Jorge Martín Frías est député européen VOX et directeur de la Fondation Disenso. Dans son travail politique, il s’est concentré sur l’un des problèmes structurels de l’économie européenne : la bureaucratie excessive qui limite la compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME). Sa proposition, récemment débattue et approuvée à Bruxelles, vise à simplifier le cadre réglementaire et à alléger la charge qui pèse sur les entrepreneurs, contrairement à un système qui favorise aujourd’hui les grands oligopoles.

Dans cette interview donnée à Javier Villamor pour The European Conservative, traduite par nos soins, Martín Frías explique comment le labyrinthe réglementaire a étouffé le secteur productif et réfléchit aux conséquences sociales et politiques d’un modèle conçu par les institutions européennes. Il avertit également que le même schéma de contrôle qui touche les PME pourrait se reproduire dans un domaine émergent et crucial comme l’intelligence artificielle.

Il offre ici des éléments clés pour comprendre le carrefour actuel de l’Union européenne, divisée entre ceux qui réclament plus de liberté économique et ceux qui, au sein de la Commission, continuent de défendre un modèle centralisateur basé sur la réglementation et le contrôle.

L’une de vos propositions visant à réduire la charge bureaucratique pesant sur les PME a récemment été approuvée. Quelle est votre évaluation à ce sujet ?

Jorge Martín Frías : L’intention de VOX, et par conséquent de Patriots [for Europe], est de remplir le mandat pour lequel nous nous sommes présentés aux élections : supprimer toute la bureaucratie et la réglementation qui étouffent l’industrie, les petites entreprises et, en fin de compte, le contribuable européen. Ce qui est important, c’est que, pour la première fois, nous avons réussi à faire reculer le Parti populaire [européen] en approuvant un texte qui reconnaît les conséquences négatives du Green Deal sur les entreprises européennes. Cela montre qu’il y avait une alternative et que nous avions raison.

Pensez-vous que ce revirement du Parti populaire est sincère ou s’agit-il simplement d’une réaction tactique ?

Jorge Martín Frías : Il reste à voir dans quelle mesure on peut faire confiance au Parti populaire. Il ne le fera pas par conviction, car il manque d’idées et de principes ; il le fera parce que les sondages lui indiquent que la majorité de la société commence à subir les conséquences de ses politiques. C’est ce qui le pousse à faire marche arrière. Ce qui est clair, c’est que sans les Patriotes, rien ne bougerait.

Vous soulignez que la réglementation européenne est conçue pour favoriser les grands oligopoles. Pourquoi ?

Jorge Martín Frías : Les petites entreprises n’ont pas les moyens de maintenir des services juridiques comptant des dizaines d’employés pour faire face à un maillage réglementaire. Seules les grandes entreprises peuvent le faire. De cette manière, les réseaux d’entreprises locales sont détruits et le pouvoir économique et politique est concentré. Nous le constatons dans des secteurs tels que l’agriculture ou l’élevage : tout le monde a mis en garde contre les conséquences du Green Deal, et maintenant, personne n’assume la responsabilité. Il en résulte que ceux qui ont une plus grande capacité économique sont favorisés, tandis que ceux qui soutiennent l’économie réelle sont en train de sombrer.

Est-ce le résultat d’une erreur de calcul de Bruxelles ou d’un plan délibéré ?

Jorge Martín Frías : Les politiques de la Commission sont complètement déconnectées de la réalité et des intérêts des citoyens ordinaires. Tout se traduit par des réglementations qui ne profitent qu’aux personnes à revenus élevés. On le voit avec la voiture électrique : le marché est manipulé pour éliminer le véhicule traditionnel, des coûts inabordables sont imposés et, au final, seuls les riches peuvent accéder à ces subventions. C’est un modèle élitiste qui marginalise le citoyen moyen.

Quelle est la place du contribuable dans ce schéma ?

Jorge Martín Frías : Le contribuable européen est complètement oublié. Des décisions portant sur des millions d’euros sont prises avec son argent, souvent pour financer des projets, voire des régimes contraires aux idéaux supposés de l’Union. Il est urgent de rétablir le rôle du contribuable, qui est aujourd’hui complètement bafoué.

Votre proposition a été comparée aux réformes dites « Draghi » sur la compétitivité. Cela pourrait-il faciliter un consensus plus large ?

Jorge Martín Frías : Nous sommes d’accord sur certains diagnostics, oui, mais l’approche est différente. Draghi recherche des ajustements techniques ; nous préconisons des changements fondamentaux. Il est néanmoins positif que même les groupes opposés reconnaissent qu’il y a eu une perte brutale de compétitivité et que les politiques de la Commission n’ont pas fonctionné. Cela ouvre la porte à l’examen de nos propositions, même si nous sommes présentés comme des démons d’extrême droite.

Y a-t-il un risque de transférer ce même système de contrôle à l’intelligence artificielle ?

Jorge Martín Frías : Nous constatons déjà que la Commission souhaite appliquer la même logique bureaucratique à l’intelligence artificielle, cela ne fait aucun doute. Au lieu de créer un écosystème favorable, elle parle de limites, de tarifs et de contrôles que seules les grandes multinationales peuvent respecter. Au final, l’Europe devient une cage socialiste tandis que les États-Unis innovent et que la Chine réglemente pour renforcer son pouvoir stratégique. Ici, la réglementation est motivée par la peur, et non par un intérêt stratégique.

Peut-on donc dire que l’avenir de l’Union européenne est en jeu dans ce débat ?

Jorge Martín Frías : Sans aucun doute. Le projet ne survivra que si les exigences légitimes de bon sens que nous, patriotes, défendons sont prises en compte. Si la Commission insiste pour intensifier son programme bureaucratique et utiliser l’intelligence artificielle comme un instrument de contrôle, elle risque de détruire ce qui reste de la légitimité démocratique en Europe. Nous sommes à un moment très critique : soit la liberté et la compétitivité sont rétablies, soit nous nous dirigerons vers un modèle qui marginalise les citoyens et favorise les puissants.

Illustration : Jorge Martín Frías

[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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