Cette nouvelle approche, qui fait une distinction entre les dépenses de fonctionnement courantes et les investissements en capital, s’inspire notamment du Royaume-Uni, ont indiqué de hauts responsables gouvernementaux lors d’une séance d’information technique.

Ce cadre aidera le gouvernement à prendre des décisions éclairées et à prioriser les investissements qui procureront des retombées à long terme pour la population canadienne, comme les projets nationaux, des logements, de l’énergie propre et des infrastructures qui favoriseront la croissance de l’économie canadienne et attireront les investissements privés, précise le ministère dans un communiqué.

Lors de la séance d’information, les hauts fonctionnaires gouvernementaux n’ont pas fourni de détails sur le budget qui devrait afficher un déficit « substantiel » (nouvelle fenêtre). Selon certaines sources, il pourrait dépasser les 100 milliards de dollars.

M. Carney avait annoncé ses couleurs, début septembre, lors d’une retraite avec ses ministres à Toronto. Il avait évoqué à ce moment un budget d’austérité et d’investissement en même temps. Il disait pouvoir y arriver avec de la discipline.

Le premier ministre Mark Carney tient une conférence de presse à la Maison du Canada à Londres, le samedi 27 septembre 2025.

Le premier ministre Mark Carney. (Photo d’archives)

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Deux types de dépenses

Lundi, les hauts fonctionnaires gouvernementaux ont assuré que le prochain budget qui, aurait normalement dû être présenté au printemps, conservera une présentation traditionnelle, même si la méthodologie a été modernisée en incluant deux types de dépenses, un pour les affaires courantes et un autre qui contribue à la formation de capital.

Ces responsables n’ont pas voulu entrer dans les détails de ces deux types de dépenses, mais ont offert quelques exemples pour illustrer la distinction entre ces deux catégories.

Les dépenses de fonctionnement courantes comprendraient les dépenses publiques importantes, comme les transferts aux particuliers, les transferts au titre de la santé et des programmes sociaux, ainsi que les coûts liés aux opérations et aux services gouvernementaux, y compris les salaires et les avantages sociaux.

En contrepartie, les dépenses qui constituent des investissements en capital incluent les transferts en capital, les incitatifs fiscaux axés sur le capital en matière d’impôt sur le revenu des sociétés, la recherche et le développement du secteur privé, ainsi que les mesures pour augmenter le parc de logements.

« Quand tu paies ta facture de téléphone c’est une dépense, quand tu achètes une maison c’est un investissement », a résumé un peu plus tard le ministre des Finances François-Philippe Champagne en conférence de presse.

On ne remplace pas la façon dont on calcule le déficit […] mais c’est une nouvelle façon de présenter les choses [qui] va permettre [d’offrir] plus de clarté pour les gens […] pour qu’ils comprennent comment leur argent est dépensé.Une citation de François-Philippe Champagne, ministre fédéral des Finances

Et les dépenses militaires?

Les hauts fonctionnaires gouvernementaux n’ont cependant pas voulu indiquer dans quelle catégorie entreraient les dépenses militaires, par exemple, affirmant que ces informations seraient dévoilées dans le cadre du budget 2025.

Le gouvernement Carney a notamment promis en juin dernier de dépenser 9 milliards de dollars supplémentaires (nouvelle fenêtre) en défense cette année pour atteindre la cible fixée par l’OTAN à 2 % du PIB des pays membres. Le budget total en matière de défense passerait alors à 62 milliards.

Nouveau calendrier

L’autre changement qu’apporte le gouvernement Carney aux modalités du budget fédéral est une modification dans le calendrier.

Traditionnellement, le budget fédéral est présenté au printemps de chaque année, et une mise à jour est fournie à l’automne. Le gouvernement libéral actuel souhaite inverser la tendance et soumettre ainsi dorénavant le budget fédéral à l’automne et offrir une mise à jour au printemps, au début du nouvel exercice.

Selon le ministère des Finances, ce nouveau cycle budgétaire apportera la certitude et la prévisibilité nécessaires pour planifier les projets et garantir que ces derniers peuvent être lancés dès le début de la saison de la construction. De cette manière, chaque ordre de gouvernement pourra prendre plus rapidement des décisions d’investissement plus judicieuses, indique encore le ministère dans un communiqué.

Le ministre des Finances et du Revenu national, François-Philippe Champagne, s'adresse aux journalistes avant une réunion du Cabinet sur la Colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 25 septembre 2025.

Le ministre des Finances et du Revenu national, François-Philippe Champagne, s’adresse aux journalistes. (Photo d’archives)

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby

Le ministre Champagne, qui doit comparaître plus tard aujourd’hui devant le Comité permanent des finances, affirme depuis plusieurs semaines que le Canada doit innover pour faire face aux défis actuels, dont les tensions commerciales avec les États-Unis.

En entrevue à l’émission Les coulisses du pouvoir, il a dit que le Canada doit réinventer son économie, comme il l’a fait après la Seconde Guerre mondiale (nouvelle fenêtre).

L’incertitude économique causée par la guerre tarifaire avec les États-Unis est en partie à blâmer pour des dépenses plus importantes que prévu, selon le gouvernement.

Le premier ministre Mark Carney doit d’ailleurs rencontrer le président américain Donald Trump, mardi, à la Maison-Blanche, dans l’espoir de marquer des avancées dans les négociations entre les deux pays afin d’obtenir un assouplissement, notamment sur les tarifs imposés sur les secteurs de l’acier et de l’aluminium (nouvelle fenêtre).

Cette nouvelle peut être consultée en chinois sur le site de RCI.