« Les conducteurs sont encore sous le choc », témoigne un de leurs représentants sur le tramway T4, ce mardi 22 avril. Après la violente agression d’un passager, vendredi 18 avril, entre les arrêts Allée de la Tour – Rendez-vous, à Villemomble, et Les Pavillons-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, les salariés de l’opérateur Stretto (groupement SNCF Voyageurs et Keolis) ont fait jouer leur droit de retrait.

Depuis samedi 19 avril après-midi, aucune rame du tram-train ne circule entre Bondy et Montfermeil ou Aulnay-sous-Bois. Ce mardi encore, le trafic n’a pas repris à 5 heures. Une réunion s’est tenue dans la matinée entre les représentants syndicaux des 180 conducteurs et la direction de la ligne, sans parvenir à un accord. La reprise des circulations envisagée pour 13 heures n’a pas eu lieu.

Les conducteurs réclament des renforts de sûreté pérennes et une meilleure prise en charge du personnel par la direction, face à ce genre d’incident. « Depuis l’arrivée de Stretto, nous sommes livrés à nous-mêmes. Vendredi, après l’agression, aucun cadre d’astreinte n’était présent pour accompagner notre collègue », déplore un représentant syndical. De nouvelles réunions devaient se tenir afin de parvenir à un terrain d’entente et une éventuelle reprise du trafic mercredi 23 avril.

Des renforts de police

Stretto, qui a succédé à la SNCF le 22 mars après avoir remporté un appel d’offres d’Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports franciliens, dispose d’une douzaine d’agents de sûreté sur le T4 et de deux maîtres-chiens. « C’est deux fois plus qu’avant le début du contrat de Stretto », souligne Thibaud Deletraz directeur marketing chez Keolis Île-de-France.

Et d’ajouter : « Nous avons renforcé nos équipes, avec des agents de la Suge (sécurité SNCF) et de Keolis. Il est vrai que le T4 est une ligne qui traverse des zones sensibles, même si les agressions d’une telle violence sont rares. Nous en tenons compte et c’est pourquoi nous mobilisons les équipes de sûreté en fin de journée et le soir. »

Dès samedi matin, des agents de sûreté supplémentaires ont été déployés, indique la direction de Keolis en Île-de-France. Ce mardi, deux équipes de la police des transports ont été sollicitées afin de patrouiller entre Aulnay-sous-Bois et Livry-Gargan.

Île-de-France Mobilités a récemment lancé une brigade régionale des transports (BRT), afin de renforcer les effectifs dévolus à la sécurité. « Nous allons encore renforcer la présence sur le terrain, avec les équipes de Stretto et de la Suge (SNCF) qui seront mobilisées sur la ligne, ainsi que des équipes de la BRT qui patrouilleront pour assurer une présence constante », annonce IDFM ce mardi.

La vie de la victime n’est plus en danger

D’après le parquet de Bobigny contacté lundi 21 avril, le pronostic vital de la victime de l’agression n’est plus engagé. Cet homme avait été transporté en urgence absolue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris, XIIIe) vendredi 18 avril au soir pour de multiples traumatismes au visage.

Sans raison apparente, alors que, de l’aveu de plusieurs personnes, il somnolait dans la rame, il avait été roué de coups par un autre passager. Placé en garde à vue vendredi pour tentative d’homicide volontaire, l’agresseur d’origine moldave a été interné. Âgé de 49 ans, il était hébergé à Livry-Gargan.

Quelques minutes auparavant, il avait aussi agressé au couteau deux hommes de 21 et 30 ans, allée des Arts à Bondy. D’après les premiers éléments de l’enquête, l’une des deux victimes était la personne chez qui il était hébergé. Blessés pour l’un à la gorge, pour l’autre au dos et au bras, la vie d’aucun des deux hommes n’est plus en danger, indiquait ce week-end le ministère public.