Depuis son lancement le vendredi 3 octobre, Monstre – L’histoire d’Ed Gein Story (notre avis), la troisième saison de la collection de Ryan Murphy explore, après l’histoire de Dahmer et celle des Frères Menendez, l’origine d’un autre mythe américain du mal : Ed Gein, un tueur du Wisconsin dont les crimes ont inspiré Psychose, Massacre à la tronçonneuse et Le Silence des agneaux. Dans le dernier épisode, Ed Gein incarné de façon exceptionnelle par Charlie Hunnam, effrayé à la perspective d’endosser ce rôle dérangeant, est interné dans un hôpital psychiatrique. Entre ces murs, hanté par ses fantômes, il suit un traitement médical pour traiter sa schizophrénie. Le récit bascule dans le délire, entre hallucinations et souvenirs, où Ed Gein dialogue avec des figures réelles ou fantasmées dont son ancienne fiancée déséquilibrée, Adeline Watkins, la « chienne de Buchenwald » Ilse Koch, d’autres célèbres tueurs en série dont Richard Speck, Ted Bundy ou Ed Kemper, son médecin et ses infirmières.

Monstre – L’histoire d’Ed Gein : Un final entre délire hallucinatoire, rédemption et spectacle grotesque

Ed Gein est, à la fin de sa vie, épuisé, dans une sorte d’apathie à cause de ses médicaments, et vivant dans une solitude. Il est un peu surpris de recevoir des lettres de fans et d’avoir inspiré tant de cinéastes. Cherchant une sorte de rédemption, il accepte de s’entretenir avec des agents du FBI tout droit issus de la série de David Fincher, Mindhunter pour les aider à traquer le tueur en série Ted Bundy – fait qui n’est jamais arrivé dans la réalité. Pour Ed Gein, cela lui donne sûrement le sentiment de compenser en partie le mal qu’il a fait à ses victimes et à la société. Peut-être a-t-il également l’impression de faire le bien. C’est une façon de reprendre un peu le contrôle sur sa vie, mais ce n’est sans doute comme le reste qu’une illusion de son esprit. Plus l’épisode avance, plus le ton se fait délirant, voire grotesque. À l’approche de la mort, assis dans son fauteuil roulant, Ed rêve qu’il traverse un couloir de l’hôpital illuminé de toutes les couleurs, avec le personnel hospitalier autour de lui dansant et des tueurs en séries admiratifs le félicitant et lui exprimant leur admiration. De « Monstre », Gein est devenu un modèle, qui se dit qu’il a marqué l’histoire et fait enfin la fierté de sa mère. Cette séquence est filmée comme une séquence de comédie absurde et macabre, presque musicale avec une référence à All That Jazz, un choix volontairement ambigu.

Monstre – L’histoire d’Ed Gein : Réhabilitation, humanisation ou diabolisation d’un tueur devenu une figure de la pop culture ?

Faut-il voir dans ce portrait une dénonciation d’une figure du Mal, la réhabilitation d’un homme malade ou une critique de la fascination médiatique pour le macabre ? « Chaque saison interroge la même chose : les monstres naissent-ils ainsi ou sont-ils fabriqués par la société ? » a déclaré Ryan Murphy à Tudum. Dans le cas de Gein, ses troubles s’expliquent en partie par une mère abusive et des problèmes psychiques. En tout cas, Ryan Murphy, comme son interprète vedette Charlie Hunnam, ont tenté de l’humaniser sans pour autant le glorifier, quand la société a, de son côté, préféré le diaboliser et le laisser interné. Charlie Hunnam évoque un homme dont les « hallucinations étaient son réel » quand Murphy le voit comme « le reflet d’une Amérique qui a cessé de soigner ses malades mentaux (…) et produit des générations de monstres que personne ne veut comprendre. »

Monstre suggère que la société s’est nourrie d’Ed Gein, des réalisateurs de films aux spectateurs avides de True Crime. Cette nouvelle adaptation perpétue sa légende, comme si le monde avait besoin de « ses monstres » pour se sentir vivant.