Par
Paul Halbedel
Publié le
10 oct. 2025 à 16h30
; mis à jour le 10 oct. 2025 à 21h24
Ils avaient aspergé de liquide inflammable et gaz lacrymogènes des militants engagés dans la lutte contre le chantier de l’autoroute entre Castres et Toulouse et lancé des cocktails molotov sur leurs tentes ou véhicules. Six des neuf individus placés en garde à vue, mardi 7 octobre, pour avoir joué un rôle dans des violences et incendies volontaires commis à l’encontre d’opposants à l’A69 ont reconnu les faits qui leur étaient reprochés lors de leur audition. Une annonce faite par le procureur de la République à Toulouse, David Charmatz, ce vendredi 10 octobre, lors d’une conférence de presse donnée au tribunal correctionnel de Toulouse aux côtés du colonel Mikaël Petit, le commandant de la Section de recherches de Toulouse.
C’est cette unité de la gendarmerie qui a dirigé les investigations menées dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par le parquet de Toulouse en juin 2025 pour des faits qualifiés de « destructions en bande organisée, violence aggravée, et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ». Des actes ayant été commis à trois reprises, du 13 août au 1er septembre, à Verfeil et à Saïx.
Cinq exécutants et un commanditaire
Le procureur de la République précise que trois des neuf personnes arrêtées ont été mises hors de cause. « Le juge d’instruction doit recevoir aujourd’hui les six autres individus pour probablement leur signifier leur mise en examen », a-t-il poursuivi. Parmi ces six personnes figurent cinq jeunes âgés de 22 à 33 ans originaires de la région de Lyon et de Marseille.
Ce sont des exécutants qui admettent leur participation à ces faits moyennant rémunération. Ils expliquent que ces incendies ont été organisés et planifiés à la demande du gérant de la société à qui l’entreprise NGE confiait la responsabilité de la sécurité du chantier et qui servait d’intermédiaire avec les sociétés de gardiennage. Aucun de ces cinq exécutants n’était cependant employé sur le chantier.
David Charmatz
Procureur de la République de Toulouse
Interrogé sur le profil de ces exécutants et la façon dont ils étaient recrutés, le procureur a évoqué « des jeunes plutôt désœuvrés » qui agissaient « pour quelques centaines d’euros ».
Vidéos : en ce moment sur ActuDes « commandos » pour intimider les opposants
Le gérant de la société de sécurité est donc la sixième personne toujours mise en cause dans cette affaire. « Il a reconnu son implication dans l’organisation de ce que l’on peut appeler des commandos », indique le procureur au sujet de cet homme âgé de 51 ans, ayant un « casier judiciaire ancien, mais pour des faits sans commune mesure avec ceux qui lui sont reprochés aujourd’hui ».
Il est, selon les dires des exécutants, celui qui a organisé et mis en place des dispositifs pour arriver à commettre ces incendies, bien évidemment, dans le but de faire pression sur les opposants, de permettre la reprise du chantier et d’intimider ceux qui voulaient s’y opposer.
David Charmatz
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Un mandat de dépôt requis contre deux des six individus
Le parquet annonce avoir requis un contrôle judiciaire contre quatre de ces « petites mains » au regard de « l’absence de casier judiciaire important et du fait de leur reconnaissance de culpabilité ». Un mandat de dépôt a par contre été demandé contre le cinquième et plus âgé de ces exécutants. Une décision que David Charmatz justifie par « le casier judiciaire éloquent » de l’individu et « sa participation à plus de faits ». Enfin, un placement en détention provisoire est aussi requis contre le gérant de la société de sécurité ayant tenu le rôle de commanditaire de l’ensemble de ces actions violentes.
L’ensemble de ces individus doivent maintenant être présentés à un juge d’instruction d’ici la fin de la journée. C’est ce dernier qui décidera de donner une suite favorable ou non à ces réquisitions.
Pas de placement en détention provisoire
Vendredi en début de soirée, on apprenait des services du procureur de la République de Toulouse que le commanditaire de ces actions et le plus âgé des exécutants avaient finalement été placés sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction qui n’a donc pas suivi les réquisitions du Parquet.
D’autres personnes impliquées ?
Le procureur de la République précise enfin que l’enquête et les investigations de la gendarmerie vont se poursuivre afin de continuer à faire toute la lumière sur cette affaire.
L’objectif de la justice est de savoir si les intéressés ont eu des complices. Il y a très certainement d’autres exécutants à retrouver et à appréhender. Il faut aussi savoir si ce gérant a reçu des ordres avec des complices plus haut placés. Aucune hypothèse n’est fermée et la justice s’appliquera à fermer toutes les portes dans ce dossier.
David Charmatz
Soulignons qu’à l’heure actuelle, le parquet informe qu’aucun responsable de l’entreprise NGE, constructeur de l’autoroute A69, n’a été auditionné dans cette affaire.
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