C’est la fin d’un long feuilleton. Les communes du Grand Paris ayant accueilli Autolib’ ont décidé de ne pas se lancer dans une nouvelle bataille judiciaire avec le groupe Bolloré, l’exploitant de ce service d’autopartage stoppé en juillet 2018.

Selon une information du média L’informé, confirmée au Parisien ce vendredi, la centaine de communes adhérentes du Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM) a accepté de se conformer à la décision de justice prononcée en février. Elles renoncent à lancer un recours devant le Conseil d’État.

Dans son arrêt rendu en février, la cour administrative d’appel de Paris les condamne à verser 66 millions d’euros d’indemnités au milliardaire breton, pour une facture finale de 75 millions avec les intérêts. Débouté en première instance, celui-ci réclamait initialement 235 millions d’euros après la rupture du contrat d’Autolib’, au bout de 7 ans au lieu de 12. «Vincent Bolloré n’a pas fait appel non plus, bien qu’il ait obtenu quatre fois moins que demandé», réagit Sylvain Raifaud, le président du SAVM, rebaptisé Agence métropolitaine des mobilités partagées (Agemob).

Une lourde facture pour les communes

Après sept ans de contrat, la Ville de Paris suivie par des dizaines d’autres avaient dénoncé le coût de la flotte de 3900 voitures électriques, répartis dans un millier de stations. Le manque d’entretien des véhicules, les objectifs commerciaux non atteints, et des pertes colossales avaient conduit le SAVM à arrêter les frais.

Pendant les années d’instruction, pour faire face à cette menace financière, le SAVM a provisionné quelque 32 millions d’euros, sur un montant global de 75 millions. Restent donc 43 millions d’euros à régler pour la collectivité, au prorata du nombre d’emplacements Autolib’.

Paris, avec 611 stations, doit s’acquitter d’environ 25 millions. Dans les Hauts-de-Seine, la facture est salée pour Nanterre (1,2 million), Rueil-Malmaison (850 000 euros) ou Colombes (750 000 euros). Certaines villes ont décidé de payer comptant leur part. D’autres ont recours à un emprunt bancaire auprès de l’Agence France Locale (AFL).

Ce long contentieux est ainsi clos à quelques mois des élections municipales de mars 2026. Mais il laissera sans doute des traces et invitera les collectivités à mieux encadrer les contrats de délégation de service public (DSP). Dans un rapport publié en 2020, la Chambre régionale des comptes avait épinglé les dérives du contrat Autolib’ et les difficultés de Vélib’, en pointant la faiblesse de la gouvernance du SAVM. Le syndicat mixte se concentre aujourd’hui sur la gestion du service Vélib’, opéré par Smovengo jusqu’en 2032.