à Futur (2012) ou Nero Nemesis (2015), il enchaîne les certifications or et platine. Depuis presque trente ans, « il est au premier plan sans jamais disparaître. C’est un véritable ovni : aucun autre rappeur français n’a eu une carrière aussi longue, aussi stable, et toujours respectée. » nous explique Narjes Bahhar, édito Rap et R & B chez Deezer. Pionnier dans le rap, Le Duc a aussi bâti une image solide. Son titre OKLM est entré comme expression dans le langage courant « Booba a aussi marqué le rap par ce qu’il a transmis à travers son label, le 92i. C’est grâce à lui que des artistes comme Damso, Shay ou SDM ont pu exploser. Tous ont bénéficié de sa vision, de sa notoriété et de sa rigueur. Il a aussi été un bâtisseur pour toute la scène française. » rappelle l’experte en rap.

Signe de ce succès, le natif de Sèvres va remplir trois fois Paris La Défense Arena. « Les ventes ont été tout simplement exceptionnelles. Dès l’annonce de la première date, le 14 février 2025, nous avons constaté un réel engouement : sold out en quelques heures à peine. Nous avons ouvert une deuxième date… même scénario, ce qui nous a conduit à l’ouverture d’une troisième. Nous continuons actuellement à recevoir de nombreuses demandes. Le concert est réellement attendu par les spectateurs ! », sourit Bathilde Lorenzetti, vice-présidente de Paris La Défense Arena. Il est même l’un des artistes à s’être produit le plus dans la plus grande salle d’Europe et surtout « le premier rappeur à avoir rempli Paris La Défense Arena le 13 octobre 2018 avec 40.000 spectateurs. C’était un moment fort, avec une ambiance mémorable », se souvient la cheffe des lieux.

Un exemple pour la liberté de créer

Pourtant, son trône vacille. Les clashs, son arme favorite, divisent. Rohff le traite de « prépubère », Gims et Damso se prennent des tacles sur leur feat Tu me rends bête, qualifié de « pire de l’année ». Même Ninho, intouchable avec 150 singles or en prend pour son grade. X son réseau social préféré booste sa visibilité mais lasse certains fans qui veulent du son, pas du drama. « Je l’adore, s’esclaffe Willy. Mais à son grand âge il faudrait arrêter les insultes. On se désintéresse un peu de lui pour aller vers des rappeurs qui ont une image de mecs sympas comme SDM qui était super drôle dans une vidéo de Squeezie. »

Face lui, la nouvelle génération redéfinit le rap. Ninho, 29 ans, est un rouleau compresseur : NI est multidiamant et il a rempli le Stade de France. Tiakola, 24 ans, explose avec La mélo est gangx (avec Gazo), raflant neuf nominations aux Flammes 2025. D’autres artistes misent aussi sur des clips et des mélodies qui peuvent devenir viraux sur TikTok avec le souhait de parler aux jeunes. Pourtant, Booba qui a l’âge d’être le père de toute cette nouvelle génération reste un exemple pour cette jeunesse, comme le précise Narjes Bahhar : « Beaucoup de rappeurs d’aujourd’hui s’inspirent de lui, que ce soit dans l’écriture, le flow ou l’attitude. B2O a redéfini le rap francophone : il a mélangé la dureté et la mélancolie, il a parlé de la rue, du pouvoir, du luxe et de la solitude avec une poésie froide et unique. »

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Sans oublier que grâce à lui, des rappeurs osent utiliser de nouvelles sonorités : « Il a aussi été précurseur dans l’usage de l’autotune, l’arrivée de la trap par ex, bien avant que ce soit à la mode en France. Ses punchlines sont devenues cultes, et son univers est instantanément reconnaissable », termine la boss du rap chez Deezer.