Par

Thomas Rideau

Publié le

11 oct. 2025 à 9h00

Les divisions à gauche vont-elles déballer le tapis rouge à la droite pour les prochaines municipales de Rouen (Seine-Maritime) ? Car une guerre ouverte a éclaté il y a déjà plusieurs semaines entre la puissante fédération du Parti socialiste de la Seine-Maritime et La France insoumise. Sans oublier les écologistes, déjà partis en campagne. Bref, la gauche part aux municipales en format puzzle. De quoi fournir quelques motifs d’espoir pour la droite ?

Pour la France Insoumise, NMR est un « supplétif du gouvernement »

Entre le PS et La France insoumise, les relations sont exécrables. Et ces tensions entre les deux partis de gauche ont connu un regain avec l’arrivée de la députée Alma Dufour (LFI), élue et réélue dans la 4ᵉ circonscription, qui a secoué la scène politique locale. On peut citer l’épisode du « chantage politique » durant lequel Nicolas Mayer-Rossignol a demandé à Alma Dufour de ne pas soutenir une liste contre le PS lors des prochaines municipales de 2026 en échange de lui laisser le « champ libre » dans sa circonscription pour les législatives de 2024.

Dans le même temps, le maire de Rouen qui a basé sa campagne pour le poste de premier secrétaire du PS sur le rejet de La France insoumise, est aussi la cible de la gauche radicale. Et de Mélenchon en premier chef qui a qualifié le maire normand de « supplétif du gouvernement ». Tout en rappelant qu’il y aura une liste La France insoumise à Rouen – emmenée par Maxime Da Silva.

En un mot : il n’y aura pas de réconciliation possible entre les deux forces de gauche pour les municipales au premier, comme au second tour. Mais ce n’est pas tout. Les écologistes partent aussi dans leur couloir. Tous les ingrédients sont-ils réunis pour la droite ?

« Marine Caron, maire de Rouen ? Non, mais ce n’est pas crédible »

« Nous sommes dans une ville historiquement orientée à gauche. Il n’y a pas de risques de bascule [à droite]. S’il y avait un risque que la droite passe, on aurait déjà fait l’union [de la gauche] depuis longtemps », affirme avec confiance Jean-Michel Bérégovoy (EELV), également tête de liste pour les municipales. Pour qui le fiasco du 14 juillet a laissé des traces.

Un sondage pour les prochaines municipales

Un sondage, dont le PS est à l’origine, a eu lieu au début de l’été dans la métropole rouennaise pour prendre la température et comprendre qu’elles étaient les forces en présence à quelques mois du premier tour des municipales. Dans ce sondage, la popularité de plusieurs personnalités locales a été testée. Parmi lesquelles : Nicolas Mayer-Rossignol, Florence Hérouin-Léautey, Maxime da Silva, Emmanuel Labbé, Jean-Michel Bérégovoy, Marine Caron, Catherine Morin-Dessailly et Grégoire Houdan.

« Marine Caron, maire de Rouen ? Non, mais ce n’est pas crédible », cingle Maxime Da Silva, animateur de La France insoumise à Rouen. « Je ne dis pas qu’il n’y a aucune chance [que la droite l’emporte] mais ça me fait doucement rire », indique-t-il à 76actu avant de rappeler que La « France insoumise est la première force politique à Rouen ».

Pour lui, « c’est absolument inentendable de faire alliance avec le PS de la Seine-Maritime dont le seul point de programme de son représentant est la haine de La France insoumise. » Et d’ailleurs, il en profite pour égratigner Jean-Michel Bérégovoy dont il regrette « l’aventure égocentrique et personnelle » pour les municipales. Autant dire que l’alliance des gauches avec La France insoumise à Rouen, ce n’est pas pour tout de suite.

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« La gauche doit se rassembler »

Du côté de Valentin Rasse Lambrecq, secrétaire PS de section à Rouen, on est plus modéré. En précisant seulement « qu’il n’y aura pas d’alliance avec ceux qui brutalisent la vie politique et font du populisme. Ce qui compte, c’est quel projet, quelle vision, quelle valeur. Nous, on travaille sur le fond, on a un bilan ». Par rapport à la question des alliances, il rappelle que si « une dynamique est enclenchée à Rouen, c’est parce que le maire est aussi le président de la Métropole. Et qui est en capacité d’être à la Ville et la Métropole ? C’est nous. »

Face aux écologistes, aux Insoumis et le Parti socialiste, ce sont les membres du Parti communiste qui tirent la sonnette d’alarme et notent par le biais de Manuel Labbé (PC), adjoint au maire : « Il va falloir bien analyser la reconstruction de la droite à Rouen. Une droite qui se radicalise. Et dans une équation à trois avec une liste centriste menée par Marine Caron, le gauche doit se rassembler. »

La droite veut y croire

Marine Caron (Horizons), justement, sent peut-être qu’il y a un coup à jouer. « Le rassemblement, c’est la première et la plus belle de nos victoires. Et ce n’est pas seulement celui du centre et de la droite, c’est aussi celui des socio-démocrates, des déçus de la majorité de gauche, de ceux qui ont cru et qui n’ont rien vu, mais également celui des citoyens. Ce rassemblement, c’est inédit, cela fait 25 ans qu’on ne l’a pas vu », a-t-elle lancé lors de son entrée en campagne. La droite va-t-elle passer dans un trou de souris dans la capitale normande, solidement ancrée à gauche depuis l’élection de Valérie Fourneyron en 2008 ?

Reste une inconnue (de taille) : Nicolas Mayer-Rossignol va-t-il se représenter ? Le scénario a été testé à travers un sondage cet été. Mais le résultat n’a pas fuité. « Quand on ne fait pas fuiter un sondage, on sait tous ce que ça veut dire », veut croire un membre de la majorité rouennaise hors PS. Reste aussi la question de la santé de l’édile, qu’il a rendu public il y a un an, et qui pourrait peut-être influer sur sa décision.

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