Quatre procureurs généraux de différents pays européens sont en lice pour remplacer la Roumaine Laura Codruța Kövesi à la tête du Parquet européen (EPPO) l’année prochaine, ont confié à Euractiv des personnes au fait du processus de sélection.

Le poste de chef du Parquet européen, un organisme basé à Luxembourg, implique la coordination d’une équipe d’enquêteurs criminels transfrontaliers chargés de poursuivre les personnes accusées d’utilisation frauduleuse des fonds européens, qu’il s’agisse de hauts fonctionnaires ou d’organisations criminelles.

L’Allemand Andrés Ritter, actuellement procureur adjoint du Parquet européen, arrive en tête de la liste des candidats, selon trois personnes au courant du processus confidentiel. Procureur avec plus de 25 ans d’expérience dans son pays, Andrés Ritter s’est spécialisé dans la criminalité en col blanc et la fraude aux subventions de l’UE, et s’est appuyé sur son expérience lorsqu’il s’est présenté à ce poste il y a six ans.

Il est suivi par l’Autrichienne Ingrid Maschl-Clausen, ancienne procureure du Parquet européen qui a travaillé à la représentation permanente de l’Autriche auprès de l’UE et à l’Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust), qui contribue à favoriser la coopération entre les services répressifs de l’Union depuis son bureau de La Haye.

Le troisième candidat est l’Italien Stefano Castellani, qui occupe déjà le poste de procureur délégué du Parquet européen à Turin, suivi de l’Espagnol Emilio Jesús Sánchez Ulled, procureur général chargé des crimes contre l’administration publique à Madrid.

Les quatre candidats ont été auditionnés en septembre par des experts juridiques de haut niveau venus de toute l’Europe dans le cadre d’un processus confidentiel, suivi d’une délibération sur le classement.

La liste restreinte, déjà communiquée aux candidats, doit maintenant être envoyée au Conseil de l’UE et au Parlement européen, qui doivent se mettre d’accord sur le candidat final qui remplacera Laura Kövesi, qui doit quitter ses fonctions après six ans.

Le changement à la tête de l’EPPO est prévu pour octobre 2026 et intervient alors que l’UE envisage de remanier son arsenal de lutte contre la fraude, une mesure qui pourrait conférer à l’EPPO des pouvoirs élargis pour enquêter et protéger le prochain budget pluriannuel de l’Union.

Le processus de sélection final devrait donner lieu à des négociations politiques et à un examen minutieux de l’expérience et de l’indépendance des quatre candidats retenus, comme ce fut le cas il y a six ans lorsque Laura Kövesi a été interrogée par les députés européens sur les fonctionnaires qu’elle avait condamnés lorsqu’elle travaillait dans son pays natal, la Roumanie.

Au cours du mandat de six ans de Laura Kövesi, qui a débuté en 2019, l’EPPO a mené plusieurs enquêtes très médiatisées, notamment des affaires liées à des ministres grecs, aux négociations sur l’achat de vaccins par l’UE, au Parti populaire européen et à l’utilisation abusive présumée de fonds européens par des députés européens.

L’EPPO a refusé de commenter.

Inés Fernández-Pontes a contribué à la rédaction de cet article depuis Madrid.