Ça tient à peu de chose un concert géant. À une blague entre potes lancée il y a trente ans. Le 27 septembre 1995, quatre musiciens jouent pour la première fois ensemble dans un bar de Brest (Finistère), et se disent à la fin en rigolant : « Bon, ben, Bercy dans quelques années les gars… » Le 11 octobre 2025, ce samedi, le groupe breton se retrouvera bel et bien dans cette immense salle parisienne rebaptisée depuis Accor Arena.

« Ça commence donc par une blague et là on y est, commente Tristan Nihouarn, 52 ans autour d’un déjeuner mais l’estomac quelque peu noué par l’enjeu, cette impressionnante date anniversaire et le plus gros show de sa carrière. On a commencé à y penser il y a deux ans, notre manager nous a demandé ce que l’on voulait faire pour nos trente ans. On a répondu en déconnant : Bercy. Je n’aimais pas cette salle avant les travaux et son changement de nom. Je trouvais le son à chier. Là maintenant, ça n’a plus rien à voir. »

Leur incontournable « Lambé an dro » qui a traversé les décennies

Les musiciens de Matmatah auraient pu souffler leurs trente bougies chez eux, à Brest. Ils ont préféré un endroit central pour faire venir des fidèles de partout. « C’est un peu une cousinade, tous nos publics vont se rencontrer à cette occasion, se réjouit le chanteur. Les Bretons et les autres certes, mais aussi les jeunes et les moins jeunes. On voit les parents ou les grands frères qui sont là depuis longtemps mais aussi des 15-20 ans au premier rang. »

Matmatah promet plus de 2h30 de show ce samedi, quelques invités, une première partie inattendue avec le quatuor de choc Aymeric Lompret, Pierre-Emmanuel Barré, Guillaume Meurice et Juliette Arnaud et bien évidemment des classiques de son répertoire. À commencer par cet incontournable « Lambé an dro » qui a traversé les décennies. Un énorme tube né en quelques minutes il y a près de 30 ans.

« C’était chez moi avec Sammy, (le cofondateur du groupe, parti depuis). On avait un duo à l’époque les Tricard Twins. Il a commencé à jouer une mélodie. J’étais assis dans le canapé avec ma copine et je lui ai dit : attends c’est bien ça ! J’ai pris ma guitare et on a tout de suite enregistré. Les paroles sont arrivées plus tard. À l’époque, j’étais en coloc dans le quartier de Brest Lambé (Lambézellec). Et j’avais toujours plein de potes qui passaient chez moi donc qui venaient faire un tour à Lambé. »

Les musiciens devenus Matmatah – du nom d’un village tunisien où Tristan est allé en vacances quand il était gamin – la jouent et sentent « qu’il se passe un truc ». Ils produisent quelques dizaines puis quelques milliers de CD deux titres. « Au départ, c’était juste pour démarcher les bars pour faire des concerts et les mettre en vente chez certains disquaires. Et, six mois plus tard, on en avait écoulé 30 000. L’un de nos potes allait livrer les magasins en 4L jusqu’à Nantes. La chanson passait sur les radios locales et puis nationales comme RTL. »

Un groupe de rock et pas un groupe de terroir

Le début d’un phénomène populaire qui leur a permis de vendre 800 000 exemplaires de leur premier album « La Ouache » en 1998. « On s’est mis à gagner beaucoup d’argent mais on a été bien entourés. Notre éditeur nous a dit : la première chose à faire, c’est de vous acheter chacun un toit. Ce que l’on a fait. »

Un luxe même si « « Lambé An Dro » » a pu être aussi un cadeau empoisonné. « Ça nous a installés dans le paysage musical mais ce tube, c’était un piège car il ne reflétait pas ce qu’était Matmatah, un groupe de rock influencé par les années 1970 et pas un groupe de terroir comme ont pu nous considérer certains médias. »

Trente ans après, avec quelques albums plus rock à la clé, sans références celtiques et une longue pause de 7 ans, Matmatah est toujours là. « Je suis surpris d’avoir toujours envie, reconnaît Tristan qui pense déjà à un nouvel album en 2026. Quand on a arrêté en 2008, on était vraiment usés, il y avait des frictions entre nous. Cette longue pause a été salutaire. Aujourd’hui, ça se passe bien, donc on n’a pas envie de bouder notre plaisir. »

Matmatah à l’Accor Arena, 8 bd de Bercy, 75012 Paris, le 11 octobre à 20 heures.