Écrivaine et slameuse de 33 ans, Hayva partage aujourd’hui avec nous son monde entre poésie, littérature et slam. Victorieuse du Grand Slam National 2025 en équipe avec la Maison Mimir de Strasbourg, cette étoile montante nous transperce dans ses écrits empreints d’humanité, d’engagements et de respect.
Ayant grandi à la cité Rotterdam de Strasbourg, Hayva sait d’où elle vient et connaît l’importance de la défense du droit des femmes.
Élevée par sa mère, avec une grand-mère maternelle très présente, cette jeune femme ne regrette pas sa situation de fille unique dans une famille monoparentale : « J’avais ainsi tout leur amour pour moi. »
© Hayva / Document remis
De cet amour familial féminin composé de sa grand-mère, sa mère, sa tante et sa cousine (« on est les cinq doigts de la main »), elle garde en tête le fait que les femmes seules peuvent aller très loin.
© Hayva / Document remis
Une influence culturelle diversifiée
Hayva a été bercée dès le plus jeune âge par la musique, de la variété française appréciée par sa mère aux influences rap de sa cousine de 8 ans son aînée. « Petite, je me souviens de journées passées devant la chaîne MTV, à écouter IAM, Diam’s et Sniper ou à chanter ‘Mon papa à moi est un gangster’ », se remémore-t-elle.
Chanson qui a particulièrement accompagné Hayva tout au long de son enfance
Déjà très proche de sa grand-mère, qui lui a appris l’importance des cinq sens, c’est avec son grand-père, qui est décédé quand Hayva avait 6 ans, qu’elle a découvert le goût de la lecture et de l’écriture. Notamment grâce à des affaires personnelles laissées derrière lui : livres, lettres manuscrites, photographies…
© Hayva / Document remis
Ce n’est donc pas pour rien si Hayva a plusieurs cordes à son arc : chargée de projet au CSC Meinau où elle gère le média participatif citoyen MNO, slameuse, photographe, écrivaine, intervenante lors d’ateliers d’écriture à la Maison des Ados de Strasbourg…
Cette pétillante artiste touche à tout s’émerveille d’un rien, la curiosité toujours en première ligne. « J’ai toujours posé beaucoup de questions sur le monde qui m’entoure, sur l’histoire de ma famille, mes racines. »
© Lise Kintz / Documents remis
La découverte de la poésie
Pour Hayva, l’écriture est un mode de vie qui permet de regarder la beauté, de s’extasier devant les choses simples et de préserver son imaginaire. « La poésie permet de prendre les choses avec plus de légèreté face à la lourdeur de la société qui nous entoure. Elle aide à reprendre le pouvoir sur le quotidien, à capter la sensibilité et à la transformer en poèmes. »
Selon elle, l’écriture est salvatrice : elle permet de se comprendre soi-même, et donc de comprendre les autres, de transmettre à autrui la possibilité d’être soi, de s’accepter, d’avoir le droit d’être et de s’exprimer.
La poésie est en moi, avec moi, elle est quotidienne et transversale.
Hayva
© Document remis
Ses premiers poèmes, écrits à l’âge de 4 ans, évoquaient déjà le monde, dans la plus simple technicité.
« Au collège, j’ai commencé à écrire des poèmes plus conventionnels, et notamment mes premières 16 mesures car j’écoutais du rap. Au lycée, j’étais plus dans la phase rêveuse philosophe, donc j’ai écrit des alexandrins et des poésies en prose, toujours avec cette frustration de pas comprendre ni l’humain ni notre société. »
Celle qui a toujours un carnet sur elle, pour écrire spontanément lorsqu’une idée lui passe par la tête, prend plaisir à regarder passer les gens et y puise son inspiration.
© Hayva / Documents remis
De la poésie au slam : une victoire nationale à Paris avec Maison Mimir
Lors d’une rencontre avec le musicien Jérémy Novotek alias Nouns, ce dernier encourage vivement Hayva à partager son talent et la profondeur de ses textes lors de scènes ouvertes.
« Je me pointe en janvier 2023 à la scène ouverte de Mimir. Et là je suis inscrite mais c’est un tournoi de slam… Donc avec un jury et des notes ! Je prends mon courage à deux mains et je monte sur scène en lisant mes textes sur le téléphone… Et je gagne le tournoi ! »
© Hayva / Documents remis
Un peu plus tard, Hayva rencontre les slameurs Cartouche à la Maison Mimir et Mosdé le Baladin lors d’ateliers d’écriture à la Meinau. C’est le début d’une grande amitié, qui va vite aboutir à un enrichissement artistique réciproque.
Après différentes scènes à Strasbourg, elle décide de monter sur les planches au niveau national en groupe, lors du concours Grand Slam National 2024 où ils/elles s’inclinent en finale.
Fin mai 2025, ils/elles ont rempilé pour exposer leurs proses lors du Grand Slam National à Belleville en région parisienne, où 20 équipes de 4 slameurs/ses de toute la France se sont affrontées.
© Hayva / Documents remis
Passage de Hayva à 1:50:15
L’équipe de slam « Maison Mimir », composée de Peau d’Âme (pseudo utilisé par Hayva lors des tournois), Mosdé le Baladin, Justin Combo et Cartouche, a remporté la première place devant Mulhouse. Cette victoire a naturellement été dédiée à la Maison Mimir qui a été victime d’un incendie en février 2023.
« Cette compétition est avant tout un tournoi de poésie sans instruments. Ton instrument, c’est ta voix. Tu dois l’accompagner de mouvements, d’un aspect théâtral et ne pas oublier les punchlines et les multisyllabiques », informe-t-elle, les étoiles dans les yeux.
© Hayva / Documents remis
L’interprétation, le charisme et la qualités des textes sont ainsi à l’appréciation du jury. Jury qui a été particulièrement impressionné par les messages de fond et textes engagés d’Hayva, qui parlent de soi, de la société, de sa mère ou encore de la Palestine. Au point de terminer à 0,6 point de la qualification pour le championnat du monde en individuel.
Passage de Hayva à 01:39:36
© Hayva / Documents remis
Et maintenant ?
Hayva est en train de créer l’association L’ENGAGE avec des ami(e)s de la Maison Mimir. Elle aura pour objet de promouvoir tous les arts oratoires de la rue et la culture urbaine, et de donner la parole à des publics en marge et isolés : en prison, avec des handicaps ou des jeunes dans des foyers.
« L’Engage recherche des lieux et des partenariats pour animer des scènes ouvertes de slam à Strasbourg, donc il ne faut pas hésiter à nous contacter à [email protected] »
Vous pouvez aussi retrouver Hayva sur les scènes ouvertes de la Maison Mimir, chaque dernier mardi du mois.
1. © Adrien Labit / Pokaa ; 2. © Document remis
Cette talentueuse poète a aussi pour projet de mettre ses textes en musique dans le cadre d’un projet rap avec un ami musicien. « À l’inverse du rap où on écrit des paroles sur une prod, là les textes sont déjà écrits et c’est à la prod de se caler sur les textes. »
« Je propose également des ateliers d’écriture slam au CSC de la Meinau à partir de septembre, ouverts à toutes et tous sur inscription et payants. »
1. © Hayva / Documents remis ; 2. © Del Photography / Document remis
Et pour finir : pas de concert à venir dans l’immédiat, mais un projet de maquette en studio est sur les rails… Ne lui reste qu’à trouver des financements (tremplins, aides, structures associatives, maisons de disques). On lui souhaite bonne chance !
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