Cocaïne, fentanyl, héroïne… Le trafic de drogue génère plusieurs centaines de milliards de dollars de revenus chaque année. Les chaînes de production et d’acheminement se diversifient, tandis que les organisations criminelles qui les contrôlent sont en quête constante de nouveaux marchés.
Début septembre, Donald Trump diffuse les images d’un bateau vénézuélien frappé en pleine mer des Caraïbes. Le président américain revendique la « neutralisation » de cette embarcation qui selon lui transportait de la drogue. La marine américaine a déployé fin août plusieurs navires dans les Caraïbes pour lutter contre les cartels. Les Etats-Unis ont classé officiellement certaines de ces organisations criminelles comme terroristes. Washington entend employer la manière forte contre le trafic à destination du territoire américain, dont une part importante passe par le Mexique.
« Le premier marché de la drogue au monde, c’est les Etats-Unis. Le Mexique en est frontalier, avec 3000 kilomètres de frontières. C’est une passoire. Les cartels mexicains ont pris pied aux Etats-Unis et c’est un marché absolument énorme », explique Frédéric Saliba, journaliste et spécialiste des questions liées au crime organisé, dans Géopolitis.
Mexico a renforcé sa coopération avec Washington. En août, les autorités mexicaines ont notamment transféré à la justice américaine 26 narcotrafiquants recherchés aux Etats-Unis. Parmi eux figurent des membres de deux puissants cartels mexicains: Jalisco Nouvelle Génération et Sinaloa, réputés pour inonder le marché américain de cocaïne et de fentanyl. Cette dernière substance, un opioïde de synthèse 50 fois plus puissant que l’héroïne, est responsable de plus de 48’000 morts l’an dernier aux Etats-Unis.
Marché de la cocaïne en forte croissance
Les cartels ont déjà diversifié leurs marchés, notamment pour la cocaïne, dont la production atteint des niveaux record. Les surfaces dédiées à la culture de coca, concentrées en Amérique du Sud, sont à nouveau en augmentation depuis quelques années. « Vous avez d’un côté une explosion de la production – elle a été multipliée par deux en quelques années, notamment en Colombie – avec une drogue qui déferle sur l’Europe en raison d’un marché américain plutôt saturé. L’Europe devient une cible pour les cartels latinos. Et en parallèle à cette explosion de la production, il y a aussi une explosion de la consommation, avec des prix qui ont énormément chuté », relève Frédéric Saliba, qui a signé en 2024 le livre « Cartels, voyage au pays des Narcos » (Editions du Rocher).
L’essentiel du trafic de cocaïne passe par voie maritime, parfois dans des embarcations semi-submersibles et sans pilote. Des formes de coopération entre organisations criminelles se mettent aussi en place, comme « les alliances que le cartel de Sinaloa a déjà nouées avec des mafias italiennes », précise Frédéric Saliba. Les cartels mexicains « ont inondé l’Europe de cocaïne. Ils sont devenus les organisations les plus puissantes au monde avec les organisations criminelles asiatiques ou russes ».
Elsa Anghinolfi
Propos recueillis par Laurent Huguenin-Elie