Ils ont passé dix-huit maisons et bâtiments de Douarnenez au peigne fin pendant cinq jours : ce vendredi 10 octobre, 80 étudiants de l’école nationale supérieure d’architecture de Bretagne (Ensab), basée à Rennes, ont restitué le fruit de l’intense travail de relevé qu’ils ont mené tout au long de la semaine sur le bâti ancien dans la cité aux trois ports. Un projet inédit à Douarnenez, supervisé par six enseignants de l’Ensab, et mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat de trois ans entre l’établissement et la Ville. « Ils ont vraiment bien bossé. Il faut remettre ça dans le contexte : ce sont des étudiants de troisième année, qui ont pour la plupart 20 ou 21 ans, et c’était la première fois qu’ils devaient mener un travail de relevé aussi précis sur une telle durée », indique Vincent Jouve, architecte du patrimoine et enseignant à l’Ensab, en parcourant du regard la multitude de feuilles où les élèves ont dessiné à la main plans de coupe et autres vues paysagères.
« C’était vraiment passionnant », livre Victor, étudiant qui, avec quatre camarades, a travaillé sur le cas d’une maison sur cinq étages située rue du Grand-Port, près du Rosmeur. « C’est une maison qui avait presque entièrement brûlé avant d’être reconstruite par le propriétaire occupant actuel. C’est un professionnel du bâtiment et des travaux publics, il a lui-même dessiné les plans de la maison, choisi les matériaux, essentiellement du béton et un assemblage bois pour la charpente. C’était très intéressant de voir comment une personne avec de bonnes connaissances architecturales peut reconstruire à son image un bien dont il ne restait rien », poursuit-il.
« Travailler avec le bâti, pas contre lui »
Un cas de figure somme toute assez atypique comparé aux autres biens étudiés par les futurs architectes, dont l’un des objectifs au cours de ce travail était de déceler d’éventuelles pathologies du bâti, et de proposer aux propriétaires des solutions de rénovation. « Le bâtiment le plus ancien datait du XVIe siècle, plus récent de la fin du XXe. Désormais, le travail des étudiants, ce sera de mettre au net leurs croquis, élaborer un diagnostic sanitaire du bâti, comprendre comment s’y sentent les propriétaires ou locataires, et ce qu’ils aimeraient améliorer dans leur maison », expose Vincent Jouve.
Autre aspect essentiel du travail : les propriétaires livreront aux architectes un diagnostic de performance énergétique de leur bien, et des factures de consommation énergétique. Et ceci afin de jeter « un œil critique sur le logiciel utilisé dans le cadre des DPE, qui méconnaît complètement les spécificités du bâti ancien », selon Vincent Jouve. « Aujourd’hui, on peut avoir un bien classé F à l’issue d’un DPE et la consommation réelle équivalente à celle d’un bien classé C voire B. L’expérience de terrain montre que les différents dispositifs de rénovation conduisent à surisoler le bâti ancien, ce qui mène souvent à des catastrophes. La laine de verre, la laine de roche ou les plaques de plâtre sont incompatibles avec les bâtisses anciennes ». L’architecte entend ainsi apprendre aux étudiants « à travailler avec le bâti, pas contre lui ». Une nouvelle restitution du travail des étudiants pourrait être proposée à Douarnenez au printemps 2026.