Par
Laura Bourven
Publié le
10 oct. 2025 à 19h56
La décision de Valérie Pécresse, présidente Les Républicains du conseil régional, de mettre fin à la subvention régionale accordée aux MDPH (maisons départementales des personnes handicapées) a déclenché une vive controverse à la Région Ile-de-France. Le 19 septembre 2025, le groupe d’opposition La Gauche Communiste Écologiste et Citoyenne révélait la suppression, par la majorité régionale, des aides aux MDPH.
L’exécutif justifie cette mesure par la volonté de « recentrer la dépense publique sur les compétences obligatoires » et de réaliser des économies. Mais pour l’opposition de gauche, il s’agit de « prendre dans les poches des plus fragiles ».
Créées pour centraliser l’accompagnement des personnes handicapées, les MDPH attribuent diverses aides pour les familles confrontées au handicap : fauteuils roulants, véhicules adaptés, auxiliaires de vie, logements, mais aussi animaux d’assistance. « La MDPH, ce ne sont pas que des fauteuils ! », rappelle la conseillère régionale d’opposition La France Insoumise (LFI) Julie Garnier, qui dénonce une décision « indigne ».
Une aide aux MDPH qui n’était pas obligatoire
Pour Julie Garnier, couper ce soutien accroîtra le reste à charge des familles : « Certains enfants ne pourront plus suivre de formation, d’autres auront du mal à manger. On fait un tri parmi les gamins. »
Depuis 2014, soit avant l’élection de Valérie Pécresse à la présidence de l’Île-de-France, la Région, sans y être obligée, versait un financement complémentaire à ces structures gérées par l’État et les Départements. L’exécutif régional défend donc la cohérence de la décision.
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Pierre Deniziot, délégué spécial au handicap, rappelle : « Ce n’est pas une compétence de la Région. Désormais, l’État prend totalement en charge le remboursement des fauteuils roulants, donc le coût sera beaucoup moins élevé pour les familles. »
Le 24 septembre 2025, la Région a souhaité s’expliquer plus longuement sur cette décision à travers un communiqué de presse : « La Région Île-de-France […] avait accepté de manière totalement dérogatoire […] de donner 250 000 € à chaque MDPH pour compléter les moyens des Départements. Aujourd’hui, la situation a changé. […] En 2025, les confiscations de recettes qui ont été imposées par l’État à la Région pour réduire ses propres déficits, à hauteur de 230 millions d’euros ne permettent plus à la Région Île-de-France d’intervenir en dehors de nos domaines de compétence » détaille la majorité qui affirme que les Départements et MDPH ont rapidement été informés, à l’automne 2024.
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Pour Céline Malaisé, présidente du groupe La Gauche Communiste Écologiste et Citoyenne au Conseil régional d’Île-de-France, la décision illustre plutôt un choix politique : « Cette décision est injuste, surtout quand la présidente annonce des subventions équivalentes à des lycées privés excédentaires impliqués dans des affaires judiciaires ».
« 1 800 personnes privées de formation »
Quelques jours après la polémique, le groupe d’opposition à la Région a poussé un nouveau coup de gueule contre une décision de Valérie Pécresse : la baisse de 15 % des places financées par la Région dans les centres d’orientation et de formation des personnes handicapées. Cela représenterait, selon Céline Malaisé, « jusqu’à 1 800 personnes atteintes de handicap privées d’accès à une formation qualifiante ».
« Il n’y a pas que les fauteuils roulants. Les besoins restent immenses », ajoute Julie Garnier.
Ces tensions réactivent les critiques contre Valérie Pécresse. « L’an dernier, elle proclamait le handicap grande cause régionale. Aujourd’hui, elle en fait une variable d’ajustement budgétaire », déplore l’élue LFI. Entre économies et accusation de stigmatisation, la fracture politique risque de coûter cher à Valérie Pécresse qui ne s’est pas encore expliquée publiquement sur le sujet. Une chose est sûre : « les bénéficiaires de la MDPH se sentent abandonnés. »
« La Région doit composer avec des dotations nationales insuffisantes »
De son côté, le Département, qui porte la MDPH de Seine-et-Marne, ne jette pas la pierre à la Région Île-de-France et se montre compréhensif. « Face aux contraintes budgétaires de plus en plus fortes imposées par l’État aux collectivités territoriales, la Région a dû recentrer son budget sur ses compétences obligatoires. Comme l’ensemble des collectivités locales, elle doit composer avec des dépenses en hausse constante et des dotations nationales insuffisantes. […] La fin de cette subvention est le triste résultat des décisions budgétaires nationales, avec des conséquences néfastes sur les finances locales » réagit le Département de Seine-et-Marne interrogé par La Marne.
Jusqu’à présent, les subventions versées par la Région à la MPDH étaient intégralement attribuées au fonctionnement du Fonds de Compensation du Handicap (FDC). « En 2024, les subventions régionales représentaient environ 51 % des recettes du FDC, soit 225 000 euros. »
Pour pallier cette baisse des dotations, le Département a décidé d’augmenter sa contribution de 10 %, passant de 50 000 à 55 000 euros. La CAF a, elle, « renforcé son soutien avec un engagement pluriannuel et une subvention de 50 000 euros en 2025. »
Avec Camille Gigan
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